En marge de la 21ème session de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés du Mali (APSFD-Mali), un déjeuner de presse a été organisé par les responsables de la faitière avec les structures étatiques, le 25 mars 2022, au Mémorial Modibo Kéita. L’objectif visé est d’échanger, et expliquer à la presse ce qu’est la microfinance, ses réalisations au Mali, ses acquis, les difficultés auxquelles elle est confrontée. Bref, il ressort des discussions avec les hommes et femmes de médias que les indicateurs du secteur de la microfinance en 2020 sont au vert malgré un environnement socio-politique-sécuritaire et économique difficile.
Animée par le président sortant de l’APSFD-Mali, Adama Camara ; Mme Diarrah Djilla du Mécanisme de Refinancement des systèmes financiers décentralisés (Meref-SFD); Dr. Didier Djiulessi de GIZ-Agrofinance ; Siaka Kéita, chef de bureau agrément du CCS/SFD (Cellule de contrôle et surveillance des systèmes financiers décentralisés) ; Alhassane Ibrahim Diall, coordinateur du Centre de promotion et d’appui des Systèmes financiers décentralisés (CPA/SFD) ; Tamboura du projet inclusif, la conférence a porté entre autres, sur l’historique de la microfinance au Mali ; le mode de fonctionnement, de refinancement du secteur de la microfinance et les difficultés rencontrées par les SFD ; les réalisations et apports du secteur dans le développement économique/social du Mali et la satisfaction des besoins de sa clientèle (2016-2019) ; les défis du secteur de la microfinance ; les perspectives, ambitions du secteur de la microfinance ; le développement de la microfinance ; mécanisme de refinancement des systèmes financiers décentralisés : missions et principales réalisations ; présentation du projet de financement inclusif des filières agricoles au Mali (projet inclusif) sur ses missions et principales réalisations dans le secteur de la microfinance ; présentation du projet pour la promotion du financement des entreprises agricoles en milieu rural « Agrofinance/GIZ » (missions et réalisations dans le secteur de la microfinance ; cadre règlementaire et les statistiques sur le secteur de la microfinance. Il ressort des explications fournies par différents intervenants que les indicateurs de la microfinance au Mali en 2020, sont au vert malgré les crises sécuritaire, sanitaire et institutionnelle.
Les systèmes financiers décentralisés du Mali, dit Adama, ont mené leurs activités en 2020 dans un contexte économique, sécuritaire et social difficile marqué par la conjonction de plusieurs facteurs négatifs comme le coup d’Etat du 18 août 2020, entraînant la fermeture des frontières, des sanctions économiques, la suspension de la coopération avec les organisations internationales et une grande perturbation des activités économiques, le début d’une période de transition de 18 mois caractérisée par des incertitudes peu favorables au développement des activités économiques en général et à la bonne marche des entreprises ; la crise sécuritaire qui ravage le Sahel en général et le Mali en particulier. «Ce contexte très difficile a fait passer l’économie malienne d’une forte croissance de 5,1% du PIB réel en 2019 à une récession au cours de laquelle le PIB réel a diminué de 2% en 2020, ce qui correspond à une perte totale de croissance de 7,1 points de pourcentage », a fait savoir Adama Camara. Les résultats du secteur de la microfinance au 31 décembre 2020, dit Camara, sont remarquables : 86 structures agréées ; 857 points de service ; 1 312 822 membres et clients ; 148 400 000 000 Fcfa de montant octroyé à toutes les catégories d’acteurs ; 137 101 000 000 Fcfa d’encours de crédits ; 114 365 000 000 Fcfa d’encours de dépôts. Le taux de dégradation du portefeuille, selon Adama Camara, a été arrêté à 3,9%. L’analyse évolutive de la microfinance en 2020 fait ressortir que la plupart des indicateurs sont en croissance d’une année à l’autre : une croissance de 22% de la clientèle entre 2018 et 2020 ; une croissance de l’encours des dépôts de 34% entre 2018 et 2020 ; une croissance de l’encours de crédit de 15% entre 2018 et 2020 ; une croissance des montants octroyés de 4% entre 2018 et 2020 ; deuxième contributeur au taux d’inclusion financière après les opérations de téléphonie mobile ; premier en financement des tracteurs au profit du monde rural. Ces résultats positifs, souligne Adama Camara, en guise de conclusion, démontrent la grande capacité de résilience et d’adaptation du secteur de la microfinance malgré un environnement socio-politique-sécuritaire et économique difficile.
Malgré ces résultats positifs, dit Camara, des défis majeurs restent à relever au niveau du secteur, notamment le respect total de l’ensemble des ratios (les ratios de viabilité et des ratios prudentiels) ; la maîtrise des charges de fonctionnement à un niveau respectant les normes ; la professionnalisation du secteur à travers des formations métiers en direction de la gouvernance et des techniques ; la recherche de ressources financières suffisantes et adaptées aux besoins des clients-membres ; la poursuite de la diversification des produits et services pour satisfaire davantage la clientèle ; la bonne gestion de la transition digitale des opérations des systèmes financiers décentralisés.
Comme perspectives pour le secteur de la microfinance d’ici 2027, Adama Camara cité entre autres : intervenir dans l’ensemble des régions du Mali ; servir 3250000 clients /membres avec des produits et services diversifiés ; octroyer 371 000 000 000 FCFA ; assurer le financement adéquat du secteur à travers un mécanisme adapté qui est doté de ressources suffisantes ; avoir des ressources humaines qualifiées capables d’assurer une bonne gestion des institutions ; avoir des institutions qui respectent l’ensemble des normes du secteur ; digitaliser les opérations (produits et services) des systèmes financiers décentralisés.
Hadama B. FOFANA
Source: Le Républicain