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Traite négrière à «Batiplus», chez des Libanais à Bamako: Un ouvrier décède des suites de graves négligences et abandonné sur place

Extenué par ce qu’il convient appeler un travail forcé, sous une température insupportable, Cheick Oumar Coulibaly, la quarantaine s’écroula par épuisement… Et le scandale ne faisait que commencer. Oui ça se passe au Mali dans le pays d’Assimi Goïta !

Les faits sont survenus le samedi dernier dans l’usine de fabrique de matériaux de construction (fer à béton), située entre Banankabougou et Magnambougou concession rurale.
On le sait : le mercure oscille en ces temps entre 45 et 50°C, voire au-delà en certains endroits et périodes de la journée. Insupportable ! De nombreux services ont donc réaménagé leurs horaires de travail afin de soulager les travailleurs et améliorer du coup, la rentabilité. Le gouvernement malien lui-même a changé l’emploi du temps et le programme scolaire en vue de protéger les élèves. Normal !
Mais ici dans cette usine de fer à Béton dénommée BATIPLUS appartenant à des ressortissants Libanais selon nos sources, point de répit, le soleil, dusse-t-il brûler les bêtes et les hommes, l’important reste que le travail soit fait.
Il s’agissait ici pour Cheick Oumar Coulibaly, père de plusieurs enfants et nouvellement embauché, de déplacer les fers produits et les emmagasiner. La température ambiante combinée à celle du fer (un puissant conducteur thermique) eut alors raison du nouvel ouvrier. Il déclara avoir des vertiges. Mais personne ne réagit à sa complainte. Et il s’écroula quelques instants plus tard. C’est là que l’incroyable se produisit.
Les autres membres du personnel, pour des raisons que nous évoquerons plus loin, se contentèrent juste de déplacer le corps de la victime et de poursuivre leurs besognes.
N’y a-t-il donc pas d’infirmerie ici, dans ce si grand complexe employant plus d’une centaine de personnes ? Personne sur place, ne s’occupa du blessé. Il fallut attendre la venue sur place des proches appelés à la rescousse, après plusieurs heures, pour que le malheureux soit transporté à l’hôpital, à l’aide, tenez-vous bien, d’un véhicule de transport en commun et suite à plusieurs minutes d’intenses tractations ; les transporteurs ne voulant pas «salir» leur véhicule.
A l’hôpital et après plusieurs détours, le Médecin déplora que le patient ait été amené plusieurs heures après être tombé. Il n’a pas survécu. En clair, la prise en charge est survenue beaucoup plus tard. Trop tard ! Faute d’assistance donc, Cheick Oumar Coulibaly, laisse derrière lui une veuve et de nombreux enfants dont l’ainé est un Lycéen.
Des ouvriers sans contrat de travail, sans garantie, payés non à l’heure mais après vente…
Rappelez-vous : les autres travailleurs s’abstinrent de porter assistance à leur collègue lorsque celui-ci s’effondra. Bien entendu, ils sont susceptibles d’être poursuivis par la justice pour non-assistance à personne en danger. Mais pourquoi donc, ce désintéressement de leur part, car après tout, chacun pourrait être à la place du malheureux ? Nous avions mené nos investigations.
Il ressort de nos enquêtes que les ouvriers ici, n’ont aucun droit, pas de salaire fixe… Ils ne sont même pas payés à l’heure, mais plutôt selon l’humeur du patron et après vente des produits (les fers à béton). Tout dépend donc de l’état d’âme du boss et de la commande de la semaine. Aucun tarif, aucune mesure, aucune législation de travail ! En fin de semaine, les employés doivent se contenter de ce que patron veuille bien leur donner : entre 5 et 10 milles F CFA.
Interrompre le job en vue de porter assistance à un collègue peut donc avoir de graves conséquences aussi bien sur l’humeur du patron que sur la productivité. Il fallait donc s’abstenir. C’est bien ce que les ouvriers ont fait, en déplaçant le corps afin qu’il ne gène pas les activités donc, les gains du jour. Inhumain !
Pour en avoir le cœur net, nous avions approché la direction du service. Il nous revient que la société (BATIPLUS) appartient à des Libanais et est régie par des Nationaux…
Sur place à la Direction dudit service, nous avions rencontré un nommé Ali, directeur commercial (visiblement un Libanais) lequel s’est dérobé à nos questions et suggéré de nous adresser au responsable des ressources humaines en nous communiquant le numéro de téléphone de ce dernier, répondant au nom de Mariko.
Nous avions tout simplement été choqués de l’indifférence totale de celui-ci face au décès d’un concitoyen dans les conditions évoquées plus haut et dans une entreprise qu’il est censé diriger. Et il y a pire ! Il menaça de nous poursuivre pour notre démarche. Nous attendons donc !
En attendant, nous apprenions, aux dernières nouvelles et après notre passage, que la Direction s’est empressée d’apporter quelques vivres à la famille du défunt. Le Médecin après la mort quoi !
L’inspection du travail complice ?
Comment donc une unité de fabrique employant une centaine d’ouvriers, ne respectant aucune législation du travail et à la limite, maltraitant les travailleurs, peut-elle encore exister dans le Mali-Kura d’Assimi Goïta ? Les autorités le savent-elles ?
Nous avions cherché à rencontrer M. Houdey Ag Mohamed, Directeur Régional de l’Inspection du Travail du District de Bamako. Pour le moment, nous comptons l’interviewer sur l’existence de cette structure.
Il nous revient, en tout cas, que ceux de cette direction entretiennent une drôle de relation avec cette structure d’État censée veiller au respect des règles. Des responsables de cette inspection ont été plusieurs fois aperçus dans les locaux de BATIPLUS, mais jamais aux côtés des ouvriers sur les intérêts desquels, ils doivent veiller.
Nous ne désespérons pas de rencontrer le sieur Houdey Ag Mohamed pour être édifiés.
À suivre

Baladji TOURÉ

Reflet d’Afrique

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