«Ce que nous faisons: nous renforçons les capacités des troupes maliennes, nigériennes, nous formons des troupes spéciales, nous apportons un soutien logistique, nous partageons nos renseignements. Nous accordons une aide substantielle: plus de 100 millions de dollars…»
Au cours de sa visite en France depuis lundi dernier, le ministre des Affaires Etrangères, Abdelkader Messahel, a multiplié les entretiens, le dernier en date ayant été accordé le 12 avril dernier au quotidien Le Monde. Bien évidemment, à des questions souvent orientées, le ministre a répondu de manière sobre et sans équivoque, de manière à éclairer les lecteurs sur la diplomatie de l’Algérie dans tous ses compartiments. Ainsi, parmi les différents sujets abordés, il a eu à se prononcer sur l’élection présidentielle de 2019 ainsi que sur la situation dans le Sahel, avec la problématique de la crise malienne, et en Syrie entre autres sujets.
Interrogé tout particulièrement sur le sort du chef terroriste malien Iyad Ag Ghali, Abdelkader Messahel a rétorqué sans détour: «Iyad n’est pas chez nous, il figure sur une liste noire des Nations unies. C’est un chef terroriste comme un autre et nous n’avons rien à voir avec lui» avant de préciser à la journaliste Charlotte Bozonnet qui lui rappelait le raid de l’armée française, à la mi-février, non loin de la frontière algérienne, contre ce «chef djihadiste malien» que «sur ce sujet, il faut interroger les Maliens, les Français».
Très pédagogue, le ministre a ensuite explicité la doctrine de la diplomatie algérienne dans la région et plus particulièrement au Mali en indiquant que l’Algérie qui a beaucoup contribué au retour de la paix dans ce pays ainsi qu’à la réconciliation nationale entre tous ses protagonistes, avec l’Accord d’Alger, sait bien qu’ «il ne saurait y avoir de paix possible» et durable «sans la volonté des Maliens eux-mêmes».
«Il n’y aura pas de solution en dehors de l’appropriation de la sortie de crise par les Maliens eux-mêmes.´´, a ainsi martelé Abdelkader Messahel avant de poursuivre que, s’agissant de l’Algérie, «notre rôle, comme celui de la France, des Nations unies, est de les accompagner. Ce que nous faisons: nous renforçons les capacités des troupes maliennes, nigériennes, nous formons des troupes spéciales, nous apportons un soutien logistique, nous partageons nos renseignements. Nous accordons une aide substantielle: plus de 100 millions de dollars en quelques années [aux pays du Sahel pour lutter contre le terrorisme]. Nous ne parlons pas beaucoup de ce que nous faisons, mais nous le faisons.» a-t-il conclu en la matière.
Interrogé sur la scène politique algérienne, le ministre des Affaires étrangères a balayé les interrogations sur le chef de l’Etat et l’appel lancé par le FLN pour sa candidature à la prochaine élection présidentielle. «Le président, a tenu à corriger Abdelkader Messahel, n’a pas paru affaibli. Il a eu, il y a cinq ans, un accident cardio-vasculaire qui lui a causé quelques petits problèmes de santé, mais le président dirige le pays. Lundi, il a été à la rencontre de son peuple. Il est très présent. Depuis son arrivée, il s’est engagé dans une oeuvre grandiose. En 1997, nous étions pratiquement en rupture. Vingt ans après, nous sommes un pays stable et sûr. Mais c’est lui qui décidera s’il souhaite être candidat, et c’est le peuple qui tranchera.» Quant à la situation qui prévaut en Syrie et en Libye, le ministre a également été aussi limpide que peu disert, en réaffirmant avec force que l’Algérie oeuvre pour la promotion de solutions politiques aux crises qui secouent certains pays arabes, «dans le cadre du respect de la souveraineté des pays et de la volonté des peuples et en dehors de toute ingérence étrangère». Abordant le volet de la lutte antiterroriste, il a averti que les victoires remportées contre les groupes terroristes dans certaines régions «doivent être appréhendées avec le risque qu’elles véhiculent concernant le retour des combattants terroristes étrangers», insistant à cet égard sur la vigilance qui doit «rester de mise» et sur la coopération internationale qu’il importe de renforcer «pour faire face à ce phénomène qui menace la sécurité des Etats».
La rédaction