« Cette formation est sortie d’un état des lieux que nous avons fait sur le terrain. Nous avons constaté lors de nos activités que les populations, les communautés ont une interprétation différente des différentes parties de l’accord et cette interprétation varie selon que l’on se trouve dans une zone CMA ou une zone Plateforme. En collaboration avec la MINUSMA nous nous sommes dits qu’il serait bien de trouver des acteurs locaux sur le terrain qui puissent donner une compréhension commune à ces communautés » a déclaré Abdel Kader Sidibé, Représentant du Centre pour le dialogue humanitaire, pour justifier l’initiative de cette formation des formateurs. Destinée aux représentants des parties signataires de l’Accord, à savoir la CMA, la Plateforme et le Gouvernement, la formation s’est tenue du 2 au 5 novembre 2015.
Elle était organisée par les sections Médiation et Droits de l’Homme de la MINUSMA, en partenariat avec le Comité national de coordination de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le Comité de suivi de l’accord et le Centre pour le dialogue humanitaire. Une vingtaine de personnes y ont pris part et doivent servir de relais pour former d’autres groupes cibles sur le contenu de l’Accord.
A l’ouverture de la session, Koen Davidse Représentant spécial adjoint de la MINUSMA en charge du volet politique de la Mission rappellera que « l’établissement d’une paix pérenne, ne peut se réaliser que si des femmes et des hommes de bonne volonté se mobilisent et se fédèrent autour d’un Accord qui fait du sens ». Cette formation des formateurs met l’accent sur les droits de l’Homme et les mécanismes de justice de transition de la justice transitionnelle, dont la maitrise par les participants leur permettra de faire une bonne sensibilisation auprès des populations.
Les thèmes traités au cours des quatre jours ont porté sur la contextualisation de l’Accord pour la paix et la réconciliation à travers le processus de paix de Ouagadougou en juin 2013 puis celui d’Alger, la structure de l’Accord et les compromis a la base, le cantonnement, l’intégration et le DDR, la réorganisation des forces armées et de sécurité et leur redéploiement.
Pour faire le tour complet de l’Accord, d’autres thèmes ont été abordés et portent sur la place des droits de l’homme au sein du processus de négociation, les violations et abus commis depuis le début de la crise, la recherche de la vérité, les mécanismes de compensation financière, la présentation du mandat de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, les problèmes de reconstruction et de développement des régions du Nord.
Il s’agit donc là d’autant de thèmes et concepts que les participants doivent s’approprier en vue de les restituer, dans les langues appropriées à leurs communautés. Première du genre, la formation aura permis aux participants d’avoir une meilleure connaissance du préambule, des principes de base et des quatre titres généraux contenus dans l’Accord, ainsi que les annexes qui sont une partie intégrante du document.
M. Sidibé du Centre pour le dialogue humanitaire insiste sur le caractère inclusif de l’Accord en ces termes : « Nous pensons qu’au sortir de cette session de formation, ces formateurs seront en mesure de donner la formation au niveau de la base et au-delà du Nord il faudrait aussi prendre en compte le Sud, parce que l’Accord de paix n’est pas seulement pour le Nord, c’est un Accord de paix et de réconciliation nationale qui prend en compte les composantes au Sud, les collectivités au Sud ».
Pour Hawa Maiga de la Plateforme, « ce qui a surtout retenu mon attention durant ces quatre jours de formation c’est que les jeunes de la Plateforme et de la CMA se sont retrouvés dans une même salle pour discuter de l’Accord…Il y a des mois de cela on ne pouvait même pas imaginer que cela pourrait arriver »… Mazou Ibrahim Touré participant à la formation au nom de la CMA attend beaucoup de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation nationale en termes de recherche de la vérité et de dédommagement des victimes, ce depuis 1960.
L’accord pose en prémisse le respect des droits de l’homme et la mise en place des mécanismes de justice de transition, ce qui est en partie réalisé avec la désignation effective, le 14 octobre 2015 des membres de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, une structure chargée entre autre de restaurer la cohésion nationale.