Dans le cadre des activités commémoratives de la semaine nationale de la liberté de la presse, l’association des anciens du CESTI a organisé lundi dernier une conférence-débat sur la problématique de l’accès à l’information. Cette conférence était animée par le Doyen Diomansi BOMBOTE, journaliste de son état. Le conférencier a vigoureusement dénoncé l’omerta qui caractérise les fonctionnaires et autres agents de l’État en la matière d’accès à l’information.
Cette conférence a regroupé à la Maison de la presse, hier mercredi, les responsables d’organes de presse, les journalistes maliens formés au CESTI de Dakar, le président du Comité national de l’égal accès aux médias d’État, Abdoulaye SIDIBE ; de nombreux professionnels des médias et de la communication.
D’entrée de jeu, le Conférencier, Diomansi BOMBOTE, a souligné que l’accès à l’information était un droit inaliénable pour les citoyens. Pour faire son travail correctement, le journaliste a nécessairement besoin d’accéder aux sources de l’information. Cette exigence professionnelle a fait dire récemment à une collègue européenne que « l’accès à l’information est une nécessité ». Cette affirmation, a souligné le doyen, est en quelque sorte un corollaire de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule dans son article 19 : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quel que moyen d’expression que ce soit. »
Un constat amer
Le conférencier dit constater avec amertume que des dispositions pertinentes ne sont pas prises par les autorités publiques de notre pays pour imposer à leurs services, l’obligation de communiquer les informations dont ils détiennent dans le cadre légal de l’exercice de leurs fonctions régaliennes. Une exigence sans laquelle, de son avis, la liberté d’expression et par ricochet la vitalité de la démocratie, n’atteindront jamais leur plein épanouissement.
Pour renforcer les droits du public et donc des journalistes, il s’avère nécessaire, indispensable d’adopter des lois nouvelles traduisant l’évolution de la tendance universelle ambiante des technologies de l’information et de la communication, a-t-il préconisé. Aussi, les informations détenues par les services publics, ne sauraient, en aucune façon, être la propriété des fonctionnaires et autres agents de l’État. Rien, selon lui, ne saurait justifier l’omerta, cette règle du silence de la mafia, autour des informations qui relèvent de l’intérêt public. Bien entendu, il se pose la question cruciale de la responsabilité du journaliste qui doit être valorisé dans son rôle de représentants des citoyens.
Dans ces conditions, l’accès aux sources d’informations publiques, a-t-il fait savoir, doit être décrété comme une exigence républicaine incontournable de la part des services administratifs qui s’arcboutent parfois, pour ne pas dire souvent, avec une suffisance incompréhensible, sur des informations d’intérêt général. L’accès à l’information constitue une avancée inestimable vers la bonne gouvernance des affaires publiques.
Par ailleurs, la Convention des Nations Unies contre la corruption qui est entrée en vigueur en 2005, fait obligation aux pays qui l’ont ratifiée « à prendre des mesures pour améliorer l’accès du public à l’information » et à « accroitre la transparence des processus de 2003, décision et promouvoir la participation du public à ces processus ». D’autre part, en 2003, l’Union Africaine a adopté une convention sur la prévention et la lutte contre la corruption qui invite chaque État partie à adopter « des mesures législatives pour donner effet au droit d’accès à toute information qui est requise pour aider à la lutte contre la corruption ».
Les solutions du doyen
Pour atteindre ce niveau d’imprégnation sociétale, il est indispensable que l’éducation aux médias fasse partie des systèmes éducatifs, depuis le primaire (école fondamentale) jusqu’à la fin des études secondaires. Les programmes académiques dans les institutions supérieures de formation devraient intégrer cette dimension. Dans les administrations nationales, il faudrait susciter un réflexe naturel de diffusion de l’information d’intérêt public.
Pour sa part, le PNUD considère que le droit à l’information constitue une arme-clé pour combattre la pauvreté et accélérer le développement humain et économique. De façon générale, il faut souligner et saluer sans doute les efforts louables des Nations Unies et en particulier l’UNESCO pour le combat opiniâtre qu’elles ont engagé pour l’accès à l’information, depuis leur création au milieu des années 40. De nombreux États à travers le monde ont emboîté le pas. À ce niveau, il a pris l’exemple de la Côte d’Ivoire qui a promulgué la loi N° 2013-867 relative à l’accès à l’information d’intérêt public qui déclare : « toute personne physique ou morale a le droit d’accéder, sans discrimination, à des informations d’intérêt public et documents publics détenus par les organismes publics ».
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin