À l’instar des autres organisations et mouvements de défense et de protection des Droits des femmes, l’Association de défense des Droits des aides ménagères et domestiques (ADDAD) a célébré la journée internationale des femmes le 8 mars dernier, à son siège, à Niamakoro. Au-delà des manifestations folkloriques, la Présidente nationale, Sitan Fofana, a fait le plaidoyer tout en interpellant les Décideurs à réfléchir sur le sort des Aides ménagères et domestiques.
L’ADDAD est née de cette idée : «Les Aides ménagères qui vivent dans des conditions précaires et déplorables au service des autres ont aussi des Droits. Droit à l’autonomisation ; Droit à la protection ; Droit aux journées dédiées aux femmes aux enfants et aux travailleurs». L’association compte aujourd’hui au Mali 800 membres grâce à ses efforts déployés pour le changement des conditions de vie et de travail des Aides ménagères.
«Nous sommes les jeunes filles et femmes en majorité enfants qui migrent vers les villes pour diverses raisons : pauvreté des familles, insuffisance d’opportunités locales, accaparements et mauvaise gestion des ressources naturelles, les guerres, les conflits, insécurité alimentaire, mariages précoces et/ou forcés, déscolarisation, recherche de trousseaux de mariage, envie d’aller voir ailleurs, etc. Nous venons d’un peu partout dans notre pays et souvent même au-delà des frontières. Nous sommes employées dans les familles pour assurer les travaux domestiques », a expliqué Sitan Fofana.
D’après elle, les aides ménagères sont devenues des esclaves des femmes qui se battent pour l’égalité du genre.
« Au cours de cette migration, nous subissons des abus et violations de nos Droits les plus fondamentaux, des souffrances atroces, d’injustice de toutes sortes, etc.Nous travaillons dans des conditions précaires, avec une rémunération misérable qui atteint difficilement la moitié du Salaire Minimum Garanti (SMIG), pas d’activités spécifiques, pas de temps de travail fixe, pas de jour de repos hebdomadaire encore moins un congé annuel », a décortiqué la Présidente de l’ADDAD. Et elle souligne qu’en plus de la double peine qu’elles subissent, il y a la honte de retourner au village avec un enfant avant d’être mariée et la perte de l’emploi. «Les Aide-ménagères enceintes sont abandonnées par les auteurs de ces grossesses sans moyens financiers, ni soutien moral », a-t-elle déploré.
Malgré la ratification de plusieurs textes par nos États au plan national et international, la situation de ces Aide-ménagères reste très préoccupante. Au passage, nous pouvons citer parmi ces textes: la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant (CIDE) ; la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant (CADBEE) ; la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF) ; les accords bilatéraux Mali-Côte-d’Ivoire, Mali-Guinée, Mali/Burkina-Faso portant sur la traite des enfants. S’y ajoutent les multiples efforts déployés par les organisations et associations pour la protection et la défense des Droits humains en plus de l’existence des politiques et stratégies nationales pour la protection et la promotion de l’enfant et de la femme.
ADDAD interpelle
La Présidente de cette Association des Aide-ménagères ne mâche pas ses mots. «Notre situation reste préoccupante malgré que la promotion et la protection des Droits des femmes et des enfants soit à la première des discours de nos Politiques, malgré qu’il ait beaucoup de femmes et de féministes qui luttent contre les violences faites aux femmes», a-t-elle fustigé. Et de pointer son doigt accusateur: «Cela nous pousse à nous poser la question de savoir est-ce que ces femmes promotrices des Droits des femmes et ces féministes pensent aux filles et aux jeunes femmes travaillant dans leurs familles pour leurs cohésions. C’est ainsi que l’ADDAD a choisi comme thème de la Journée Internationale de la Femme de cette année 2019 : «La situation des Aide-ménagères et la ratification de la Convention C189 de l’OIT. Quel rôle jouent les organisations de Défense des Droits des Femmes ?”
Ce qui revient à admettre que toute personne ou organisation engagée pour la cause des femmes doit mettre un accent particulier sur la situation des Aide-ménagères. Cela, vu l’urgence et vu que la situation devient de plus en plus préoccupante.
«À ce jour, nous recommandons aux structures gouvernementales, privées et organisations de défense des Droits humains et aux individus promouvant les Droits humains à s’engager pour plus particulièrement pour la protection des jeunes filles et femmes migrantes travailleuses domestiques ou Aide-ménagères qui sont au service de toutes les familles », a-t-elle.
Oumar Diakité
LE COMBAT