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Office du Niger : La mafia qui a fait disparaître près de 400 Millions F CFA des caisses

Depuis de longs mois, l’Office du Niger est au centre d’une campagne médiatique d’une rare véhémence, laissant clairement transparaitre un climat social des plus tendus. A l’origine, une lettre invitant une kyrielle de structures dédiées à la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite à s’auto saisir. L’affaire évoque une transaction frauduleuse de près de 400 millions F CFA au profit du cabinet d’un célèbre avocat, membre influent du parti au pouvoir, alors que le contrat n’en prévoyait que 15 millions de F CFA.

Le très influent avocat, Me Baber Gano (ancien ministre des Transports) se serait-il servi de sa position de force actuelle pour arracher des mains de Me Amidou Diabaté (membre de l’opposition politique) le juteux contrat d’assistance judiciaire à l’Office du Niger (ON).

Tout porterait à le croire. Mais il faut dire que ce contrat qui fait tant jaser dans l’opinion publique, n’est point une nouveauté à l’ON. Alors que se passe-t-il réellement ?

Anguille sous roche !

Le 13 mars 2019, Almoustapha Maïga, agent de l’ON, introduisait une requête auprès du Bureau du vérificateur général (BVG) estampillée « Dénonciation de détournement de fonds à l’Office du Niger ». Invitant donc la structure à se saisir du sulfureux dossier relatif à un contrat d’assistance juridique qui lie l’ON au cabinet d’avocat de Me Baber Gano.

Le document libellé sous la forme d’une plainte avec ampliation à l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) et l’Autorité de régulation des marchés publics, est signée sous la bannière du Syndicat autonome de l’ON (SAON) par Almoustapha Maïga en qualité de secrétaire général.

Selon le secrétaire générale du SAON, le détournement s’est opéré dans une période où la situation financière de l’entreprise était excellente. « La conséquence est le précipite dans lequel l’entreprise végète aujourd’hui. Plus de 6 mois d’arriérés d’allocations familiales impayées, non payement de la prime de motivation 2018 (une situation exceptionnelle depuis 1994), factures des prestataires en souffrance », décrit-il.

« Le présent contrat est conclu et accepté moyennant le paiement par l’Office du Niger au profit du cabinet de Me Baber Gano d’un honoraire forfaitaire annuel toute taxes comprise de Quinze millions F CFA dont les paiement par tranche de 5 000 000 F CFA interviendront comme suit… », stipule le contrat initial, N°0020 du 1er avril 2015 en son article 4.

Hélas ! Entre ce qui est écrit et le faire, le paradoxe est à son summum.

Almoustapha Maïga dénonce en effet le versement sans taxes de la faramineuse somme de 354 865 682 F CFA au cabinet de l’ancien ministre.

Une première facture sans numéro du 20 décembre 2016 de 145 678 779 F CFA payé par lettre de virement bancaire le même jour par le DAF de l’ON.

Une seconde Facture (N°293) du 31 janvier 2017 portant 209 186 903 F CFA payée par lettre de virement bancaire le 22 février 2017…

« Quand bien même les deux factures ne sont pas passées par aucun service compétent de l’ON, le DAF avec la bénédiction du PDG a procédé à des virements bancaires et aujourd’hui c’est lui-même qui garde les pièces puisque l’Autorité de régulation des marchés publics a déjà envoyé trois lettres pour leur dire d’envoyer, mais ils refusent », soutien Maïga.

« C’est faux et archi faux » rétorque le PDG de l’ON, Mamadou Mbaré Coulibaly qui évoque un cadre jamais fermé au dialogue et à la coopération dans cette affaire : « En ce que je sache, tous les documents demandés ont été fournis. Je ne vois pas ce que l’on pourrait nous demander d’autre ».

Nos enquêtes dévoilent une posture de rétention arbitraire de l’information de la part de l’ON. Les correspondances N°089/ARMDS du 8 mars 2019 et N°104/ARMDS du 22 mars 2019 signées respectivement du président du Comité de règlement des différends (division relevant de l’ARMDS) et du Président de ARMDS sont restées lettres mortes. « Vous voudrez bien me faire parvenir une copie du contrat justifiant l’intervention du Cabinet de Me Baber Gano, avocat à la Cour…les documents de paiements…la (es) facture (s) d’honoraire sur résultat du Cabinet de Me Baber Gano… », stipulent entre autres ses missives classées sans suite par la direction de l’ON.

L’ARMDS a toutefois choisi de saisir les plus hautes autorités afin de mettre la pression pour que cette affaire soit au mieux élucidée.

Silence coupable !

Au lieu de s’expliquer sur l’affaire, les cadres de l’ON se complaisent dans une bien curieuse séquence de ping-pong. Du PDG Coulibaly au DAF en passant par le conseiller à la communication, personne pour expliquer le mirobolant écart entre les 15 Millions F CFA prévu dans le contrat et les 354 865 682 F CFA perçus par le cabinet de l’avocat Gano.

 

Les actions sporadiques dans certaines presses de même que les tentatives d’explication complètement dévissés n’ont pas permis de désamorcer la bombe des attaques tous azimut perpétrées sur l’ON.

Le PDG tente d’esquiver : « Vous savez quoi, Almoustapha se plaint d’un contrat signé depuis 2015 avant même mon arrivée à l’ON. J’ai la conscience tranquille et j’assume en toute responsabilité la tâche à moi confiée. Il ne peut nous ébranler ».

L’on s’attaque plutôt à la personne du dénonciateur. Pour certains collègues de Almoustapha Maïga, ce dernier serait « l’ennemi qui veut mettre le feu à la case ». « Le dénonciateur traine une image controversée. Et cela depuis son éviction en 2015 du fauteuil de directeur de la communication. Pis, il n’a pas digéré sa récente mutation à Niono par l’actuel PDG, Coulibaly », lâche le directeur de la communication.

Alassane Diarra, dépeint « un homme (il s’agit de Almoustapha Maïga) en abandon de service depuis un mois et deux semaines nonobstant les efforts colossaux déployés par la direction dans sa formation »,argue-t-il, s’attaquant même à la légitimité du SAON (syndicat dont se prévaut Maïga) qu’il qualifie de « fantomatique ».

Les sommations interpellatrices émises via le cabinet de l’huissier Ahmadou Maïga par des agents embarqués de facto dans ce syndicat sans leur aval laissent entrevoir un syndicat sans base légale. Gaston Togola (gestionnaire à l’ON) est catégorique : « Je ne connais pas deux secrétaires généraux ni une autre centrale syndicale à l’ON. En effet, avec le bureau consensuel mis en place pour redynamiser le SYNAPRO (l’unique comité syndical qui existerait à l’ON), le SAON ne devrait plus exister ».

Et d’ajouter, « je n’ai jamais assisté à aucune assemblée générale constitutive du Syndicat autonome de l’Office du Niger en abrégé SAON. Je ne suis pas secrétaire à la presse d’un quelconque syndicat de l’ON… ».

Toutes ces supputations nous laissent très perplexe et font planer une volonté inébranlable de brouiller les cartes. Le pôle économique doit sans délai se saisir de ce « flou artistique » orchestré par des délinquants qui semblent très aguerris.

David DEMBELE

Source: L’Investigateur

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