C’est hier 18 novembre 2013 à Koweit City que s’est ouvert le troisième sommet afro-arabe consacré au commerce et au développement. Les décideurs des pays de ces deux régions vont plancher sur la problématique du financement des PME et des projets.
Coorganisé par l’Union africaine (UA) et la Ligue arabe, le top de départ de ce raout politico-économique a été donné par l’émir koweitien, Cheik Sabah Al Jabar Almad al Jaber Al Sabah, entouré de la présidente de l’UA, Nkozasana Dlamini-Zuma.
Après Syrte en 2009, les Africains et les Arabes se retrouvent une nouvelle fois pour parler de leur destin commun notamment en matière d’investissements. «Une partie de notre corps arabe est africain», a laissé entendre le ministre des affaires étrangères du Koweit, Sheikh Mohamed Al Abdullah Al Mubarak Al Sabah.
Ce dernier a ajouté en substance que les possibilités de réussite dans ce partenariat dépendent des ingrédients …africains.
«Partenaires dans le commerce et le développement», tel est le thème central de cette rencontre au sommet entre gouvernants africains et arabes. Pour que ce slogan soit une réalité, les dirigeants africains vont revisiter les grands points qui avaient été arrêtés lors de la rencontre de Syrte.
Ainsi par exemple la question de la sécurité alimentaire sera au cœur des discussions. Concrètement il sera question de revoir le rapport de la 2e réunion des ministres de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, une réunion tenue en octobre 2012 à Ryad.
Les problèmes de l’eau, de l’assainissement, des transports, de la santé et de l’éducation seront également en discussions.
Pour promouvoir ce partenariat bilatéral dans les domaines du commerce et du développement,un instrument est au coeur de cette dynamique : le Fonds koweitien pour le développement économique (FKDE). Véritable outil de coopération, ce Fonds aide les pays en voie de développement en leur accordant des prêts ,des subventions et une assistance technique pour dynamiser leur secteur économique. L’activité de ce Fonds couvre aujourd’hui une cinquantaine de pays. Perçu au début comme un vecteur d’exploitation des richesses des pays africains, le FKDE a acquis de nos jours une réputation de faiseur du développement.
Et puisqu’il faut bien parler en pareille occasion des sujets qui fâchent, la lancinante question de l’immigration va s’inviter forcément dans ce cénacle arabo-africain. A l’heure ou ces lignes étaient tracées, des centaines de Somaliens étaient parqués à plusieurs endroits en Arabie Saoudite, attendant leur rapatriement. Ces boat people des temps modernes ne sont qu’une infime partie des fournées quotidiennes de l’immigration clandestine dans cette partie du globe. En effet les monarchies pétrolières du Golfe sont devenues ce que la Côte d’Ivoire était hier pour nos paweto ou ce que l’Europe ou les Etats-Unis sont aujourd’hui pour une jeunesse africaine qui a mal dans sa peau.
Autre sujet sensible et non moins important, celle du terrorisme. Le djiadisme paré aujourd’hui des atours de l’islamisme sévit dans plusieurs régions africaines telles le Mali ou le Nigeria. Or peu ou prou certains pays de la Ligue arabe sont supposés être les bras financiers de cet «islam sanguinolent». Parler sécurité, c’est donc aborder l’équation du terrorisme qui inhibe aujourd’hui bon nombre d’initiatives. On pense notamment au Quatar qui est cité comme un ami de l’Afrique et de l’Europe (cf. ses investissements en France : achat du PSG, injection de milliards dans les banlieues et les entreprises). Une mansuétude suspecte selon certains, qui y voient des velléités d’hégémonie de cette péninsule gorgée de gaz (1).
La viabilité de ce partenariat qui se veut «gagnant gagnant» sera donc un leurre tant que ces problèmes, qui ne sont pas exhaustifs, n’auront pas trouvé de solutions. Car dans ce jeu de rôle il y a d’un côté ceux qui donnent (ici les Arabes) et ceux qui reçoivent (les Africains), or un adage bien connu dit que «la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit».
Source: Info-Matin