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Abdoulaye MACKO, Consultant-Chercheur: ‘‘le jour où la confession religieuse sera à la base du pouvoir politique, nous perdrons la cohésion sociale’’

Notre pays est à la croisée des chemins ! De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce-que la laïcité ? En quoi la laïcité a constitué un problème pour notre pays ? Quel a été l’apport de la laïcité dans notre pays ? Sur toutes ces problématiques, plus que jamais, chaque malien compte ; chaque opinion compte, aujourd’hui.

Dans une Contribution transmise à notre rédaction, Abdoulaye MACKO, Consultant-Chercheur, se prononce sur ces débats en cours dans notre société. De nos jours, a-t-il expliqué, nous traversons une période très cruciale de l’histoire de notre pays. Et pour cela, toutes les maliennes et tous les maliens sont interpellés. «Il faut une union sacrée pour défendre notre patrie. La Constitution de 1992 a été adoptée par un régime issu d’un renversement de pouvoir. Dès lors, il est logique de donner quitus à sa jumelle de 2023, qui sera adoptée par le régime actuel. La première ne saurait être plus légitime que la seconde», a-t-il déclaré dans son document ci-contre…

Contribution aux différents débats en cours dans notre pays
De nos jours nous traversons une période très cruciale de l’histoire de notre pays. Et pour cela, toutes les maliennes et tous les maliens sont interpellés.

1.De la question de laïcité :
De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce-que la laïcité ? En quoi la laïcité a constitué un problème pour notre pays ? Quelle a été l’apport de la laïcité dans notre pays ?
Voilà autant de questions qui peuvent nous édifier sur le contexte de laïcité.
De l’indépendance du Mali à nos jours, le législateur malien a toujours maintenu la laïcité dans nos Constitutions respectives.
Reprenons ici ce que tout le monde est censé connaître : « La laïcité implique la neutralité de l’Etat et impose l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction. La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions ».
Sans risque de nous tromper, on peut accuser tous les régimes qui se sont succédés dans notre pays, d’avoir échoué dans tel ou tel domaine à l’exception du respect de la laïcité.
Et, le législateur a vu juste. Le mot laïcité n’a pas son équivalent dans nos langues, mais son application est bien antérieure à l’arrivée des colons français chez nous ! Partout dans nos sociétés, des croyances différentes se sont toujours côtoyées dans les mêmes villages, les mêmes fractions, les mêmes tribus.
Le féticheur maitre des eaux, le marabout responsable du culte musulman, le sorcier mangeur des âmes auquel s’ajoute, après l’arrivée du colon français le prêtre maitre de l’église, se sont toujours côtoyés.
A qui la laïcité a-t-elle profité ?
Par sa contribution à la paix, à la cohésion sociale et à la stabilité dans notre pays, la laïcité a profité d’abord à l’Etat et au peuple malien.
La laïcité a aussi permis l’épanouissement des religions musulmanes et chrétiennes. Ceux de ma génération l’ont vécu !
Depuis l’indépendance en 1960, l’islam et le christianisme se sont propagés au détriment de l’animisme qui a perdu considérablement du terrain dans notre pays au fil des ans. Et, les conversions se sont réalisées volontairement, sans violence et dans la douceur. Cette situation s’est accélérée au début des années 80 et avec la venue de la démocratie en 1992. Les médias (radios de proximité, télévisions privées), les supports de communication (bandes magnétiques, cassettes vidéo) et les réseaux sociaux, y ont largement contribué.
Dieu merci, la plupart des acteurs de ces conversions à l’islam sont encore vivants. Pour les musulmans nous pouvons citer entre autres, des prédicateurs comme Soumeyla DRAME (Paix à son âme), Cheikh Bouyé HAIDARA, Cheikh Yacoub DOUCOURE à Sikasso, Cheikh Ousmane Madani Haïdara, Alkali SOUMPI et bien d’autres anciens, auxquels s’ajoutent des jeunes parmi lesquels Soufi Bilal, pour ne citer que celui-là.
L’expansion du christianisme s’est aussi réalisée à la même période. Parmi les principaux acteurs nous avons entre autres Mon Seigneur Luc SANGARE (Paix à son âme) et le Révérend Nokh YATTARA.
La plupart des guides spirituels musulmans approuvent la laïcité. En cela nous saluons, l’appel du Président du Haut Conseil Islamique, Chérif Ousmane Madani Haïdara et non moins Guide des Ançars, qui prône l’union et la tolérance des musulmans en vue d’une coexistence pacifique entre tous les maliens. C’est aussi le point de vue du Guide spirituel des Hamallistes Bouyé Haïdara, qui affirme, je cite : « la laïcité ne s’oppose pas à la religion et aux croyances. Rien dans le nouveau Projet de Constitution ne porte atteinte aux fondements de l’Islam ».

Le principal enjeu pour les musulmans aujourd’hui, est de rechercher la cohésion au sein de la ‘’Ouma islamique’’. Car de nos jours au Mali, au Nord comme au Centre, ce sont des musulmans qui fuient leurs terroirs sous la pression de Nouveaux acteurs musulmans qui prônent un islam rigoriste et peu tolérant. Alors que la tolérance est un des principes sacro-saint de l’islam.
L’exemple de nos voisins de la Mauritanie nous interpelle. Ce pays frère a connu, bien avant nous ces genres de troubles que nous traversons aujourd’hui. Les oulémas mauritaniens se sont concertés entre eux avant de rencontrer les Nouveaux acteurs qui semaient la discorde. Par le biais du dialogue et de la concertation, ils ont pu ramener la paix et la quiétude dans leur pays. C’est ce genre d’initiative salvatrice, dont nous avons besoin au Mali.
Nous attirons l’attention des uns et des autres : « Le Mali est Etat qui de par sa laïcité est multiconfessionnel. Cependant le jour où la confession religieuse sera à la base du pouvoir politique, nous perdrons la cohésion sociale, la paix et à la quiétude dans notre pays ».
2. De la question du référendum
du 18 juin 2023
La question du référendum est une préoccupation majeure pour les maliens. En toute démocratie les uns et les autres se positionnent et donnent leur opinion sur la question.
Nous avons tous vécu le fait que les trois régimes (Alpha Oumar KONARE, Amadou Toumani TOURE, Ibrahim Boubacar KEÏTA) issus d’élections démocratiques et qui jouissent de la légitimité et de la légalité ont tous échoué dans la tentative de révision de la Constitution de 1992.
Certains de ceux qui s’opposent au référendum aujourd’hui, se sont retrouvés par trois fois dans des positionnements différents par rapport à ces tentatives de révision.
Crachons le morceau : la Constitution de 1992 a été adoptée par un régime issu d’un renversement de pouvoir. Dès lors, il est logique de donner quitus à sa jumelle de 2023, qui sera adoptée par le régime actuel. La première ne saurait être plus légitime que la seconde.
La propension des maliennes et des maliens à défier constamment les institutions de l’Etat est probablement l’une de nos principales faiblesses.
On réclame le retour rapide à l’Ordre Constitutionnel, et au même moment on trouve que le référendum consacrera la partition du Mali ! Sans référendum, nous pensons que c’est le contraire qui pourra se produire, car la Constitution de 1992 ne répond pas à de nouvelles aspirations de notre peuple.
Et, de quelle manière se fera le retour à l’ordre constitutionnel, sans élections ? Soyons réalistes !
En toute lucidité, en attendant le retour effectif de la paix et de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, ce qui le rêve de nous tous, continuons à promouvoir des stratégies de développement appropriées aux circonstances d’insécurité.
En effet de 1992 à nos jours, les élections au Mali se sont déroulées çà et là dans des conditions d’insécurité. Certes, l’insécurité est une préoccupation majeure ! Cependant, il faut vaille que vaille aller aux élections, pour retrouver l’ordre constitutionnel, que réclament notre peuple et nos partenaires.
Pour clore ce chapitre, je formule une prière : Que dieu nous protège contre le pouvoir néfaste de la constitution de 1992. Une constitution maléfique, qui sème la discorde au sein de notre peuple, chaque qu’on y touche ! Ce n’est pas de la superstition mais un simple constat.
3. Du problème de la MINUSMA
La, Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a été créée le 25 avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies. Elle a pris le relais de la Mission Internationale de Soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) à partir du 1er juillet 2013. Elle se compose de 13 289 militaires.
Son rôle est d’appuyer les autorités maliennes dans la sécurisation des populations.
La MINUSMA a-t-elle joué son rôle ? Oui, selon ces responsables !
Mais ce n’est pas l’avis des citoyennes et citoyens des zones où elle opère. Les parades de la MINUSMA, dans les villes et villages agacent sérieusement des citoyens qui sont confrontés quotidiennement aux attaques terroristes.
Naturellement, ceux qui profitent de cette présence ne souhaitent pas son départ. Cependant, on doit comprendre que la MINUSMA ne doit pas s’éterniser sur notre territoire.
Aucun pays au monde ne souhaite la présence des Forces des Nations Unies sur son territoire. C’est une malédiction. Ces forces n’interviennent dans un pays qu’après un chaos, une crise sécuritaire grave due à un conflit.
Et le comble est que chaque fois que ces dites Forces perdurent dans un pays, elles cessent d’être la solution pour devenir une partie du problème. C’est le cas aujourd’hui en Centrafrique et en RDC.
Aussi, pour le départ de la MINUSMA, laissons les autorités de transition décider du moment approprié. Comme Barkhane, la MINUSMA doit partir elle aussi dans les meilleurs délais.
Après son départ, notre peuple sera désormais seul face à son destin. C’est à nous d’assurer notre sécurité, par le dialogue, la concertation et s’il le faut par les armes.
Si les forces étrangères quittent notre pays cela facilitera le retour à la paix. La paix, c’est la seule option possible, Et, on y parviendra !
Notre pays est à la croisée des chemins ! Aujourd’hui plus que jamais, chaque malien compte ! Chaque opinion compte ! Il faut une union sacrée pour défendre notre patrie.
Ne perdons plus de temps, donnons la priorité au référendum et aux élections générales, pour la mise en place d’institutions démocratiquement élues, donc investies de la légitimité populaire que nous réclamons. Aussi, arrêtons de fragiliser notre pays et ses dirigeants. Les complots qui se profilent de l’extérieur ne sont pas dirigés contre un homme ou un régime, mais contre notre peuple et notre nation.
Il faut défendre notre seul bien commun : le Mali.
ABDOULAYE MACKO
Chevalier de l’Ordre National
Président du RAMAT-parti Rahma

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