La mise en œuvre de l’accord intermalien d’Alger semble encore buter sur des obstacles que les acteurs n’arrivent pas à surmonter, donnant ainsi lieu à des accusations mutuelles entre les deux parties maliennes sur le blocage du processus.
La médiation et le comité de suivi haussent le ton et invitent les “protagonistes” à mettre en branle la démarche pour l’instauration de la paix et de la stabilité. Après le chef de la Minusma, le comité de suivi, le ministre de la Défense malien, Tiéman Hubert Coulibaly, a rappelé, mardi, l’urgence de procéder au cantonnement des éléments des groupes armés, comme stipulé dans l’accord d’Alger, comme une première étape devant amorcer la mise en œuvre des mécanismes prévus, notamment les patrouilles mixtes dont la mission aura un indéniable impact sur la situation sécuritaire que le statu quo actuel a favorisé, la recrudescence des attentats terroristes, l’instabilité et le retour dans le fief des groupes qui se sont éclipsés après l’intervention française.
D’où l’appel de M. Tiéman Hubert Coulibaly au cantonnement urgent des groupes armés. De leur côté, les groupes armés du Nord accusent le gouvernement de tergiverser et d’entraver par sa lenteur le processus prolongeant ainsi les souffrances des populations du Nord. Les positions qui ont mis dans la gêne la médiation et le comité de suivi ont multiplié les alertes et les mises en garde contre les conséquences dune telle situation. Une première liste de sites devant accueillir les cantonnements avait été élaborée mais n’avait vraisemblablement pas été acceptée par les groupes armés qui devront désormais faire face à la menace d’Ansar Eddine, le groupe terroriste “maison” d’Ag Ghaly qui a promis de mettre en échec l’accord et de s’attaquer à ses signataires. “Le cantonnement procède de l’accord (de paix). Son application et son respect sont plus que nécessaires par chacun et par tous”, a rappelé le ministre de la Défense qui invite la communauté internationale “à une synergie dans la lutte contre le terrorisme et les trafics de tous genres”.
Parallèlement, les groupes terroristes ont réinvesti le terrain avec l’extension des actions à des cibles civiles comme l’attestent, entre autres, les attentats de Sévaré et de l’hôtel Radisson Blu de Bamako. La revendication de ce dernier attentat par El-Mourabitoune qui signe le retour de Mokhtar Belmokhtar dans son fief couplé aux menaces d’Iyad Ag Ghaly devrait naturellement inciter les partenaires de l’accord politique à aller plus vite dans sa mise en œuvre.
D’autant plus que les groupes armés, divisés au départ, font désormais un seul bloc, donc un interlocuteur devant le gouvernement de Bamako. Menace prise au sérieux par le gouvernement qui a décidé, lundi, de proclamer l’état d’urgence pour dix jours en raison de la situation sécuritaire et pour sécuriser les fêtes de fin d’année.
Par ailleurs, le ministre français de la Défense a annoncé, mardi, la neutralisation d’une dizaine de membres du groupe El-Mourabitoune dans le nord du Mali lors de combats avec les soldats de la force Barkhane, qui ont duré près de quatre heures, rapporte l’AFP. Au terme de l’opération, les soldats français ont récupéré deux pick-up, une dizaine de motos et une quantité importante d’armements et d’explosifs.
D. B.
Source: liberte-algerie