Touché voire ébranlé à la suite du coup d’état de mars 2012, le Mali doit se redresser. Afin d’y jouer leur partition en synergie, banquiers et hommes de média étaient en conclave à Ségou les 7 et 8 mars.
Le Mali se relève petit à petit de la situation qui l’a mise presqu’à genoux. En vue de renforcer les acquis de cette sortie de crise, il est important que les acteurs se donnent la main. C’est ainsi qu’autour du thème central : relance économique, deux communications furent présentées. Il s’agit de : « Les effets de la crise de 2012 sur l’économie malienne et les mesures de relance économique : Rôle des banques et établissements financiers du Mali » par M. Moussa Alassane Diallo, président de l’APBEF et « Au service de la relance économique au Mali : banques et médias : couple infernal ou couple harmonieux? », par M. Diomansi Bomboté, journaliste.
Pour M. Diallo, « Les évènements du 22 mars 2012 ont bouleversé le processus démocratique au Mali et entraîné des problèmes d’ordre politique, institutionnel et sécuritaire ayant conduit à l’occupation des 2/3 du territoire national. Pendant une période, le Mali a été confronté à des difficultés liées aux mesures coercitives prises à son égard. Au lendemain du coup de force, plus précisément le 31 mars 2012, le Conseil des Ministres de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine s’est réuni en session extraordinaire, sur les implications de la situation politique prévalant au Mali.
A l’issue de ses travaux, le Conseil des Ministres de l’UEMOA a pris les décisions suivantes:
1- A titre de mesure conservatoire, la BCEAO, la Commission de l’UEMOA, la BOAD, la Commission Bancaire de l’UMOA et le Conseil Régional de l’Épargne Publique et des Marchés Financiers ne doivent entretenir des relations qu’avec des personnes disposant d’habilitations conférées par un Gouvernement légitime de la République du Mali exerçant ses pouvoirs et reconnu par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union. Dans l’attente, la BCEAO est instruite de suspendre tout mouvement de fonds sur les comptes du Trésor ouverts dans ses livres au nom du Trésor malien. Toutefois, la BCEAO est autorisée à effectuer des opérations avec les Établissements de Crédit maliens à l’exception de celles impliquant le Trésor Public du Mali ;
2- La Commission de l’UEMOA est instruite de suspendre tous ses projets en cours au Mali ;
3- La BOAD est instruite de procéder au gel des concours financiers en faveur de l’État malien ;
4- Le conseil Régional de l’Épargne Publique et des Marchés Financiers doit suspendre toute nouvelle autorisation de levée de fonds sur le marché régional de l’Union au nom du Mali. La CEDEAO a décrété un embargo économique et financier sur le Mali, entraînant du coup un fort ralentissement des transactions commerciales entre le Mali et les autres pays membres de cette organisation. Les partenaires techniques et financiers ont suspendu toute la coopération financière, à la fois bilatérale et multilatérale. Les mesures ainsi prises par la communauté des bailleurs ont eu des effets négatifs et des répercutions sur tous les secteurs de l’activité économique nationale.
Ainsi, au niveau macroéconomique, la croissance réelle du PIB en 2012 a été négative de -1,2% contre 5,6% initialement prévue. Cette régression du PIB s’explique par un recul généralisé des activités dans les secteurs secondaire et tertiaire, à l’exception des productions d’or, du coton et le textile qui ont continué à bien se comporter comme en témoignent les chiffres obtenus. En effet la production des céréales sèches est passée de 5,8 millions de tonnes en 2011 à 6,2 millions de tonnes en 2012, celle du coton graine a progressé de 7,6%, passant de 446 000 tonnes en 2011 à 480 000 tonnes en 2012. Quant à l’or, sa production a augmenté de 9,3% passant de 46 tonnes en 2011 à 50,3 tonnes à fin 2012. Par contre, le BTP, l’agro -industrie et les services ont accusé le coup avec des baisses significatives respectivement de 20%, 11% et de 10%.
Par contre, le BTP, l’agro -industrie et les services ont accusé le coup avec des baisses significatives respectivement de 20%, 11% et de 10%.
Au niveau des Finances Publiques, les recettes se sont élevées 941,7 milliards de FCFA contre une prévision initiale de 1.341,5 milliards de FCFA, soit un manque à gagner d’environ 400 milliards de FCFA. Les dépenses de 2012 révisées seraient de 988,6 milliards de FCFA contre 1.483,5 milliards de FCFA dans le budget initial, correspondant à une baisse de 33,36%.
Comme on peut le constater, l’année 2012 a été une année d’épreuves pour le Mali, ses entreprises, ses populations et ses institutions.
Aujourd’hui la situation du Mali est normalisée avec l’organisation réussie des élections présidentielle et législative. Pour consolider cet acquis et impulser une véritable relance économique, l’apport de tous les secteurs est plus que jamais indispensable. Aussi, la présente note propose des axes de réflexion sur la place et les rôles que doivent jouer les différents acteurs dans ce processus, y compris les banques et établissements financiers. »
Quant à M. Bomboté, il indique : « L’enjeu majeur, c’est le redressement du pays à la suite du cataclysme qui a ébranlé le Mali et dont les conséquences perdurent et perdureront longtemps encore. Les circonstances actuelles appellent, voire exigent la mobilisation de toutes les forces vives de la nation. Le cadre de coopération, de compagnonnage que les banquiers et les responsables des médias nationaux ont mis en place ouvre des perspectives sur des approches d’actions où la synergie doit s’imposer.
Mais, il me semble pertinent de préciser une chose. Votre association exigera de chaque partie un effort – excusez l’expression – un effort de castration. Je veux dire que toute si toute union est souvent source de richesses, l’union repose aussi sur notre capacité à se couler dans la peau de l’autre afin, non pas de disparaitre entièrement en lui, mais de faire preuve de courage moral et de générosité intellectuelle pour mieux conjuguer nos apports et nos différences. La rigidité, l’intolérance, la vanité, ne stimulent pas la coopération.
Journalistes, devenez un peu banquier en face des banquiers, et vous banquiers, souffrez d’être plus attentifs à la démarche journalistique, pas toujours compatible avec votre religion : l’orthodoxie. Si vous attendez des journalistes un apport QUANTITATIF chiffrable, vous feriez, à mon avis, fausse route. Notre apport est avant tout d’ordre qualitatif, donc pas mesurable en termes de chiffres. Notre ambition est d’agir pour entrainer la remise en cause des comportements, notre prétention est d’offrir de nouveaux paradigmes, c’est-à-dire une représentation nouvelle, une vision originale de l’évolution de la société dans un contexte globalisé de plus en plus sans compromettre l’âme de nos sociétés. Does it mean any sense for everybody ? »
A l’issue des travaux, des recommandations ont été formulées avec des motions de soutien et de remerciement.
Notons qu’à l’ouverture de cet atelier, le gouverneur, le maire et d’autres responsables en leur rang et qualité étaient présents. Aussi bien que les PDG, DG et Directeurs de banques en compagnie des Directeurs de publication ou leur représentant. Avec cette rencontre, banquiers et hommes de média se mettent à l’avant-garde de la relance de notre économie.
Mamadou BALLO
SOURCE: Zénith Balé