Le vendredi 15 mai 2015 a été marqué par la signature de l’accord de paix et de réconciliation entre le Mali et les différentes parties prenantes de la crise qui agite notre pays depuis plusieurs années. Presque une année et demie après ce compromis, le phénomène de l’irrédentisme et du djihadisme continue à faire couler du sang. Et la France est toujours indexée.
D’abord, on se rappelle, la fausse note de la cérémonie de signature de ce document issu des négociations d’Alger fut marquée par l’absence des responsables de la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA). Du coup, la mise en œuvre de ce énième accord ne pouvait qu’être longue et parsemée d’obstacles.
Au lendemain même de cet événement, plusieurs actes de sabotage avaient été menés en vue de mettre en échec cet accord du 15 mai 2015 à l’image de tant d’autres signés antérieurement. La seule note d’espoir susceptible de faire aboutir ce compromis à même d’arrêter l’effusion du sang consistait, sans doute, à maintenir la pérennité de la mobilisation des organisations de la société civile malienne appuyée par une volonté politique inébranlable.
En effet, ceux qui prétendent accompagner le Mali comme la France et certains organismes onusiens sont ceux là-mêmes qui torpillent le processus. Ce fait n’est pas nouveau, et encore une fois, plusieurs éléments indiquent que l’histoire est sur le point de se répéter dans notre pays. À titre de rappel, les accords de Tamanrasset signés le 06 janvier 1991 sous l’égide de l’Algérie portent plusieurs points rebondissant dans celui de 2015.
Il s’agit notamment de la reconnaissance de l’intégrité territoriale, du cessez-le feu et de la libération des prisonniers, du cantonnement des éléments rebelles, de l’allègement des dispositifs de l’armée dans les régions du nord, de l’intégration des éléments armés au sein de l’armée nationale dont les conditions sont à déterminer, de l’accélération du processus de décentralisation, de l’affectation aux régions septentrionales de 47,3¨% des crédits du 4è programme d’investissement entre autres. De tout temps, on a constaté que les mouvements (armés par qui ?) s’en fichent de respecter certains points de l’accord notamment la libération des prisonniers et la cessation des hostilités.
Ainsi, selon un rapport, du 15 mai 2015 à nos jours, ils ont mené plusieurs attaques assorties de bilans toujours tristes auxquels s’ajoutent le rapt de personnes, le vol de véhicules et beaucoup de dégâts matériels. À preuve, avant le coup de force du (CTSP d’ATT en mars 1991), l’un des principaux mouvements de l’époque comme le Front islamique des arabes de l’azawad (FIAA) dont faisait partie Zahabi Ould Sid Mohamed (ancien ministre de la réconciliation) s’est empressés en commettant des actes horribles.
Or, la cause de cette situation c’est que le Mali était économiquement épuisé car il venait juste de mener les reformes imposées par le Programme d’ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI). Pis, les partenaires au développement qui s’étaient engagés pour accompagner ce processus, si cher à notre pays, ont tout fait pour le saboter en refusant d’honorer pleinement leur part du contrat.
Ce qui a fait que cet accord de 1991 fut aussi un fiasco dès sa conception et la transition, période de vulnérabilité, s’affichait en terrain propice de prolifération d’autres mouvements rebelles. Ainsi, les actes criminels ont continué comme pour s’étendre à d’autres régions. Du 06 juin au 25 septembre 1991, 43 attaques ont été enregistrées pour un bilan de 61 morts, 67 blessés, 13 disparus, environ 4 000 têtes de bétail emportées et 7 véhicules volés.
À l’époque, l’Etat malien a été esseulé par les organismes internationaux et la France. Pour enfoncer le clou, on a encouragé les bandits armés en disant que Bamako ne fait rien pour le développement des régions du nord. Les mêmes actes de sabotage se sont répétés avec les accords qui ont suivi.
A la faveur du Pacte national signé le 11 avril 1992, le Mali en quête de paix est allé plus loin surtout avec l’idée de conférer un statut particulier au nord dont les grands principes sont contenus dans la loi 93-008/PRM du 11 février 1992 fixant la libre administration des collectivités territoriales. Pendant sa phase de mise en œuvre, les autorités de Bamako ont rapidement fait ce qu’elles ont pu comme le respect du cessez-le-feu, l’intégration progressive de plusieurs milliers d’anciens rebelles dans l’armée, la poursuite des opérations du rapatriement des déplacés en Mauritanie au Burkina Faso et en Algérie, la création d’un fonds de développement et de réinsertion ayant permis la réalisation de plusieurs projets au nord.
Mais les mouvements armés n’ayant jamais respecté leurs engagements, les exactions et défiances ont continué. Même la cérémonie fastueuse organisée à Gao par le président Alpha O Konaré dite ‘’La Flamme de la paix’’ au cours de laquelle l’Etat a manifesté sa volonté d’aller vers une paix définitive en détruisant des armes, n’a rien changé dans leur attitude. Malgré tout, c’est le gouvernement qui fut mis sous le feu des critiques de l’opinion internationale pour sa prétendue nonchalance dans l’exécution de ce qui a été convenu.
Finalement le Mali a demandé une autre médiation de l’Algérie qui a abouti à l’accord d’Alger de 2006 avec beaucoup de compromis tels l’amorce d’un processus accéléré de la libre administration des régions du nord, la mise en place des militaires locaux au compte de l’armée, la réorientation de la gestion du fonds pour le développement du nord pour ne citer que ces points.
Comme il fallait s’y attendre, les irrédentistes en se tablant sur d’autres promesses venant de l’extérieur se sont figés sur leur volonté de maintenir les doigts sur la gâchette. C’est ainsi que Bahanga se permettait même de défier ouvertement le président ATT affirmant que «la mauvaise volonté» de celui-ci faisait que la rébellion continue. Rappelons au passage qu’en 2011, les combines entre le Mouvement national de libération de l’azawad (MNLA) et l’ancienne ou néo puissance coloniale sont sorties de l’ombre.
À preuve, c’est sous le prétexte de la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) que les agresseurs du Mali ont été lourdement armés. Le sanguinaire Iyad AG Aly a été dorloté en tant que négociateur pour la libération des français pris en otage par ses frères d’arme. Les soi-disant pays de droits de l’homme ne finissent pas de sidérer le monde et l’échec programmé de l’accord d’Alger de 2015 en est une illustration.
Dès sa signature le vendredi 15 mai, les présages d’une difficulté ultérieure se sont manifestés à commencer par la fameuse joute oratoire entre le président IBK et Hervé Ladssous, à l’époque, chef des opérations des missions de l’ONU. En effet, trois des quatre points exigés par ce dernier au nom de Ban Ki Moon (secrétaire général de l’ONU) constituent déjà une violation de certains textes inscrits dans le document.
Il s’agit notamment des propos laissant entrevoir la possibilité de la tenue d’autres dialogues avec les récalcitrants, la mise en garde du Mali par rapport à une attaque ultérieure de l’armée contre ceux qui refusent de signer l’accord et l’ouverture des portes à ces derniers jusqu’au moment voulu par eux. Pourtant, le gouvernement s’est engagé pour la mise en œuvre de cet accord dans un délai bien précis. Si on impose d’attendre on finira encore par accuser Bamako d’immobilisme et on retournera à la case départ.
Quant à la violation du cessez-le-feu, c’est la partie gouvernementale qui est toujours blâmée. En outre, le désarmement et la démobilisation ne seront pas faciles dans la mesure où les forces françaises et leurs alliés rebelles continuent de collaborer sur le terrain. Au même moment, on s’évertue à ce que le MNLA reprenne l’occupation de Ménaka anéantissant ainsi tous les efforts consentis dans le cadre de la réconciliation.
À preuve, ses combattants ont accentué leurs activités en pillant et terrorisant les habitants du nord dont certains sont enlevés pour être exhibés par la suite comme des otages et remis à la MINUSMA. Par ailleurs, la déception semble grande, comme d’habitude, quant aux promesses d’aide financière. En somme, sans une mobilisation durable des Maliens et de leurs partenaires la mise en œuvre de cet accord du 15 mai 2015 est et demeure compromise.
La Rédaction