L’Espace d’interpellation démocratique (EID) a tenu sa 22è édition le 10 décembre 2017. Les populations maliennes semblent accorder un réel intérêt à ce « tribunal populaire » de type nouveau. Est-ce un désaveu pour la « justice classique » ?
Au cours de cette 22e édition, les litiges fonciers ont pris le pas sur les autres sujets. C’est justement deux ou trois jours avant cette édition que le Président Ibrahima Boubacar Keita, lors de la cérémonie dite de « bénédiction » du Maouloud, organisée par l’Association Ançar Dine , a informé avoir offert à M. Ousmane Chérif Haidara, chef de l’association, 150 hectares de nos terres. A titre gracieux !!
Le Président IBK a donné l’information devant des milliers d’adeptes et d’hommes politiques de tout bord.
En posant cet acte, le Président, garant des biens de l’Etat, viole certaines dispositions du Code domanial et foncier, en l’occurrence les articles 37, 39,40 et 41 entre autres. Quelle perte pour le Trésor public et quelle misère pour les populations riveraines?
Le président de la République est le gardien des biens de l’Etat et non son propriétaire. Il est juste un « usufruitier » et le peuple du Mali le « nu propriétaire » comme dirait l’autre. C’est donc un acte grave qui doit être corrigé. Mais ce qui encore plus grave, c’est que, le Président lorsqu’il donnait l’information avait à ses côtés, l’éminent avocat et Ministre des Domaines, celui-là même qui se dit fidèle des fidèles de IBK et aussi et surtout le défenseur des couches faibles de la population. Pourquoi, l’avocat-ministre n’a-t-il pas expliqué à son ami Président que cela allait à l’encontre des intérêts de l’Etat et de ses protégés paysans des villages? A quel jeu joue le ministre Bathily ?
Mais ce qui est encore pire au-delà de l’attitude de Bathily et l’acte du président, c’est le silence des leaders politiques tous bords confondus et singulièrement ceux de l’opposition. Ces partis de l’opposition qui sont prêts à ruer dans les brancards, à pondre des communiqués pour un oui ou un non, n’ont pipé mot parce que le bénéficiaire, c’est Ousmane Haïdara et son Ançar Dine. Voilà le Mali d’aujourd’hui. Le peuple du Mali a raison de désespérer de ses hommes politiques qui, visiblement, utilisent ce peuple et sa misère juste comme marchepieds.
Le président IBK a raison de dire qu’il se sent tout seul dans les moments difficiles. Quand des collaborateurs ou partenaires ne jouent pas leur rôle, alors même qu’ils sont payés pour cela, il y a lieu de s’indigner. Le président lui-même doit savoir faire le choix entre les laudateurs et les désintéressés, ceux qui se dédient au peuple. Les multiples démissions avec leur lot de dénonciation sont la preuve évidente d’une mauvaise gouvernance. Quand des gens à ce niveau de responsabilité ne sont pas capables de dire la loi et le courage de défendre la vérité, alors la sortie de cette crise mortifère résultante de la mal gouvernance n’est pas pour demain. Au contraire chaque jour que Dieu fait, nous faisons un pas vers l’abîme.
Que pouvons-nous attendre de la jeunesse si les aînés eux- mêmes ne cessent de se compromettre? Quelles valeurs offrir aux jeunes si les notions de vérité, de probité de travail et de solidarité sont bannies de nos vocabulaires et surtout si nos comportements quotidiens sont aux antipodes de ces valeurs? Notre pays est la risée du monde.
Pour le Mali aucune hypocrisie ne doit être tolérée. Aucun sacrifice n’est de trop !
Le Mouvement Panafricain des Indignés du Mali
Le Coordinateur
H. Konaté
les échos