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UN AN APRES LA CHUTE D’IBK : le Mali pose un pas de plus vers le précipice !

18 août 2020 -18 août 2021, cela fait aujourd’hui un an que des jeunes officiers ont fait chuter le pouvoir démocratique et légitime d’IBK. Mais, le constat qui se dégage actuellement est aberrant et très inquiétant. Non seulement aucun changement n’est visible, mais ils sont en train de faire pire que le régime déchu. A tel point que c’est la survie même du Mali qui est en péril.

Il y a un an, le  nouveau Mali promis tend dangereusement vers sa dislocation à cause de la gouvernance chaotique des militaires putschistes. Très nuls devant l’Eternel, ils se sont révélés être de véritables affairistes, démagogues et populistes. Comme des prédateurs, ils ont accaparé tous les leviers du pouvoir qu’ils ont pris suite à la lutte hautement patriotique du peuple contre le régime d’IBK. Foulant aux pieds toutes les valeurs d’une république, les 5 colonels (Assimi Goïta, Sadio Camara, Modibo Koné, Malick Diaw et Ismaël Wagué) spécialisés en putsch (un coup d’Etat dans un coup d’Etat, une première dans le monde) ont pris en otage l’Etat du Mali.

Accueillis avec liesse, les colonels putschistes ont été une grande déception. Ils sont en train de faire pire que le régime déchu. Au moment où ils n’ont rien diminué du train de vie de l’Etat, les prix des denrées de première nécessité ont pris l’ascenseur. Le panier de la ménagère va de mal en pis au moment où la majeure partie du territoire reste invivable à cause d’une insécurité grandissante et quotidienne. Depuis leur arrivée au pouvoir par le canon des armes, l’économie du pays est en récession et l’inflation touche aux besoins les plus élémentaires.

De véritables incapables, ils veulent s’appuyer sur les forces étrangères pour faire la guerre à leur place. Raison pour laquelle ils ont courbé l’échine devant Emmanuel Macron. Des engagements ont été pris pour appliquer l’Accord d’Alger en intégralité, sans sa relecture approuvée lors du Dialogue national inclusif, sur le dos des Maliens.  La sécurisation du pays pour laquelle ils ont été sollicités n’est pas faite. D’ailleurs, l’insécurité gagne du terrain de jour en jour. Elle a même affecté Bamako, la capitale, où les braquages se font en pleine journée, sous le regard impuissant des forces de l’ordre. Pis, ils se sont permis même de signer des accords avec des djihadistes qui ont appliqué à un bon moment la charia à Farabougou. Depuis le 02 mai dernier, la localité de Dinangourou est sous occupation terroriste. Si sous IBK, les assaillants détruisent les villages avant de prendre la poudre d’escampette maintenant ils les assiègent et les occupants. Incompréhensible et inconcevable que sous un régime militaire, le Mali est devenu  un État affaibli et impuissant, qui assume difficilement son rôle régalien de protection des populations civiles face aux groupes armés qui essaiment dans tout le pays. La situation sécuritaire au Mali  a dépassé un seuil critique. Les populations du nord (régions de Gao, Menaka et Tombouctou), du centre (régions de Bandiagara, Douentza, Mopti et Ségou) et du sud (régions de Koutiala, San et Sikasso) continuent à faire les frais de la crise sécuritaire. Ces civils sont pris en étau entre les violences terroristes et celles des milices, en raison de la défaillance des institutions. Depuis le départ d’IBK, aucune localité n’a été libérer ou sécuriser.

OPA sur le pouvoir politique

Après Moctar Ouane1 et 2, l’équipe gouvernementale du second putsch, dirigée par Choguel Kokalla Maïga, est composée majoritairement par les putschistes. Ils ont fait OPA sur le pouvoir politique, se taillant la part du lion avec 15 importants ministères. Comme si la mainmise sur l’Exécutif ne leur suffisait pas, ils ont pris le contrôle du Comité national de transition (CNT, parlement de transition) en plaçant à sa tête le colonel Malick Diaw pour faire passer une loi d’amnistie. Dans sa volonté d’avoir entre les mains tous les vrais leviers du pouvoir de transition, l’ex-junte a nommé comme gouverneurs des officiers de l’armée à la tête de 13 des 20 régions du pays. Au Mali, comme dans d’autres Etats africains, l’administration territoriale tient un rôle déterminant pendant les élections. En jetant leur dévolu sur les postes de gouverneurs, les militaires gardent la main sur l’organisation des prochaines élections générales prévues. Une volonté qui démontre à suffisance qu’ils ont un calendrier caché. Ils ont militarisé à outrance l’administration malienne, trahissant ainsi leur serment de défendre au péril de leur vie le drapeau vert, or, rouge.

Contrevenants aux lois

Comme les slogans des années 90 pour apporter une petite dose de démocratie aux pays africains; après l’échec de la démocratie dans sa forme présentée comme recette, nous sommes dans la phase de synthèse pour jumeler la dictature militaire et la dictature politique. Mirage des mirages.

Beaucoup pense déjà que Choguel sort de son cadre et de l’agenda du moment. Il est un homme politique. Il travaille pour Assimi Goïta qui a violé la charte de la Transition en enlevant le président et le PM de la Transition, respectivement Bah N’Daw et Moctar Ouane, pour les contraint à la démission. Avec l’aide de la Cour constitution, il a pris la présidence de la Transition après avoir mis en résidence surveillée l’ancien Président et son PM. Une énième violation des lois.

Sur ce plan de la violation des lois, de la Charte de la transition et de leur parole donnée, Assimi et ses éléments sont même sur le point de dépasser le régime IBK, surtout avec la formation du gouvernement du second putsch (la charte prévoit  un nombre de 25, mais on s’est retrouvé avec 29) et la mise en place du CNT, en violation des décrets n°2020-0143/PT-RM du 09 novembre 2020 relatif à la répartition des sièges au CNT entre les acteurs de la société civile et les partis politiques et n°2020-142/PT-RM du 09 novembre 2020 fixant les modalités de désignation des membres devant composer le CNT par les organisations et autres acteurs définis à l’article 13 de la Charte.

Le PM dans la main du PT

Dès sa nomination et ses agissements et attitudes, plusieurs observateurs pensent que le très bouillant et bavard président du Comité stratégique du M5-Rfp Choguel est entre les mains du Président de la Transition, Assimi Goïta. C’est toujours une question de gloire personnelle. Maintenant, la question qui nous permettra de comprendre le sens que l’État malien prend actuellement au sein de toutes ces violations, est justement de savoir pour qui Assimi Goïta travaille ?

Qu’un petit groupe d’officiers, au nombre de 5 colonels, se permettent de prendre tout un État et son contenu en otage en foulant et bradant toutes les valeurs d’une république, cela sort de l’absurdité. Seulement, à travers cette absurdité, du temps est perdu, des vies sont perdues et la délinquance sous toutes ses formes est devenue la loi commune. Le renversement du régime IBK a servi à quoi ?

Concernant la lutte contre la corruption, rien n’a été fait. Les délinquants financiers qui ne sont pas inquiétés, se la coulent en douce. L’opportunisme et les intérêts personnels font fermer les yeux à tous les observateurs concernés. Sinon le schéma entrepris a été compris. Il faut faire semblant. Seule règle du jeu. Depuis le premier coup d’État contre le régime IBK, nous savons tous l’intention des militaires. Après le deuxième coup d’État, rien n’a bougé, comme rien ne bougera jusqu’à la fin de cette transition, qui fabriquera un régime politico-militaire affairiste et plus répressif que les régimes dits démocratiques. C’est une question de temps. Et le temps aura raison sur tout.

En tout cas, un an après l’évincement du régime IBK aucun changement n’est visible dans tous les domaines primordiaux (éducation, santé, sécurité). Le pays est plongé davantage dans l’impasse. Et on murmure une éventuelle prolongation de la durée de la transition. Nous sommes dans une incertitude totale. Un véritable saut dans l’inconnu. Que Dieu sauve le Mali.

A.Touré

Source: Le Démocrate 
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