S’il y a bien un domaine dans lequel excelle Tiébilé Dramé, Président du Parena et promoteur du quotidien journal Le Républicain, c’est la critique. Et pourtant, le professeur de lettres n’a rien inventé de critique ni en littérature ni en grammaire. Comme atteint de paranoïa, le gendre d’Alpha Oumar Konaré semble ne pas être prêt à digérer son isolement politique depuis l’accession au pouvoir du Président Ibrahim Boubacar Kéita. Il ne rate aucune occasion pour mentionner sans cesse ou manifester son aversion pour le régime de l’homme avec qui il s’est lié pourtant en 2007 pour échapper à Amadou Toumani Touré, qui voulait l’embastiller pour sa gestion calamiteuse du Sommet-Afrique France de 2005.
Invité à Koulouba, la semaine dernière, au même titre que les leaders des autres partis politiques de l’opposition, par le Président de la République à se prononcer sur les pourparlers intermaliens en cours à Alger et sur le dispositif national mis en place pour éradiquer Ebola, Tiébilé Dramé n’en a eu cure. Il n’a en fait plus eu grand-chose à dire sur la gestion de la crise dont il a été écarté depuis que le Président IBK a jeté son dévolu sur l’ancien Premier ministre, Modibo Kéita, comme Haut représentant du Chef de l’Etat pour le Dialogue intermalien.
L’ancien Ministre des Affaires Etrangères et du Développement intégré des zones arides (nord) a passé l’après-midi du jeudi 20 novembre dernier à rappeler au Président IBK qu’il n’a « pas le droit de manger seul, sans eux… ». C’est en effet l’éternel sujet de l’acquisition de l’avion présidentiel qui a intéressé Tiébilé Dramé, comme s’il était atteint de mentionnite. Ça s’appelle du hors-sujet à l’école.
Le chef de l’Etat lui a rappelé qu’il n’avait rien à se reprocher et que c’est sur son injonction que le Bureau du Vérificateur Général, à la demande des partenaires, a pu mener son enquête sur la question des surfacturations et qui n’a souffert d’aucune entrave de la part de l’exécutif. Lui signifiant du coup qu’il s’agissait là d’une preuve de sa bonne foi.
Mais, Tiébilé ne s’avouera pas vaincu. Il a trouvé le créneau idéal lors du dernier congrès de l’Urd, tenu samedi 22 novembre, au Palais des congrès Amadou Hampaté Ba. Il remettra ça ! Il va une nouvelle fois s’adonner à son sport favori : critiquer et ne jamais rien proposer. Encore une fois, l’acquisition de l’avion présidentiel ravit la vedette à tous les autres sujets qu’il devrait aborder, à savoir notamment l’objet de son invitation en tant que parti ami à la cérémonie d’ouverture du congrès, qui a vu partir le Président de l’Urd, Younoussi Touré.
L’enfant de Nioro sera applaudi par une assistance en majorité constituée de mineurs ne pigeant pas grand-chose à son français à la limite pédant. L’homme qui a tout perdu avec le départ du Professeur Dioncounda Traoré, dont il était un des conseillers, joue aujourd’hui ses dernières cartes sur la scène politique. Son parti n’a plus qu’un représentant à l’hémicycle. Me Hamidou Diabaté a mordu la poussière à Kita, son fief légendaire. Djiguiba Kéita, sera défait dès le premier tour des législatives à Macina. Affaibli surtout par les défections de la frange Konimba Sidibé, fondateur du Modec, mais aussi depuis son abdication en pleine campagne présidentielle de 2013, Tiébilé a perdu toute crédibilité auprès des Maliens. Il est très souvent victime de ses choix politiques.
Tiébilé est, faut-il le souligner, le rare politique malien à avoir mangé à toutes les sauces et qui finit par se brouiller avec ses alliés (il est un des rédacteurs des textes fondateurs de l’Alliance qui a soutenu ATT en 2007 (Adp) contre laquelle il militera aux côtés d’IBK et de Soumeylou Boubeye Maiga et Mamadou Blaise Sangaré du tout premier Fdr). Il manque de constance et parfois de discernement. L’on se rappelle que son divorce d’avec Konimba est surtout né de sa tentative de fusionner avec l’Adema avant la présidentielle de 2012, aidé dans cette démarche par son éclairé de beau-père, Alpha Oumar Konaré. On sait aussi que Tiébilé, qui ne manque pas d’occasion pour rappeler les liens du régime actuel avec l’ex-junte militaire, n’avait pas dit non à la Coalition pour le Mali (Cpm), créée dès le lendemain du coup d’Etat contre ATT avec le père d’un membre très influent du Cnrdr.
Il est d’ailleurs physiquement très atteint aujourd’hui, n’ayant plus vraiment assez de temps à consacrer à sa toilette. Comme quoi, être opposant sans en être digne n’est pas une partie de plaisir.
La mentionnite est cette tendance paranoïaque consistant à rappeler sans cesse un sujet quand bien même il n’est pas à l’ordre du jour.
Amadou Salif Guindo