Le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale du Mali, Tiébilé Dramé, était l’invité de BBC Midi du mardi 21 janvier 2020. Le chef de la diplomatie malienne est revenu sur les conclusions principales de la session du comité de suivi de l’Accord. Lisez l’interview !
BBC : Une rencontre a été organisée, dimanche, sur l’accord de paix signé entre le gouvernement et les groupes armés. Quelles en sont les conclusions ?
Tiébilé Dramé : La principale conclusion de la session du comité de suivi de l’Accord du 19 janvier est le redéploiement des forces de défense et de sécurité reconstituées dans le nord du pays de façon générale. Les parties maliennes signataires de l’Accord d’Alger ont, en présence des représentants de la communauté internationale, adopté un plan de déploiement des unités de la nouvelle armée malienne reconstituée. Ces unités seront bientôt déployées à Ménaka, à Tombouctou, à Gao et à Kidal. La réunion du 19 janvier a enregistré la participation massive des représentants des mouvements du nord. Tout le monde était là. Tous les principaux leaders de tous les mouvements du nord ont participé au CSA du 19 janvier.
BBC : La Présence de l’Algérie ?
Oui, l’Algérie était représentée par une importante délégation conduite par le ministre Rachid Bladehane. Vous savez que toutes les négociations inter-maliennes qui ont abouti à la signature de l’accord de paix de 2015 ont été menées sous la direction de l’Algérie, chef de file de la médiation internationale. C’est à ce titre que l’Algérie préside le Comité de suivi de l’accord. Elle joue tout son rôle dans la mise en œuvre de l’Accord.
BBC : Est-ce que vous pouvez les rappeler rapidement pour nos auditeurs ?
La première conclusion est relative à l’organisation des législatives avant le mois de mai ; la deuxième résolution porte sur le déploiement des forces de défense et de sécurité dans les régions du nord, à Kidal en particulier ; la troisième est importante, elle est relative à la relecture de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale ; la quatrième résolution encourage les autorités maliennes à conduire les réformes politiques et institutionnelles pour doter le pays d’institutions fortes et stables, et puis prendre en compte un certain nombre d’engagements contenus dans l’Accord d’Alger qui a fait l’objet, pendant le Dialogue national, de débats passionnants. Le DNI a sorti l’Accord d’Alger du tête-à-tête entre le gouvernement et les mouvements signataires. Les forces vives n’ont pas déchiré l’Accord, elles ne l’ont pas jeté dans le fleuve Niger. Elles l’ont assumé et légitimé.
BBC : Pouvez-vous revenir sur la décision la plus forte, la plus symbolique de cette rencontre de ce week-end qui est le retour de l’administration à Kidal. Par quoi allez-vous commencer ? Comment le retour va-t-il s’opérer ?
Le retour de l’État malien à Kidal ne concerne pas seulement l’administration. C’est d’abord le retour des forces de défense et de sécurité, ensuite celui des démembrements de l’État, enfin le retour des services sociaux de base : éducation, santé, hydraulique, agriculture, élevage et j’en passe. Les populations du nord du Mali, celles de Kidal en particulier, du fait de la crise sécuritaire, sont restées longtemps sevrées de la fourniture des services importants.
La décision prise par le CSA crée les conditions d’un retour progressif à la normalité. Peu à peu, l’État malien exercera à Kidal toutes ses prérogatives régaliennes et les services sociaux de base pourront fonctionner comme il le faut au service des populations de Kidal qui sont des Maliens à part entière.
BBC : Monsieur le Ministre, selon vous, qu’est-ce qui bloque finalement la pacification du nord Mali ?
Écoutez, nous avons connu en 2012 une crise sécuritaire et institutionnelle qui a conduit à l’effondrement des institutions et de l’armée. Et grâce à une action internationale résolue, africaine et française soutenue par toute la communauté internationale, grâce aux efforts nationaux, peu à peu le Mali sortira de la crise. Le retour de la nouvelle armée ouvrira des perspectives importantes dans la stabilisation du pays, dans la restauration de la paix et de la sécurité. Les forces reconstituées s’acquitteront, Inchallah, de leur mission régalienne de protection des populations, des services et des démembrements de l’État./.
Retranscrite par notre rédaction
Source : LE PAYS