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2018 en ligne de mire : La majorité présidentielle se décompose, le mythe IBK se brise

Depuis un certains temps, le chef de l’État Ibrahim Boubacar Keita (IBK), est en proie à d’énormes difficultés pour contrôler la majorité et son parti, le RPM (Rassemblement pour le Mali), comme c’est le cas du député de la commune III et bien d’autres élus de la nation. Au fil des jours, il se rend compte que les défections au sein de son régime deviennent des contrepoids pour son initiative. Un scénario inattendu qui ne manque pas de susciter des inquiétudes chez le président de la république, le « Kankélentigui » (homme à poigne).

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Au Mali, la majorité présidentielle se trouve fragilisée après le départ de plusieurs vagues de députés. Ces derniers, qui soutenaient le RPM, le parti du président Ibrahim Boubacar Keita, ont rejoint une nouvelle coalition d’opposition, baptisée ADP-Maliba (un alliée qui a récemment claqué la porte de la majorité). Mais ces défections ne relèvent pas uniquement de la bataille politique, elles font également l’objet de graves accusations.

Au sein de la majorité présidentielle, on se dit « déçu ». Pas tant parce que 14 députés ont claqué la porte, mais parce qu’ils l’auraient fait pour l’argent. C’est du moins ce qu’a affirmé à RFI Moussa Tembiné, président du groupe parlementaire du RPM. « Chacun de ces députés a été acheté à 50 millions (de CFA) par le parti ADP Maliba dirigé par Diallo de Wassoul’Or, et non seulement des députés de notre parti mais aussi des députés de partis alliés… »

Mais le secrétaire politique de l’alliance ADP Maliba, Cheick Oumar Diallo, également responsable de la communication de l’entreprise Wassoul’Or, s’en défend. Il répond à ces accusations : « Nous le démentons catégoriquement car cela va à l’encontre de tous les principes que nous défendons au sein de l’ADP Maliba. Ni l’argent de l’ADP Maliba, ni l’argent de la société Wassoul’Or  n’ont été donné à un quelconque élu de la République du Mali ».

Désormais, l’ADP Maliba créé en 2013, tient son tout premier groupe parlementaire, formé avec le parti SADI du Dr Oumar Mariko. Une redéfinition de l’Assemblée malienne qui fragilise la majorité présidentielle.

Le navire d’IBK se vide

Le débat aujourd’hui, c’est que le président IBK est en train de perdre ses soutiens. Le député RPM de la commune III, le Pr Kalilou Ouattara, s’ajoute à la longue liste de ceux qui se sont retirés pour se retourner contre IBK. Le deuxième Vice-président de l’Assemblée Nationale, l’Honorable, Amadou Thiam, a clairement apporté son soutien à l’opposition, alors que précédemment, il était du côté du chef de l’État. Il a déconseillé au président de la République de chercher à régler les problèmes de la nation par un autre problème, sans doute plus difficile à gérer. Ces faits qui se produisent au sein de la majorité présidentielle, apparaissent comme des signes de plus en plus évidents d’une famille présidentielle marquée par la dichotomie. On se rend compte, que face à certains projets de société, on assiste à une cohésion de façade entre les députés soutenant les actions du chef de l’État. Les désistements enregistrés pour protester contre la proposition de la loi électorale ne sont qu’une partie émergée d’un iceberg d’instabilités de plus en plus énorme et qui commence à inquiéter le président de la République. En proie au désespoir en raison des nombreuses prises de position contre la loi électorale, on ne risque rien en donnant pour morts tous ses projets qui visent à assassiner les libertés démocratiques. Dans de nombreux dossiers qui alimentent l’actualité comme celui-ci, ce n’est pas pour la première fois que le Chef de l’État IBK perd des soutiens. Rien de tout cela ne le rassure à se lancer dans des aventures, qu’on sait d’avance vouées à l’échec.

2018 fait de l’ombre au Président IBK

C’est sans appel : 2018 est en ligne de mire et IBK se conjuguent déjà au passé. Cela commence à prendre l’allure d’une coutume politique au Mali. Les titanesques alliances politiques fondées pour soutenir les pouvoirs en place, finissent toujours décomposées, à la veille de chaque fin de mandat ou de régime. Des cas ont fait tâche d’huile sur l’échiquier politique malien. Et l’Alliance Démocratique pour la Paix (ADP-Maliba), l’une des plus grosses coalitions politiques soutenant IBK, a emboîté le pas du divorce avec le régime.

À deux ans de la fin du règne du Président IBK, le mercato politique semble avoir ouvert ses portes. Les dés, à l’allure où vont les choses, semblent déjà lancés, et l’horizon 2018 commence de plus en plus à faire de l’ombre au Chef de l’État, qui a désormais de plus en plus de mal à contrôler sa majorité présidentielle.

L’horizon s’éclaircit donc, au fur et à mesure que l’on s’approche de 2018. Aucun enjeu ne suscite encore le mythe autour de l’actuel Chef d’État. Ainsi donc, mis à part les plus naïfs qui osent toujours espérer un deuxième mandat pour IBK en 2018, par le truchement tactique des voix, la plupart des soutiens du président IBK ont 2018 en ligne de mire, et n’hésiteront pas à lâcher leur idole du moment, pour s’attacher les services du prochain cheval gagnant.

Toutes les agitations enregistrées ça et là, ces derniers moments, ne sont que des tactiques de repositionnement pour 2018. Ces guerres de tranchée sont beaucoup plus orientées vers l’objectif de se donner de la personnalité, du poids et de la valeur politique, aux yeux du potentiel candidat qui sera porté par le Peuple en 2018. D’où les guerres de fiefs, afin de prouver qu’on peut peser lourd dans la balance électorale, le moment venu.

Devant ce branle-bas général, c’est le mythe IBK qui, de plus en plus, s’effrite, et le charisme politique de l’homme du « Mali d’abord », qui s’écroule. On assiste, d’ores et déjà, à des changements de discours. On peut citer, parmi d’autres, l’exemple de l’Alliance Démocratique pour la Paix (ADP-Maliba) dont on connaissait l’allégeance indéfectible à IBK. Mais, lors des consultations nationales du 14 au 29 juillet dernier,  ce regroupement politique qui ne jurait que par IBK, n’a pas hésité à formuler un sévère réquisitoire contre la gouvernance du régime en place. Aussi, la levée de bouclier notée au Parlement, d’abord avec le rejet de la mise en place des autorités intérimaires. Et puis, la réaction contre l’adoption de la loi électorale.

Autant de signes qui montrent que le Président IBK et sa majorité présidentielle sont arrivés à la croisée des chemins.

Jean Pierre James

 

Source: Le Nouveau Réveil

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