Ces importations ont été commandées en prévision de la fête de l’Aïd, qui aura lieu à la mi-octobre. Il s’agit aussi d’une façon de réguler le marché qui ne plaît pas à tous les Tunisiens. Certains l’ont fait savoir sur une page Facebook : « Boycottez le mouton de l’Aïd ». Les internautes demandent au gouvernement tunisien un soutien à ses agriculteurs et une garantie de la qualité des bêtes.
La page « Boycottez le mouton de l’Aïd » dénonce la dépense de devises en pleine crise pour importer des produits consommés de manière ponctuelle. Plus généralement, elle pointe du doigt une mauvaise gestion économique et agricole du pays. Elle appelle aussi à gérer les problèmes de fourrage et de sécheresse des éleveurs tunisiens au lieu « de les mettre en concurrence avec les éleveurs espagnols, subventionnés. »
En attendant, la solution proposée est celle du patriotisme économique, et même plus radical, le boycott des moutons de l’Aïd. Selon cette campagne Facebook, les ménages pourraient dépenser leur argent pour des achats plus utiles. L’Etat devrait investir dans des domaines jugés prioritaires par ses créateurs comme les hôpitaux et l’éducation.
Une campagne à succès
Pour l’instant, près de 5 500 participants se sont inscrits sur Facebook. Dans la case des indécis, trois cents personnes ont indiqué « peut-être ». C’est un début, quand on connaît l’attachement des Tunisiens pour la tradition de l’Aïd, durant laquelle chaque famille égorge puis cuisine un mouton.
L’une des créatrices de la page sur le réseau social estime que Facebook, un réseau très populaire en Tunisie, est l’un des meilleurs moyens de toucher un large public. Elle se félicite du fait que certains participants aient aussi appelé au boycott sur leur propre mur et pense donc toucher plus de 5 500 personnes. Seul hic, reconnaît-elle, « la femme rurale et le paysan n’ont pas forcément accès à ce genre de sensibilisation. »
Les autorités tentent de rassurer
Le gouvernement affirme que l’importation de moutons servira surtout à éviter l’inflation et à réguler les prix.
D’ici à lundi, douze mille moutons doivent arriver. D’autres suivront si besoin. L’an dernier, 75 000 bêtes avaient été importées de Roumanie pour réguler le marché local. Mais l’opération avait tourné au fiasco. Seuls 35% avaient été écoulés, à des prix de vente proches de ceux du marché.
L’an dernier, ces importations avaient soulevé des craintes sanitaires et de nombreuses bêtes avaient péri en mer durant le voyage. Beaucoup de consommateurs se plaignaient aussi du goût différent du mouton roumain. Cette fois, la société importatrice Ellouhoum assure que les moutons ressembleront plus à ceux que l’on trouve en Tunisie. Ils seront aussi en meilleure forme, car ils feront moins de trajet et dix jours de repos sont prévus avant leur vente.