L’administration au Mali tente vainement de se frayer un chemin dans ce vaste désert de problèmes auxquels elle est confrontée. Ils ont pour noms : Les retards chroniques, l’absentéisme acéré, la nébulosité des secrétaires, le favoritisme, le népotisme, le clientélisme, la corruption implacable et autorisée, le manque des ressources humaines de qualité ou peu qualifiées, la vétusté criarde des locaux, la caducité des moyens mis à la disposition des travailleurs, et le manque cruel de communication visant à orienter les usagers.
Il suffit de faire le tour de l’administration malienne pour se rendre compte de la duplicité des secrétaires en général des femmes qui sont les portes d’accès à leurs patrons. Les usagers sont obligés de prendre leur mal en patience s’ils ont besoin de voir les responsables du service. Ils sont heureux, détendus et gâtés si la secrétaire daigne les recevoir avec le sourire. Sinon, c’est avec une mine renfrognée qu’elle les accueille, souvent après les avoir fait poireauter des minutes durant. Concentrée sur son téléphone la plupart du temps, elle entend à peine la porte sonner et ne remarque même pas une présence humaine à ses côtés.
Si elle accepte enfin de vous adresser la parole, c’est pour vous balancer à la figure des propos du genre, le patron ne reçoit pas aujourd’hui, il est en réunion ou il est très occupé.
Il nous a fallu faire une petite enquête pour apprendre que les secrétaires de façon générale refusent aux usagers de voir leurs patrons pour plusieurs raisons.
Si parmi les visiteurs du jour il y a des femmes, la chance pour elles d’avoir accès au chef est très minime. Et pour cause, elles peuvent venir le draguer ou lui soutirer de l’argent. Toute chose que la secrétaire n’accepte pas du tout. Aimerait-elle son patron jusqu’à en être jalouse ? Pense-t-elle que les sous que ce dernier distribue aux visiteurs devrait lui revenir ?
Il arrive aussi que madame la secrétaire prenne de l’argent avec les gens pour leur faciliter l’accès au boss.
Au Mali, on aura tout vu. Conçus pour travailler en toute sérénité, les bureaux de l’administration se sont transformés en grins où on cause de tout et rien. Généralement pourvus de téléviseurs et de décodeurs, ils se sont mués en de véritables salles de cinéma surtout quand le patron est absent ou en voyage. Sa secrétaire, ses parents et amis y font la fête à longueur de journée.
De tout temps ces bureaux sont devenus de vrais marchés où tout se vend et s’achète. Il suffit que le patron ait le dos tourné pour voir défiler les vendeuses et les vendeurs d’articles divers : Encens, pagnes, tissus, parfums, jus de citron, lait, tasses, tapis, perles, atchéké, médicaments. La liste n’est pas exhaustive.
Avec tout le respect que nous avons pour les secrétaires dont certaines sont irréprochables, il faut que ces comportements cessent sur les lieux de travail. L’image de notre pays en dépend.
Prosper Ky
Source: Le SOFT