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A Zambougou-Fouta, village ségovien, méthodes contraceptives cherchent utilisatrices désespérément

Jusque-là, l’usage des méthodes de contraception modernes reste encore problématique dans certaines localités rurales. Pour mieux s’imprégner de la situation, notre blogueur Ib Togola s’est rendu à Zambougou-Fouta, un village dans la région de Ségou, dans le centre du Mali.

 

Ici, à Zambougou-Fouta, les méthodes pratiquées de contraception moderne ne sont pas méconnues des femmes. Au contraire, il fut un temps où elles y avaient recours. Mais ce temps semble loin.

Celle que nous allons appeler Kadi est jeune, mariée et mère de trois enfants. L’écart d’âge entre ces derniers n’atteint pas deux ans. Elle nous confie que la planification familiale est un sujet tabou dans leur famille, à cause du conservatisme qui y règne. Son époux, quant à lui, n’a pas voulu s’exprimer sur la question quand nous l’avons abordé. Il n’est d’ailleurs pas le seul, rares sont ceux qui acceptent d’en parler.

Le triomphe des préjugés

Dans ce village d’environ 500 habitants du cercle de Barouéli, Nana Sanogo remplit l’office de sage-femme depuis un an. Ce qu’elle déplore d’emblée, c’est le manque d’informations des femmes de Zambougou-Fouta sur l’existence et l’utilisation des services contraceptifs.

Aussi, Mme Sanogo pointe-t-elle la non prise en compte des conseils qu’elle prodigue aux rares femmes qui optent pour ces services. « Depuis mon arrivée ici, j’essaie de convaincre les femmes sur les effets bénéfiques de l’utilisation des services de contraception, explique-t-elle. Je mets l’accent sur les bienfaits de la contraception pour la santé de la femme et de l’enfant. »

Ses efforts entrepris pour convaincre tant bien que mal pour recueillir une adhésion massive aux services contraceptifs des femmes, mariées ou pas, butent sur l’ampleur du prêt-à-penser sur la question à Zambougou-Fouta

Les préjugés et le manque d’informations fiables ont amené nombre d’époux à se braquer et à interdire à leurs épouses d’avoir recours aux méthodes contraceptives. Ainsi, le problème de l’espacement entre les naissances, les infections sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées assombrissent le tableau sanitaire dans ce village.

Ousmane Traoré, marié à deux femmes et père de sept enfants, n’adhère pas à la planification familiale, pas plus qu’il n’y croit. « J’ai empêché mes femmes d’utiliser les méthodes contraceptives, parce que ces choses des blancs ne m’inspirent pas confiance. J’ai entendu dire que ça peut même stériliser la femme », confie-t-il.

Cette méfiance et défiance face aux méthodes contraceptives, comme il est mentionné dans le plan d’action budgétisé de la planification familiale 2019-2023 du Mali, s’explique par le fait que les hommes sont insuffisamment informés. Ce qui fait qu’ils craignent les effets secondaires des méthodes.

Difficulté d’accès aux services

Au Mali, les difficultés d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR) sont beaucoup plus aiguës dans les localités rurales. Pourtant, depuis 2002, le pays a adopté une loi en matière de santé de la reproduction, qui autorise la planification familiale et la contraception. Cette loi est malheureusement méconnue de la grande majorité de la population, surtout en milieu rural représentant pourtant 60% de la population totale avec un taux de croissance annuelle de 2% par an.

Selon la dernière Enquête démographique et de santé au Mali, réalisée en 2018, la fécondité des femmes en milieu urbain est nettement plus faible que celle en milieu rural (4,9 enfants par femme en milieu urbain contre 6,8 en milieu rural).

En outre, l’enquête touche au phénomène de la mortalité maternelle. Elle indique qu’en 2018, 325 femmes sur 100.000 ont perdu la vie en la donnant, alors que 99% de ces cas de décès étaient évitables. L’analyse de ces chiffres prouve à suffisance la difficulté d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR).

Manque d’informations fiables

A l’instar de Zambougou-Fouta, beaucoup d’autres localités du Mali et même de l’Afrique connaissent un difficile accès aux services contraceptifs. Une situation qui nécessite l’intervention des décideurs pour appuyer les organisations non gouvernementales qui en ont fait leur cheval de bataille. Le refus d’utiliser ces services est souvent dû à une véritable incompréhension issue d’un manque d’informations fiables.

Il revient aux autorités nationales de booster et d’améliorer les campagnes de sensibilisations à travers une communication inclusive et une formation qualitative des agents de santé en matière de santé sexuelle et reproductive. Ce qui pourra contribuer à atteindre les 30% de prévalence contraceptive que le Mali s’est fixée à l’horizon 2023.

La planification familiale est un élément clé pour le développement et l’épanouissement des populations. Elle prévient contre non seulement les grossesses non désirées, les infections sexuellement transmissibles avec l’utilisation des préservatifs, mais aussi contribue au bien-être de la femme et des enfants.

En plus de cela, pour une population à moitié pauvre, l’espacement des naissances reste un des moyens efficaces de lutte contre la pauvreté.

Source : Benbere

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