Recalés ou bien n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école, ils ont décidé de se lancer dans le commerce, de façon dangereuse, en déambulant entre les véhicules et en recollant aux feux tricolores. Pour gagner leur vie, ces jeunes s’exposent à la mort.
Le commerce ambulant prend de l’ampleur dans les grandes agglomérations et Bamako ne fait pas exception à la règle. Depuis un certain temps, il est devenu l’activité principale de certains jeunes. Ceux qui évoluent dans ce secteur sont généralement les recalés de l’école ou ceux qui n’ont été pas scolarisés. Ils peuvent être originaires de la capitale comme de l’intérieur du pays. Surtout, ceux qui ont fui les travaux champêtres. Abdoulaye Coulibaly (un recalé au DEF) et Karim Keïta (un fuyard des travaux champêtres) se sont prononcés dans le micro du journal « Le Pays ». « J’étais à l’école, je n’ai pas pu passer au DEF. J’ai alors décidé de laisser les bancs. Je prends des produits avec des grossistes à Dabanani et les vends pour avoir des bénéfices. Et avec cet argent, je parviens à survenir aux besoins de ma famille », explique Abdoulaye. « J’étais cultivateur dans la région de Ségou. Ce n’est pas du tout facile pour moi et c’était vraiment dur. J’ai décidé de laisser tomber et je suis venu dans la capitale pour chercher de l’argent. Je me suis lancé dans le commerce ambulant et ça marche pour moi », nous confia Karim Keïta.
En effet, ces jeunes ambulants qui occupent les trottoirs travaillent avec les grossistes. C’est avec eux, qu’ils prennent des articles pour les vendre afin de gagner leur pain quotidien. Néanmoins, cette activité constitue un risque pour ces jeunes et pour les usagers de la route. Article à main, ils faufilent entre les véhicules, s’exposant aux accidents de la voie publique.
Le constat est quotidien, ces jeunes vendeurs qui sont partout dans la ville de Bamako, envahissent la circulation. Leurs zones de forte concentration sont les alentours des feux tricolores, les tronçons où les embouteillages sont très fréquents. Une source de préoccupation pour les forces de sécurité. Surtout quand on voit que ces jeunes sont encouragés par certains usagers qui leur achètent des produits dans la circulation. La route est- elle un espace d’échange ? Ce phénomène doit-il être encouragé ? Telles sont des questions souplesses qui mériteraient d’être posées, par chacun d’entre nous.
Pour ces jeunes qui sillonnent, en tous cas, les rues de Bamako, le choix semble fait. Le commerce pour gagner sa vie, puisqu’il n’y a pas de sot métier. Mais, ce travail qui constitue aussi une phase d’apprentissage expose ces adolescents aux accidents de la circulation et les affres de la mauvaise compagnie. Reste à savoir, si leurs parents ou leurs familles qui sont leurs principaux soutiens connaissent l’emploi du temps de leurs jeunes protégés.
Aliou Agmour Touré