Comme à l’accoutumée, l’armée malienne a fêté hier, dimanche 20 janvier 2019, le 58e anniversaire de sa création. À cette occasion, à la veille, samedi 19 janvier 2019, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, s’est adressé à cette armée loyaliste, républicaine et démocratique. Il a livré un message rassembleur, moralisateur à son intention, mais aussi les mesures en cours ou qui devront voir le jour afin d’assurer l’amélioration des conditions de vie et de travail de ces hommes en armes.
Comme chaque année, le 20 janvier, le chef de l’État s’adresse à l’armée afin de faire le bilan des actions posées au cours de l’année écoulée et d’évaluer ensemble les besoins. C’est à cet exercice que s’est livré le président Ibrahim Boubacar Kéita à la veille de ce 58e anniversaire de l’armée malienne. C’était le samedi 19 janvier 2019. Pour ce faire, le locataire de Koulouba n’a pas manqué à reconnaitre la bravoure des soldats maliens avant de remercier les forces étrangères qui se battent au côté de cette armée républicaine, démocratique et loyaliste dans sa volonté d’assurer la « seconde libération du Mali ». « Nous sommes en guerre. Une guerre imposée qui est loin d’être terminée. Hélas ! », déplore le chef des armées dans son allocution avant de déplorer le fait que l’armée malienne se trouve confrontée à un ennemi qui n’est autre qu’une bombe artisanale enfouie sur leur passage, « une embuscade à l’aube, une zizanie méthodiquement entretenue entre nos communautés, une économie criminelle qui se nourrit de l’argent de la drogue, du trafic d’êtres humains, et de bien d’autres odieuses transactions ».
Aux dires du président IBK, il s’agit bien d’une guerre qui ne donne aucun choix au Mali qui doit la gagner s’il veut continuer à vivre sa démocratie, sa laïcité voire ses libertés. « C’est pourquoi, interpellé par les douloureux événements de 2012 où les deux tiers du pays furent annexés en quelques mois, j’ai pris l’engagement solennel, dès mon investiture en septembre 2013, de restructurer nos forces de défense et de sécurité », a-t-il expliqué avant de préciser les raisons de cette refondation qui n’était autre que la création d’une armée plus professionnelle et républicaine. Une volonté qui s’est manifestée, dit-il, par les différentes lois d’orientation, de programmation militaire et de programmation de sécurité intérieure. « Notre décision et notre vœu sont que la montée en puissance de nos forces soit irréversible. Il ne s’agira plus de reculer, mais d’avancer, chaque année un peu plus, chaque année un peu plus loin, pour que le Mali puisse assurer la défense et la sécurité des Maliens », a-t-il expliqué pour préciser ensuite l’engagement de l’État malien à réarmer techniquement, moralement et matériellement l’armée malienne.
Pour ce faire, le chef de l’État entend fournir de meilleures conditions de vie aux soldats sur le champ de bataille, des aides financières, rendre la carrière plus attractive, institutionnaliser la solidarité nationale envers les militaires et notamment ceux tombés au champ d’honneur.
« La maîtrise du ciel est un objectif stratégique de la guerre asymétrique, parce que constituant à bien des égards une riposte adéquate aux méthodes lâches des terroristes », a-t-il reconnu pour préciser l’arrivée prochaine d’autres acquisitions afin d’augmenter le nombre de la flotte existante. Le président de la République n’a pas oublié de mentionner des réformes majeures au sein du secteur de la sécurité. Des réformes qui seraient d’ailleurs en cours, a-t-il martelé. À ce titre, il a annoncé la création d’un conseil de Sécurité Nationale auprès de « nous-mêmes » ainsi que la relecture de certains textes fondamentaux comme la loi n°04-051/ du 23 novembre 2004 se rapportant à la défense nationale.
En ce qui concerne la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, le chef des armées a réitéré l’attachement du Mali à cette mise en œuvre. Le locataire de Koulouba dira que seule la création d’une police de proximité sera le garant de la sécurité des populations.
«… Plus que jamais, j’ai conscience aujourd’hui, tirant les leçons du passé et celles du jour qu’elle doit être une armée véritablement nationale, inclusive. Elle doit être le « melting pot », le creuset de l’intégration nationale, le reflet du vivre-ensemble », a-t-il invité avant de préciser que des mesures en cours ainsi que celles prévues par le DDR permettront de la guider dans la bonne direction. Le chef de l’État poursuivra en invitant à nouveau : «… Il nous faudra insister sur une armée respectueuse des droits humains et humanitaires. Nous sommes les descendants de grands hommes. Nos soldats doivent se comporter comme tels. Ils ne doivent pas faire peur aux populations, mais leur inspirer confiance. »
Cette armée républicaine célébrée en ce jour de 20 janvier est née une année après l’accession du pays à l’indépendance. Une naissance qui vient après le départ du dernier soldat français présent sur le sol malien. Une présence qui se justifier par l’accord franco-malien qui donnait la possibilité à la métropole d’assurer la sécurité de l’ex-colonie. Cet accord devenu caduc, l’armée française ne pouvait que prendre sa retraite en laissant la défense de la nation entre les mains de ses fils. Le 20 janvier 1961 correspond au départ du dernier soldat français et la naissance de l’armée malienne. Une armée qui n’a de cesse été victime de plusieurs atrocités malgré sa jeunesse comme l’a reconnu le chef de l’État dans son allocution.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays