Rien n’arrête la colère des Soudanais. Ils ont encore défilé ce samedi 28 septembre pour le sixième jour consécutif. Des manifestants qui ne s’insurgent plus seulement contre l’explosion des prix, mais qui réclament ouvertement désormais la chute du régime d’Omar el-Béchir. Ils sont quelques centaines de manifestants chaque jour à braver la répression de plus en plus féroce des autorités. Officiellement, trente-trois personnes auraient péri depuis le début des manifestations lundi, d’après le ministère de l’Intérieur. Mais le bilan devrait être beaucoup plus lourd.
A Khartoum, les manifestants ont quitté la rue et les gaz lacrymogènes se sont dissipés. Mais cette journée de samedi a commencé par des cris et des pleurs. Ceux des centaines de personnes qui accompagnaient au cimetière Salah Mudathir, pharmacien de 28 ans issu d’une famille très en vue, tué par balles lors d’une manifestation la veille.
La marche funéraire s’est mue en cortège politique appelant à la chute du régime. Une manifestation qui, comme toutes les autres désormais, a été brutalement dispersée par la police et ses supplétifs.
Dans un communiqué, sans révéler leurs identités, le ministère de l’Intérieur a ajouté quatre civils au bilan des tués de ces derniers jours. Quatre manifestants tués par balles vendredi « par des hommes armés non identifiés », affirme le texte.
Le gouvernement a considérablement musclé son discours. Il considère dorénavant les manifestations comme des rassemblements de pillards et de casseurs et entend les réprimer durement. Sept cents personnes ont été arrêtées depuis le début de la semaine. Les premières comparutions sont prévues ce dimanche.
L’opposition politique n’est pas en reste. Lors d’un sermon à la mosquée vendredi, le leader du parti Oumma, Sadek al-Mahdi, ancien Premier ministre d’Omar el-Béchir, a appelé à un changement de régime. L’opposition qui, par ailleurs , a fait son propre décompte. Une centaine de personnes auraient été tuées depuis lundi dans les manifestations quotidiennes.