La commune urbaine de Diré a abrité les 16, 17 et 18 février 2018, la troisième Edition du Festival Diiri au menu duquel des conférences-débats, focus-groupe, des animations folkloriques avec les troupes traditionnelles, des prestations d’artistes et musiciens de renommée internationale, concours de jeunes talents du cercle, sketch et la remise des attestations de reconnaissance et de participation.
Organisée à hauteur de 2 millions par les fils et ressortissants du cercle de Diré en partenariat avec Instruments for Africa, cette troisième Edition, parrainée par l’ancien ministre de l’emploi et de la formation professionnelle M. Mahamane Baby, a pour thème: «la culture : facteur de paix, de réconciliation, de concorde donc un développement durable.» C’était sous la présidence du Préfet Abdoulaye Guindo de cercle M. qui avait à ses côtés le 1 er adjoint au maire M. Baba Abba Djitteye, du 1er vice-président du Conseil de Cercle M. Abdoulaye Kouroukoye Touré, du Directeur du Festival M. Mahamane Idal Traoré, et le coordinateur des activités d’i4africa M. Ibrahima A. Maïga, du président de la commission d’organisation du Festival M. Moustapha Touré ainsi que plusieurs élus municipaux des communes environnantes du cercle, des chefs coutumiers et traditionnels et de nombreux festivaliers venus de divers horizons.
Situé à 112 km du chef-lieu de la région de Tombouctou (6ème région administrative du Mali), le cercle de Diré est chef-lieu de cercle depuis 1961, compte 13 communes et couvre une superficie de 1 750 km2 pour 111 324 habitants (recensement administratif de 2009). Les principales ethnies sont sonrhaïs, peulhs, tamaheques, bozos et arabes exerçant plusieurs activités socio-économiques notamment l’agriculture, l’élevage, la pêche, le commerce et l’artisanat. C’est un vieux cercle cosmopolite dont les premières mentions de son nom dans les écrits dataient du moyen âge (1475-1485) qui se trouve en aval du delta central du fleuve Niger sur la rive gauche d’où tous les atouts de couloir, de porte et de façade d’un rivage privilégié qui auraient permis à Diré, de sa part sa situation géographique, de jouer un rôle d’attraction. Diré, excellent producteur du blé, du riz et oignons est un pôle émergent devenu le grenier de la 6ème région administrative du Mali. C’est cette ville qui a eu l’honneur d’abriter la 3ème Edition du Festival Diiri.
La culture, vecteur de la promotion de la paix
Au rendez-vous, une foule bigarrée massivement mobilisée sous un soleil d’aplomb au Terrain de sable de Diré annoncer les couleurs de la 3ème Edition du Festival Diiri dont le décor est planté avec la montée du drapeau malien par les pionniers et du fanion dudit Festival. «Cette mobilisation fait la beauté de Diré, noirs et blancs ensemble pour magnifier la diversité ethnique et culturelle. Il fut de moment où nous n’avions pas cru nous retrouver et voilà que nous y sommes pour parler de la paix, la réconciliation à travers la culture, ce festival», avait gaiement déclaré le 1er vice du Conseil de cercle M. Abdoulaye K. Touré. D’entrée de jeu, le 1er adjoint au maire de la commune urbaine de Diré M. Djitteye a d’abord souhaité la bienvenue aux festivaliers venus de divers horizons malgré la situation sécuritaire précaire avant de faire un bref aperçu historique de Diré Baricobé naouré (autre appellation de Diré). Pour sa part, le Directeur du Festival M. Mahamane Idal Traoré a exprimé sa profonde gratitude à M. Paul Chandler, promoteur de l’ONG Instruments for Africa non seulement pour son engagement indéfectible dans la préservation de la culture, la paix et la réconciliation au Mali mais aussi et surtout pour avoir assuré la prise en charge de la tenue de deux précédentes Editions du Festival Diiri. Il a également remercié le parrain du Festival M. Baby, les ressortissants de Diré et bonne volonté pour leur contribution afin que ce festival soit. Toute une fierté pour Diré. M. Traoré a rappelé que la nuit de Diré tenue à Bamako aurait permis la collecte de la somme de 6 804 000 FCFA dont le reliquat est de 2 millions, le coût financier de l’organisation dudit festival. Pour M. Traoré, cette édition placée sous le thème: «la culture : facteur de paix, de réconciliation, de concorde donc un développement durable», promeut l’union, la réconciliation, la paix des cœurs et le développement à travers la culture du cercle de Diré. «En dehors de son caractère festif, il vise à promouvoir la paix, la cohésion sociale, la couture du tissu social et la culture du vivre ensemble. C’est aussi un vecteur du développement dans tous les domaines économique, politique, social et culturel. Nous magnifions la culture dans la paix bien que précaire», a déclaré l’adjoint au maire M. Baba Abba Djitteye. Et au parrain du festival M. Mahamane Baby de souligner que cette thématique relative à la paix et la réconciliation est une priorité du Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta qui, depuis quatre ans, œuvre afin que «les maliens se parlent, se consultent et se considèrent» pour qu’ils puissent avancer ensemble sur le chemin de la paix.
Diré, épris et ambiantisé
La ville de Diré a été émerveillée, trois jours Durant, par les manifestations folkloriques des troupes traditionnelles, les prestations des artistes locaux et ceux de renommée internationale, des sketchs ainsi que des conférences-débats sur la paix et des focus groupes sur l’extrémisme violent et de rencontre d’échange avec les acteurs culturels. Les troupes traditionnelles venues de plusieurs localités du cercle de Diré à savoir Tienkour, Tindirma, Garba-Koïra, Bourem-Sidamar, Gari, Diré et Dagnan ont exhibé les potentialités culturelles de leur terroir respectif à travers la manœuvre du sabre ou «sourgou-sourgou», le «Holley-horeï» ou la danse des possédées, «atoura» ou la danse des cultivateurs et «Konion» ou la danse de l’esclave sous le rythme alléchant des instruments musicaux traditionnels rarissimes dans la région de Tombouctou. Elles ont chanté et dansé pour prôner la paix, la réconciliation et rendre hommage aux Forces Armées Maliennes (FAMAs). Dans la ferveur de cette ambiance fantasmagorique, les groupes musicaux Alkibar Junior, Bouctou Jazz et Dirband ont tenu le public en haleine. Pour joindre l’utile à l’agréable en plongeant les festivaliers dans l’euphorie de l’ambiance, le maestro de la guitare Oumar Konaté, Anane Sy et Songhaye Blues ont musicalement emporté le public. Pour boucler la boucle, la cantatrice Djénéba Seck a, elle-aussi, donné le meilleur d’elle-même. Des festivaliers épris, la ville de Diré ambiantisée à travers son et lumières.
Des jeunes talents révélés
Autre temps fort du Festival Diiri, le concours des jeunes talents organisé l’ONG Instruments for Africa afin de promouvoir le savoir faire de nouveaux jeunes artistes et leur accompagner à travers des formations et tournage de clips. Ainsi, ils étaient plus d’une dizaine de jeunes rappeurs venus du cercle de Diré à participer à ce concours avec comme thème central «la paix» sous la supervision du jury dirigé par la cantatrice Djénéba Seck. Ce concours a été sanctionné par trois gagnants qui seraient encadrés par l’ONG Instruments for Africa. Le parrain du festival M. Baby ne cache pas sa fierté. ««J’ai découvert des talents. C’était une agréable surprise pour moi de voir des jeunes talents et les troupes traditionnelles qui se sont manifestées avec beaucoup de talents et de brio. Avec le concours des jeunes talents, j’étais surpris de découvrir des jeunes qui ont vraiment du talent à revendre. C’est quelque chose qui m’a beaucoup frappé», s’est t-il réjoui. Il n’a pas manqué d’éloges et de remerciements à la commission d’organisation. «J’avoue que je suis très content d’être là parce que pour moi il faudrait que nous montrions à tous ces gens-là qui veulent que nos contrées ne soient pas fréquentables que Diré est partie intégrante du Mali et c’est avec fierté que nous nous y rendrions sans crainte, sans hésitation», a-t-il martelé.
Au terme de cette 3ème Edition, des attestations de participation et de reconnaissance ont été décernés. La commission d’organisation dirigée par M. Moustapha Touré a gagné le pari de la mobilisation et de l’organisation. Le préfet de cercle de Diré M. Guindo a rassuré les organisateurs de l’accompagnement des autorités administratives, municipales et politiques. «Vous constituez un mouvement de jeunes capables de renforcer la paix, la réconciliation et le vivre ensemble à travers la culture. Je profite de cette tribune pour réaffirmer notre soutien et notre accompagnement aux organisateurs de ce festival pour cette initiative salvatrice qui s’appuie sur le levier culturel pour promouvoir la paix et la cohésion sociale dans le cercle», a-t-il déclaré.
Rappelons qu’une minute de prière a été observée à toutes les victimes de la crise politico-sécuritaire que vit le Mali depuis 2012.
Vivement la prochaine Edition!
Par Almoudou M. Bangou,
Envoyé spécial à Diré