À quel jeu joue la France au Mali ? Pourrait-on légitimement se demander. Entre cynisme et opportunisme et déni d’assistance, le masque de la France n’est plus loin de tomber au Mali. Sinon comment comprendre que la décision de suspension des opérations militaires conjointes que la France et le Mali menaient pour lutter contre le terrorisme dans la zone des trois frontières soit annoncée par le représentant diplomatique français sans que celui-ci ne soit à même de donner, ne serait-ce qu’un petit bout de papier officiel en guise de preuve ? Y aurait-il un manque de rigueur dans la conduite des affaires diplomatiques ou serait-ce simplement la preuve d’un mépris pour les autorités de la Transition ?
Des rumeurs
En tout état de cause, cette supposée décision de suspension est bien loin d’arriver à point nommé pour qui connaît et comprend l’étendue et les conséquences sécuritaires de la crise malienne. Sous prétexte d’une démarcation vis-à-vis des autorités de la Transition pour des jugements de valeur dont la prise en compte ne favoriserait nullement la stabilité du Mali ainsi que la cohésion de ses forces de défense et de sécurité.
Le cas récent du Tchad n’est-il pas riche en enseignements pour que la France soit plus compréhensive face à celui du Mali ?
Manifestement, l’intention de la France d’induire les autorités maliennes en erreur ne semble plus faire de doute tant elle s’obstine à entretenir la rumeur sur un sujet aussi sensible et important que cette suspension annoncée. Par-delà les démarches de l’Ambassadeur de France au Mali, M. Joël Meyer, d’ailleurs non appuyées de courrier officiel, d’autres voix officieuses de la France, certainement émises à dessein, font croire à une suspension des opérations militaires conjointes sur le terrain entre les forces maliennes et françaises, intervenant par excellence dans les zones les plus sensibles du théâtre des opérations.
Clarifier sa position
Comme le dit si bien un adage, « c’est dans les moments difficiles que l’on reconnaît ses vrais amis ». À l’analyse, un fait demeure constant. C’est bien la volonté de la France d’entretenir la rumeur dans le but de pousser les autorités maliennes à se prononcer publiquement sans document officiel de suspension. Plus grave, et à éviter à tout prix, c’est la prétention de la France de se tenir « prête » pour d’éventuelles urgences contrairement à l’esprit de planification et de coordination pour le succès de toute opération militaire.
À l’impossible nul n’étant tenu, le Mali saura néanmoins se relever et faire face à son destin devant l’histoire, quitte à bénéficier de l’accompagnement militaire d’autres partenaires stratégiques. Bien que nous n’en soyons pas à ce niveau pour l’instant, cette option pourrait bien être envisageable, comme le désire d’ailleurs une bonne frange de la population malienne.
L’heure de vérité semble donc sonner pour la France qui doit plus que jamais clarifier sa position face au Mali.
Correspondance particulière
Source : Sahel Tribune