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ADIEU “EUSO” : L’émouvant hommage de Mamadou Kaloga à feu Sadia Cissé

Mamadou Kaloga, éminent journaliste sportif, connaît feu Sadia Cissé comme la paume de sa main. A l’occasion des obsèques de l’ancien joueur emblématique du Djoliba et de l’équipe nationale, il a donné à voir les qualités humaines, professionnelles, sportives du défunt. Ci-dessous, le témoignage de Kaloga sur la vie terrestre de Sadia, qui a ému l’assistance ce 26 mai 2023.

Il me revient d’assumer une tâche à laquelle je ne suis pas préparé : parler d’un défunt, surtout un illustre défunt, un ami “Sadia Cissé”. Un mage, un sage trouvera un sens mythique à cette appellation : 5 lettres Sadia pour le prénom, 5 lettres Cissé pour le nom. Le chercheur pourrait y trouver d’autres mystères. Arrêtons ici nos recherches pour pleurer un être cher à nous tous.

Sadia, cher à nous tous et à la “gent” Cissé, est une personne à découvrir. Je dis bien à découvrir, car depuis l’annonce de sa disparition physique, ses bienfaits, ses actes de grande portée sociale, humaine sont exposés et divulgués. On découvre d’autres qualités méconnues. Il devient “Eusebio” pour certains, Bakoroba pour les plus jeunes, ou encore Maraka.

J’ai compris que pour parler de Sadia, il faut renverser totalement ce que nous savions de lui, revoir ses attitudes, son comportement, chercher à déchiffrer son langage pour comprendre ses idées. En un mot : le décoder. Il change de personnalité afin de s’adapter à l’interlocuteur de l’heure.

Le point commun entre tous reste la profondeur de sa sagesse, ses attitudes, son comportement, chercher à déchiffrer son langage, pour le comprendre ; en un mot le décoder. Il change de personnalité afin de s’ajuster à l’interlocuteur de l’heure. Le point commun entre tous reste toujours sa mansuétude qui domine ses propos.

Avec chacun de vous, chacun de nous, il devient un autre avec une relation particulière, ce qui fait qu’avec chacun de nous, il devient un autre avec une relation particulière, ce qui fait qu’avec chacun de nous, chacun de vous, il devient un autre être, une relation particulière, un autre individu.

C’est après son décès, un repensant à nos entretiens et causeries qu’est apparue la profondeur de ses gestes, de ses paroles. C’est comme si je saisissais maintenant seulement son langage, la profondeur de son langage, que nous ignorions qui il était, que nous les découvrions. La source de tout ce qu’il a été de son vivant ne peut se trouver que dans sa famille.

La famille, le moule, un monde où se façonne l’individu. La famille, le creuset qui modèle avec de solides racines dans un environnement propice, la famille formatrice de l’individu. En regardant de près, la vérité nous éblouit, la bonne graine se développe et devient l’arbre que tous nous admirons.

Sadia a été cette graine, semblable à tous les autres de la même famille avec quelque chose de plus. Doté d’une intelligence précoce, il a franchi allégrement toutes les étapes scolaires, universitaires avec à la paire un enseignement islamique sans une forme dogmatique.

Durant ses années d’adolescence, de jeunesse toutes les portes s’ouvraient devant lui pour accéder au cercle tant convoité de l’élite et n’a jamais été grisé par les réussites. Au sommet de la société dans une enfance heureuse, il est demeuré conscient de la condition humaine. Sadia a su vivre dans la condition humaine, respectant l’étiquette des salons de la haute classe tout en respectant ceux qui n’ont pas en sa chance avec une condition meilleure.

Il était à l’aise avec les deux conditions sociales, avec leur équité, et également à l’aise avec ceux qui sont restés bloqués au bord de la route à cause des aléas de la sélection naturelle. Vous êtes nombreux aujourd’hui ici, vous ses compagnons aujourd’hui, vous de l’élite, à le pleurer avec sa famille, tout comme ces infortunés camarades avec lesquels il a maintenu de très bonnes relations ménageant leur orgueil.

Sadia a toujours su mener parfaitement sa double vie de sportif et de haut cadre, le sportif et le responsable. Sadia a surtout, comme tout enfant, joué au ballon de football avec ses camarades de quartier, Ouolofobougou, où le Racing club avait ses bases.

Sadia a joué d’abord junior au Djoliba AC. Il a rapidement intégré l’équipe première du Djoliba AC en 1964 et son physique et son talent lui ont permis de jouer longtemps au Djoliba AC et en équipe nationale du Mali. Sadia a eu une longue et brillante carrière de footballeur. Il a surtout évolué de longues années sans jamais être expulsé du terrain ; il n’a jamais eu de dispute avec un adversaire, encore moins avec un coéquipier, un camarade de jeu.

Aussi avait-il le respect de tous les footballeurs, mais aussi des dirigeants et des supporters d’autres clubs. Comme joueur, Sadia était un virtuose, un orfèvre du ballon. Grâce à sa technique variée (roulette ou semelle, râteau… et j’en passe), il arrivait toujours à se tirer des difficultés et à délivrer de bons ballons à ses partenaires.

C’était le régulateur du jeu du Djoliba AC, intelligent, voire malicieux, il avait une bonne lecture du jeu et le sens de l’anticipation. Son apparente indolence était compensée par une vitesse d’exécution remarquable. Puissant, Sadia s’est révélé comme un spécialiste des coups francs et penaltys.

Et pour le Djoliba AC, auquel il est resté fidèle, et pour le Mali, Sadia a joué un football avec réflexion et générosité. De milieu défensif, il a terminé sa carrière comme arrière central. Pour la petite histoire, il n’a versé des larmes qu’une seule fois sur le terrain, après le but victorieux en finale de la Coupe du Mali en 1978. Il a pensé ce jour à son président Tiécoro Bagayoko incarcéré.

Diplômé de l’ENA, il commençait sa carrière à la Somiex où il a été directeur commercial, directeur financier, responsable marketing. Sadia a toujours prôné la paix, l’entente partout où il a été. Sa première tentative avec succès a été son jubilé où il a réussi un coup de maitre resté dans l’histoire : regrouper le Djoliba et le Stade, deux clubs emblématiques antagonistes notoires.

Pour la circonstance ce jour, le Djoliba AC a porté les couleurs du Stade, tout blanc vêtu et le Stade en maillot tout rouge. Seul Sadia pouvait réussir cette prouesse dans un stade Omnisports qui a en la plus grande affluence de son histoire.

Pour la petite histoire, le Djoliba AC a bénéficié d’un penalty et le meilleur tireur Sadia, ce jour a raté son coup. Moi, je dirais plutôt que Sadia n’a pas voulu marquer, car c’était son jubilé ; ensuite, il ne voulait pas de vaincu ce jour.

“Euso” ou “Eusebio”, Bakoroba, certains des surnoms qu’on lui a donnés en retour de sa propension à identifier ses proches. Il était “Maraka” lui qui a perçu très tôt la misère de certains anciens footballeurs parfois minés par la maladie. Il les aidait discrètement et avait applaudi à la création de l’Unafom qui, pour lui, serait un élément d’aide aux démunis. Malheureusement, le vice de la discorde mine cette union et les derniers instants de sa vie ont été dédiés à la recherche de la paix, de la générosité au sein de l’Unafom, au sein de la famille du football. “Unissez-vous, vivez en harmonie, en paix !” ont été ses derniers mots.

Il a été un précoce dans sa lutte humanitaire et il a appris cela d’abord dans sa famille où il a assumé des responsabilités quant à l’heure où ses ainés étaient à l’étranger pour des études, lui resté au pays en l’absence de ses aînés, il a pris en charge les besoins de la famille.

Très tôt, il a été à l’école de la vie sociale, humanitaire. Cette épreuve a soudé plus les Cissé, famille exemplaire, qui lui a permis de renforcer encore les liens de sang, de fraternité. En toute intimité, toute la famille éprouve pour lui un profond sentiment de respect et le pleurer en silence.

Dors en paix Sadia, tu es un géant !”

    Mamadou Kaloga, Journaliste sportif

Source: Aujourd’hui-Mali

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