Parmi les 22 candidats malheureux du premier tour de la présidentielle, trois attirent l’attention pour les alliances en vue du second tour, respectivement arrivés 3ème, 4ème et 5ème place. Quels sont les enjeux réels pour chacun des trois premiers candidats qui suivent les deux premiers qualifiés? DÉCRYPTAGE !
L’administration territoriale a proclamé, jeudi, les résultats provisoires du premier tour de la présidentielle de 2018. En attendant la proclamation, demain 8 aout, par la Cour Constitutionnelle des résultats définitifs, l’on connait déjà les deux qualifiés pour le second tour, prévu pour le dimanche 12 aout prochain. Sans surprise, le second et dernier round de cette présidentielle mettra aux prises le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta (41,42%) et le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé (17,80%). Et tous les regards sont tournés vers les faiseurs de roi qui occupent respectivement la troisième, la quatrième et la cinquième place. Parmi ces faiseurs de roi, chacun présente des enjeux de taille, mais ces enjeux diffèrent à bien des égards et leur ordre d’arrivée au premier tour ne reflète pas le classement et le poids réels que l’on peut leur donner dans le jeu d’alliance. Quels sont les enjeux pour chacun des trois premiers candidats qui suivent les deux premiers ?
Au premier chef du classement, nous retiendrons le candidat Housseyni Amion Guindo, le 5ème du premier tour, mais le plus important et le plus crédible des alliances. Il a une potentialité de crédibiliser sa stature de chef de parti occupant la 4ème force politique du pays. Cet ancien ministre, membre de la majorité présidentielle dans les différents gouvernements successifs d’IBK jusqu’à deux mois des élections, a la pleine capacité de peser de son poids ce, en raison de la forte implantation de son parti à travers le pays et le facteur sociologique qu’il bénéficie surtout au nord et au cantre du pays. Il représente plus d’enjeu que Cheick Modibo Diarra et Aliou Boubacar Diallo. En effet, malgré les soubresauts de dernières minutes que son parti a subi avec sa démission et sa très faible participation à campagne présidentielle, il a enregistré le score flatteur de 5ème place parmi les 24 candidats. Selon certains observateurs, si Poulo avaient produit les mêmes énergies de campagne que les candidats IBK, Soumaila Cissé et Alou Boubacar Diallo, il allait certainement devenir président. Aujourd’hui, selon ces mêmes observateurs, Poulo pourra mobiliser plus que n’importe quel autre candidat malheureux au premier tour car, estime-t-on, le soutien en faveur d’un autre candidat est généralement fonction de la bonne base politique. La CODEM, son parti, créé en 2008, malgré son jeune âge a su s’imposer sur l’échiquier politique national. Ses succès sont perceptibles et constatables au regard des résultats obtenus par le parti à l’issue des élections communales de 2009 et de 2016 où il a obtenu respectivement 444 élus sur 327 listes et 682 conseillers sur une de 463 listes présentée.
Le second du classement est sans doute Cheick Modibo Diarra. Il est arrivé 4ème très serrés avec le troisième totalisant près de 8% des suffrages exprimés. Cet ancien premier ministre sous la transition, chef d’un parti politique peut beaucoup peser également dans le soutien de candidat. Les Maliens lambda, très déçus du jeu politique conduit par le mouvement démocratique parlent beaucoup de lui, estimant pouvoir incarner le vrai changement tant souhaité. L’autre facteur qui va en faveur de Dr Cheick Modibo Diarra, c’est l’alliance non des moindres qu’il bénéficie de Moussa Mara, un autre ancien premier ministre et chef de parti comme lui. Il est donc très en vue pour être courtisé. S’il soutiendra un candidat, ce sera d’ailleurs en coalition de partis politiques dont la base serait sept partis politiques et une centaine d’organisations de la société civile. Son enjeu est donc de taille.
Le troisième enjeu dans le jeu des négociations d’alliance, c’est donc celui d’Aliou Boubacar Diallo arrivé troisième, selon les résultats provisoires avec près de 8% des suffrages exprimés. Ce richissime homme d’affaires peu connu sur la scène politique a pourtant bousculé les codes en s’imposant à la classe politique traditionnelle malienne pour sa première candidature à la présidentielle. Contrairement au deux premiers, il tire sa force de ses caisses et du soutien du guide spirituel du Nioro du Sahel. En matière d’alliance électorale, cet enjeu est moins important que ceux-là qui disposent d’une saine base politique, même si l’on estime qu’après six mois seulement de parcours politique, Aliou Diallo a réussi à se hisser dans une position de force politique.
Daniel KOURIBA
Source : Le Renard du Mali