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TRAQUE CONTRE LES DELINQUANTS FINANCIERS : A quoi cela sert sans le recouvrement des ressources détournées ?

C’est sous un grand tapage sur les réseaux sociaux qu’une lutte implacable est menée contre les délinquants financiers par le gouvernement Choguel Kokalla Maïga. Des anciens ministres du régime déchu (Soumeylou Boubèye Maïga, Mme Bouaré Fily Dabo, Mahamadou Camara) ont été incarcérés dans l’affaire de l’achat et l’avion présidentiel et de l’acquisition des matériels militaires. Des officiers supérieurs (les Colonels Abdoul Wahab Touré et Mohamed Lamine Diakité ainsi que le Commandant AdamaKaba et le Lieutenant Tio Konaté), le contrôleur financier Mme Sangho Fatoumata Bocoum et des opérateurs économiques ont été aussi placés sous mandat de dépôt dans le dossier de l’achat des matériels, équipements et véhicules militaires.

Dans le cadre de cette lutte implacable contre la corruption, plusieurs dossiers ont été transmis à la justice. Et selon des indiscrétions, le président de la transition a ordonné d’acheminer les dossiers compromettants à la cour suprême, et découverts par les soins du vérificateur général.

L’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei) de son côté a transmis 10 dossiers à la justice pour pas moins de sept (7) milliards des biens, et a demandé au gouvernement de diligenter les enquêtes, tout en respectant le droit à la défense. Elle signale qu’en 15ans, l’Etat a fait un manque à gagner de 1266milliards, ce qui représenterait les dépenses pour 264 hôpitaux du même ordre que celui de l’hôpital du Mali.

Dans le cadre de la lutte contre la délinquance financière, ça ne sert à rien d’enfermer des citoyens sans recouvrer les ressources détournées. La justice devrait avoir une autre méthode, par exemple les amener à investir dans certains domaines sociaux. Pour la santé, on pourrait demander aux coupables de construire des centres de santé dotés d’équipements de pointe.

Au niveau de l’éducation, ils seront amenés à construire des salles des classes ou à procéder à la rénovation d’un nombre de salles qui équivaut à la somme détournée. Dans le domaine de l’hydraulique, plusieurs maliens n’ont pas accès à l’eau potable, la justice pouvait obliger certains à investir dans la construction des forages dans certains villages, etc.

Un temps d’exécution des travaux serait donné à chacun avec un suivi. A la réception des infrastructures, ça serait diffusé dans le journal de 20h et le ministre de la justice procéderait à l’inauguration. Si la justice pouvait utiliser cette méthode, le développement du Mali sera une réalité et chaque malien sentira l’odeur de son impôt. C’est mieux que d’aller enfermer des gens souvent juste pour les humilier qui trouveront le moyen de sortir un jour sans rien rembourser. C’est le moment opportun pour la justice de montrer son indépendance en respectant le droit à la défense.

Cette lutte implacable ne doit nullement être ni une justice de vengeance ni un moyen d’enrichissement pour les juges. Le dernier rapport de transparence international 2020 fait ressortir le Mali comme 29ème sur 54 pays africains ou 129ème sur 189 à travers le monde. Le Mali a une note de 30 sur 100 dans le cadre de la corruption. En règle général, plus un pays obtient une moyenne qui s’approche de zéro ce qui explique qu’il est plus corrompu.

Abdoul Aziz Diallo

Source: Le Démocrate

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