Les ébénistes redoutent l’hivernage. Non seulement les clients ne se bousculent pas à leurs portillons en cette période mais aussi, une fois les fauteuils trempés, ils mettent du temps à sécher
Les saisons de pluie se suivent et se ressemblent pour les ébénistes. L’hivernage est une période de vaches maigres pour eux parce que les clients ne se bousculent pas à leurs portillons en cette période. Ils n’ont pas non plus la logistique requise pour mettre leurs meubles à l’abri des intempéries.
Ils n’apprécient guère cette situation qui est en passe de devenir un caillou dans leur chaussure. En d’autres termes, meubles en bois et humidité ne font pas bon ménage. Ces meubles de repos ou d’ornement des maisons, une fois trempés par les eaux de pluie, doivent attendre des heures pour sécher.
Après une longue exposition, ils peuvent être rongés par les termites. C’est une situation à laquelle les menuisiers et autres vendeurs de meubles en bois sont bien confrontés, d’où l’intérêt pour eux de vite écouler leurs marchandises.
La période de pluies est par consequent un vrai casse-tête pour les ébénistes. Pour s’en convaincre, il suffit de faire le tour de quelques ateliers d’ébénistes pour comprendre leur hantise de l’hivernage. @§1 Dans les parages du Monument Kwamé N’Krumah, Fodé Camara a installé son atelier de menuiserie en bois. Il s’impose à la vue des usagers de la voie publique par sa position géographique mais aussi par le bruit des marteaux, le sifflement de la scie circulaire et le va-et-vient du rabot sur les planches.
Du haut de ses 10 ans d’expérience, cet ébéniste expose à ciel ouvert ses meubles, notamment des armoires et des lits. Il redoute la pluie qui pourrait lui causer des dommages. Selon l’ouvrier manuel, la planche humide est très difficile à travailler.
« Tant que le bois n’est pas sec, je ne peux l’utiliser par crainte d’avoir un meuble mal fait », laissé-t-il entendre. Il en appelle à la compréhension de la clientèle face à certains retards dans la satisfaction des commandes pendant l’hivernage.
Fodé Camara n’a pas confectionné un hangar pour protéger ses meubles. Il explique n’avoir pas eu une autorisation municipale. « J’expose les armoires et les lits sur place mais mes fauteuils sont ailleurs. Là-bas, ils sont bien protégés des eaux de pluie », souligne-t-il. Pour lui, cette stratégie se justifie par le fait qu’un fauteuil mouillé met du temps à sécher surtout quand l’acheteur l’installe. L’ébéniste, qui sait de quoi, il parle explique qu’une fois que l’étoffe et le chiffon du fauteuil absorbent de l’eau, ils peuvent sentir très mauvais.
Selon lui, la qualité du bois des armoires et des lits résiste longtemps à l’eau. En cet instant précis de notre entretien, il montre du doigt une armoire à 4 portières démontables. Ce meuble est réalisé en bois rouge, un matériau qui résisterait à l’eau lorsqu’il est bien couvert de vernis. Bakary Coulibaly dit Rougeot est un jeune diplômé de la Faculté des lettres, langues et sciences du langage (FLSL) qui a monté son entreprise de vente de meubles en bois.
Il possède un site d’exposition sur le flanc de la colline de Badalabougou. Le jeune trentenaire achète du bois et le donne à des menuisiers pour lui fabriquer des fauteuils, des armoires et autres meubles en bois. « Après fabrication, je les expose sur mon site pour attirer les clients », confie-t-il.
Lui aussi confirme que la pluie n’endommage pas l’armoire en bois rouge. Mais, il s’empresse de préciser que le contreplaqué est la partie fragile d’une armoire en bois rouge.
Cette partie peut être endommagée par l’eau. Les menuisiers la recouvrent de plastique pour la protéger. Bakary Coulibaly argumente que ce matériau devient facilement noir et se boursoufle au contact de la pluie.
Après la pluie, les armoires sont sales. Mais les employés du jeune diplômé reconverti dans le commerce de meubles en bois, procèdent au nettoyage des meubles et leur appliquent de nouvelles couches de vernis. Ainsi, ils attirent plus la clientèle.
Mais en cette période de pluie, Bakary Coulibaly ne se frotte pas les mains comme il aurait souhaité le faire. Toute fois, il garde espoir de faire de bénéfices. Ses fauteuils sont dans un emballage plastique et mis à l’abri sous un hangar en tôle.
Mohamed D DIAWARA
Source: L’Essor- Mali