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OFFRE DE NEGOCIATION DES DJIHADISTES : Faut-il mordre à l’hameçon ?

On l’a dit et redit, on ne pactise pas impunément avec le diable. Ceux qui l’ont fait avant l’Etat malien l’ont appris à leurs dépens. Allez le leur demander si vous le pouvez ! Ils ont été chassés des territoires dont, ensemble avec les djihadistes, ils avaient fait la conquête, et n’auraient dû leur retour dans les débats politiques qu’à faveur de l’Opération Serval de nos amis français, laquelle, il faut avoir l’humilité de le reconnaître, en dépit de son caractère d’inachevé, a sauvé in extremis notre pays de massacres programmés, voire de sa disparition de sa disparition au profit d’un califat autoproclamé auquel peu de nos voisins immédiats auraient difficilement échappé.

En réplique à nos inquiétudes, on nous balance le cas de notre voisin algérien, lequel a fini par négocier avec les siens. Mais ceux qui donnent cet argument comme exemple oublient de nous dire que l’Algérie de du président Boutéflika, aux prix d’immenses sacrifices, a écrasé d’abord les siens, je veux parler de ses djihadistes, militairement, avant de tendre la main à ceux d’entre eux qui voulaient se repentir. Ceux-ci n’avaient donc plus d’autres choix s’ils ne voulaient pas être anéantis.
C’est loin d’être notre cas à nous, où l’hydre djihadiste déploient ses tentacules et continue de massacrer civils et militaires, de prendre à en otage des hommes et des femmes, de détruire partout tout symbole de la présence de l’Etat. Les récents assassinats de cinq civils dans le cercle de Niono, aux portes de Ségou, en sont la parfaite illustration. Et sur ce point, entre parenthèse, il faut dire que ce n’était pas la peine publier l’appartenance de ces assassins à une quelconque communauté. Car ils ne sont au service d’aucune communauté. En effet, aucune communauté, religieuse ou « ethnique », jamais ne cautionnerait une telle sauvagerie. Pour quel mobile d’ailleurs ? Etant donné qu’une guerre intercommunautaire au Mali ne pourrait aboutir qu’à un suicide collectif. Ce qui ne profite à personne. A part, peut-être, ses commanditaires étrangers chassés d’autres pays. Pour tout dire, il faut que nos compatriotes, à commencer par les autorités politiques, majorité comme opposition, mais aussi religieuses, surtout musulmanes, il faut donc que nos autorités acceptent l’évidence et se résolvent à y faire face : nous sommes menacés d’une nouvelle colonisation bien pire, celle de la horde de desperados islamistes chassés de leurs propres pays, à la recherche de terres où nidifier. Quitte à en éradiquer leurs populations, c’est-à-dire nous.
Certes, nos bourreaux, à travers les voix contrôlées de certains de leurs victimes détenues, demanderaient à négocier ! Mais sur quoi négocier et dans quel cadre ? Silence radio. A part leur ritournelle sur l’application de la charia au Mali ! Et le départ des troupes étrangères du pays. Quant à ce qui va suivre, le flou artistique, mais pas la stratégie qu’il dissimule : l’invasion de notre pays, son occupation militaire et politique, avec la complicité de certains de nos concitoyens qui, malheureusement, croient pouvoir tirer profit de ce désastre programmé.
Or, tomber dans pareil piège serait un suicide pour tout le monde, un hara-kiri national. Même les « opérateurs politiques » qui continuent de penser, par naïveté ou par cynisme, qu’un tel cas de figure leur profiterait se fourvoient. Parce que non seulement l’application de la charia est incompatible avec l’existence de la République, mais aussi avec celle de la nation malienne. Parce qu’elle priverait de leur nationalité, dont de leur droit naturel de vivre sur les terres de leurs ancêtres, un nombre important de Maliens, y compris parmi ceux de confession musulmane, et aboutirait inévitablement à d’autres conflits armés encore plus dévastateurs. Ceux qui connaissent notre histoire ne sauraient prouver le contraire : des conflits identiques à ceux qui se profilent à l’horizon, à la veille de la colonisation française, avaient tout le Sahel et ses environs à feu et à sang, avec comme corollaire des cités rasées de la carte, des villages réduits à miettes par des seigneurs de guerre, un regain de la chasse à l’esclave, des mortes à perte de vue, hommes, femmes et enfants. Aurait-on oublié tout cela en moins d’un siècle de répit ?
Pour ce qui concerne la revendication portant sur le départ des troupes étrangères, en tout cas dans la situation sécuritaire actuelle du pays, on n’a pas besoin d’avoir fait Science Po pour lire ce qui se dessine derrière, et qui est loin du projet de la fraternité retrouvée. Un leurre. Surtout quand on sait que la démilitarisation des régions du Nord, exigée et signée dans un des multiples accords, n’est pas pour rien dans nos malheurs actuels.
Un départ précipité des troupes étrangères ne ferait que la lie à l’invasion immanente du Mali et de certains de ses voisins, suivie de la proclamation du premier Califat islamiste ouest-africain. Autant dire la dévastation de toute l’Afrique de l’Ouest. Car, d’autres conflits, en latence pour le moment, que les nouveaux envahisseurs tentent de remettre au goût du jour, à savoir des guerres interethniques et tribales, ne manqueraient pas de s’inviter à la fête.
Et puis, ceux qui demandent à négocier avec nos « frères » djihadistes sont-ils sûrs que ces derniers sont tous des Maliens, voire des Africains ? La question reste posée.
Ousmane Diarra
(Ecrivain)

les échos

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