Un décret rendu public, dans la soirée du jeudi dernier, vient de valider la Charte qui offre une durée supplémentaire de 5 ans renouvelables, avec redéfinition des missions de la Transition. Assez d’incidences et de coïncidences avec les enjeux confédéraux en toile de fond.
Bamako a officialisé sa nouvelle Charte de la Transition, qui fixe la durée de la Transition pour cinq ans renouvelables sans limite, jusqu’à la pacification complète du pays. Une démarche effectuée en synergie avec la consigne émise au niveau de l’AES, qui impose l’uniformité des durées à 5 ans. Ouaga avait ouvert le bal en Mai 2024, puis Niamey a suivi en Mars 2025, c’était au tour de Bamako de bouger dans le même sens. Comme dans les autres composantes du trio confédéral souverainiste, l’arène politique est totalement nettoyée et désertée mise, au grand dam de la constitution votée en 2023.
Les enjeux supranationaux prévalent désormais au nom de la souveraineté nationale retrouvée. En fin de mandat aux commandes de l’AES, le général Assimi Goïta passera bientôt la main, après avoir signé à son actif un hymne, un passeport, une banque d’investissements et une armée commune. Si le mandat de 5 ans permettra au tombeur d’IBK de manœuvrer pleinement sur les défis sécuritaires mis en avant pour justifier la pertinence de l’AES, il a permis de situer les rôles.
Notamment, il a été précisé à l’article 13 de la charte révisée que le Conseil national de la transition est l’organe législatif. De quoi admettre que le dauphin institutionnel est bel et bien le Général Malick Diaw, aux commandes du perchoir parlementaire. Composée de 147 membres issus des forces armées, de la société civile, du monde religieux, de la diaspora et les médias, entre autres, un remembrement parlementaire semble pointer à l’horizon. Une revue des troupes qui sera la bienvenue alors que le Niger vient d’installer son organe législatif, ouvrant la voie au parlement de l’AES.
Enfin, le président de la Transition, les membres du gouvernement et les conseillers du CNT deviennent également « éligibles aux élections générales qui marqueront la fin de la transition ». De quoi mettre fin aux spéculations et à la polémique sur la candidature du paracheveur de la lutte du M5-RFP. À l’instar de ses pairs de la même sous-région, ainsi que la Guinée du Général Mamadi Doumbouya, il peut candidater au fauteuil présidentiel de façon légale et sortir d’illégitimité. Au demeurant, les activités de mouvements de soutien – dont le sulfureux AN BI KO de la dame la plus en vue de Kayes – en préfigurent une intention. On pourra aussi citer le Collectif pour la Refondation du Mali, qui a ouvertement dit être prêt à financer la caution du roi de Kati.
La charte étant adoptée et promulguée, il appartient au président de la Transition de prendre ses dispositions pour réussir sa mission. Plusieurs décisions sont restées impopulaires ou à l’origine de frustrations qui peinent à être dissimulées. Idem pour la classe politique réduite au silence, qui devra prôner un retour décalé à l’ordre constitutionnel. Il est quand même mentionné que la transition peut être écourtée si les conditions d’organiser une élection présidentielle » transparente et apaisée » sont réunies.
Dans tous les cas, on pourra être situé dans la seconde moitié de 2025, lorsque l’homme du 18 août 2020 aura passé la main à l’AES, pour se consacrer pleinement aux questions nationales et priorités locales.
- KEÏTA
Source: Le Témoin