C’est pour le moins une bouffée d’oxygène pour la République en bute à de nombreux problèmes que cet accord intervenu ce 18 mai 2019 entre des protagonistes naguère remontés à bloc les uns contre les autres.
L’accord né des négociations ardues entre le Gouvernement, à travers le Ministère de l’Éducation Nationale, et les syndicaux enseignants, a été, certes, arraché au forceps, mais avec bonheur et dans un esprit de fair-play qui a surpris plus d’un. Il ne s’agit ni de victoire des uns, ni de l’échec des autres. C’est tout simplement le dialogue social qui a triomphé, si l’on se remémore l’inutile bras de fer qui semblait servir d’unique méthode jusqu’à l’évènement du 18 avril passé. Un mois, jour pour jour, après la démission forcée de Soumeylou Boubèye Maïga du poste de Premier Ministre, voilà que la République reçoit des syndicats enseignants, son plus beau cadeau du mois de Ramadan, juste à environ deux semaines de la fête de l’Aïd fitr.
Pour en arriver à ce bon compte, il a fallu en amont l’accord politique intervenu entre le Gouvernement et certaines organisations politiques opposées ; ce qui a permis une accalmie propice pour se parler de manière à pouvoir transcender les antagonismes que l’on croyait définitivement irréductibles. Si le Gouvernement peut pousser un ouf de soulagement, c’est l’ensemble de la nation qui respire grandement à la perspective heureuse de voir s’éloigner résolument le spectre d’une année blanche tant redoutée.
En effet, autorités politiques, enseignants, parents d’élèves et élèves ont des motifs de se réjouir. L’école doit ouvrir normalement ses portes ce lundi 20 mai, au grand soulagement de tous. Reste à savoir si les enfants de l’école publique ne souffriront pas d’un retard sur leurs camarades des écoles privées qui, eux, n’ont pas connu les arrêts de cours, malgré quelques perturbations enregistrées çà et là. L’autre crainte est de savoir quel degré de validité les évaluations prochaines accorderont aux résultats qu’obtiendront les enfants qui reprendront les chemins de l’école ce lundi.
Il faut relever que la victoire est si commune à tous que c’est l’esprit républicain qui a prévalu. Cela fut grâce à l’engagement non seulement des notabilités coutumières et religieuses, mais aussi grâce à l’implication des vieux enseignants et expérimentés syndicalistes qui ont, en quelque sorte, repris du service au nom du salut de l’avenir de la patrie. Tout autant la preuve a été faite que lorsque l’on a un Gouvernement responsable qui a les coudées franches pour mener ses actions, le dialogue social devient facile; rien ne pèse plus lourd que le respect du vis-à-vis dans des circonstances heurtées.
Il faut, enfin, noter que l’engagement personnel de certaines personnalités moralement crédibles et respectées est d’un poids important. Les syndicats enseignants ont ainsi tenu à féliciter Boua Simpara pour toute son ardeur à leur côté durant toutes les phases difficiles des négociations.
Vive l’école malienne !
Bogodana Isidore Théra
Source: lecombat