Il avait fait une sortie hasardeuse la semaine dernière dans la presse en indiquant : « Modibo Sidibé n’est pas membre des FARE, le congrès qu’il a convoqué est donc illégal… ». Tous les observateurs et autres analystes politiques ont été dépassés par le contenu de cette déclaration du président Alou Kéïta qui semble oublier comment il est arrivé à la tête des FARE. Pourtant, il n’était pas du 1er cercle, surtout le lot des chevronnés qui ont tous été unanimes à le laisser prendre la tête du parti. Alors, la confusion est en train de s’installer dans la tête du néophyte politique qui a besoin d’un recadrage. Il faut tout faire pour ne pas laisser le président s’isoler, il a besoin d’explication pour comprendre comment fonctionne un parti politique. Ce n’est pas du business au sens classique du terme.
Alors l’opérateur économique qui est seulement motivé à rester dans la mouvance présidentielle a comme seul argument Modibo Sidibé n’est pas membre des FARE. Vraiment, le ridicule ne tue plus au Mali ou alors la méconnaissance laconique du b.a.-ba de la politique est inacceptable surtout à un tel niveau. On comprend aisément que le président Kéïta a un agenda caché comme au tout début de ces errements politiques. En effet sans concertation aucune, il s’était empressé d’annoncer le choix des FARE pour la mouvance présidentielle dans une confusion ridicule.
Dans la dynamique, il état arrivé à entrainer des députés du parti. A l’analyse, on comprend que ce n’est pas le congrès en tant que tel qui fait peur au président et à ses acolytes mais l’idée centrale qui le sous-tend à savoir la clarification qui va en sortir. Ainsi dans la déclaration qu’il avait fait paraître la semaine dernière Modibo Sidibé affiche clairement sa volonté de militer dans l’opposition. Cette éventualité coupe le sommeil au président Alou Kéïta qui au bout de quelques mois de présidence et au gré des concertations politiques pense avoir atteint le sommet de son art politique. Les FARE, au regard des résultats de la présidentielle et des législatives, sont un parti important de l’échiquier politique national.
En outre, le président Kéïta se pose beaucoup de questions quant à l’issue de ce congrès surtout pour ceux qui voulaient amener le parti à l’aventure. Les FARE se sont constituées avec l’aura de Modibo Sidibé qui est un homme d’Etat confirmé de notre pays. A un moment donné de l’histoire politique de notre pays, s’est posée la question d’appartenance de Modibo Sidibé à un parti politique, à savoir l’ADEMA PASJ. A un moment, le début sur l’appartenance de l’homme à l’ADEMA avait suscité un grand débat jusqu’à entrainer le départ de certains ténors de ce parti, comme Zoumana Mory Coulibaly. Nombre de ces cadres ne juraient que par l’ancien Premier ministre tant ils croyaient à son accession au pouvoir. Mais dès lors que l’homme a perdu le scrutin, nombre de la bande d’opportunistes qui voulaient faire le chemin avec lui ne sont plus décidés à continuer, ils veulent rester à l’ombre du pouvoir.
Alors la virulence des propos d’un Zoumana Mory à l’égard de Modibo Sidibé est d’autant dégoûtante qu’ils ne reposent sur aucun argument solide. Mais le pôle vers lequel ils veulent tous converger ce camp a connu sa période de vache maigre, l’on se souvient du RPM qui chute de 47 à 11 députés. Pendant cette période, tous les cadres de ce parti avaient fui pour d’autres horizons. De toutes les façons de l’autre côté il ya un embouteillage qui ne dit pas son nom, donc nombre d’entre eux seront déçus. Il est important de rappeler que les FARE ont été de tous les combats du FDR avec des engagements formels, alors après le scrutin présidentiel tout le monde veut aller vers le gagnant sans scrupule.
Pourtant ce que Modibo Sidibé propose est un difficile combat politique dans la durée mais qui défend les convictions des FARE avec ceux qui croient à la lutte politique. C’est essentiellement le projet social que propose Modibo Sidibé pour ce congrès qui est celui de la clarification.
Il est temps que ceux qui ont de la prétention de faire de la politique au Mali aient un minimum de dignité et de courage. C’est seulement avec de telles convictions qu’ils ne vont pas toujours profiter de ce que les autres ont construit. Il faut songer à soi-même une conduite politique pour en recueillir les bénéfices.
Youba KONATE
SOURCE: Zénith Balé