Le Conseil de sécurité a autorisé, mardi 24 décembre, le renforcement des troupes de l’ONU au Soudan du Sud. Le nombre de Casques bleus va y passer à 12 500 hommes, contre 7 000 jusqu’à présent. Au micro de RFI, Adama Dieng, conseiller spécial de Ban Ki-moon pour la prévention des génocides, se dit particulièrement préoccupé. Il s’alarme du risque de conflit ethnique et pointe la responsabilité des leaders politiques qui manient l’incitation à la haine.
Au Soudan du Sud, l’affrontement entre Riek Machar, l’ancien vice-président, et Salva Kiir, le président, a fait des milliers de morts, selon l’ONU. A Bentiu, les représentants des Nations unies ont mis à jour deux charniers, où les corps de militaires appartenant à l’armée régulière ont été découverts.
L’ONU évoque également l’existence de deux charniers à Juba, la capitale du Soudan du Sud, dans lesquels auraient été enterrés les corps de civils de l’ethnie nuer, celle à laquelle appartient l’ancien vice-président entré en dissidence, Riek Machar. Des civils, qui auraient été exécutés par des soldats du président Salva Kiir.
Le porte-parole de l’armée sud-soudanaise, Philip Aguer dément toute implication de l’institution militaire, mais n’exclut pas des actes isolés de la part des soldats.
Mardi 24 décembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a donné son feu vert à l’envoi de 6 500 soldats supplémentaires dans le cadre de la Minuss (Mission des Nations unies au Soudan du Sud), pour intervenir dans un conflit qui enfonce le pays dans une situation de guerre civile. Des renforts qui ne permettront cependant pas de « protéger tous les civils qui en ont besoin au Soudan du Sud », a prévenu Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, qui exhorte « les parties en présence à mettre fin à ce conflit ».
L’ONU pointe la responsabilité des leaders sud-soudanais
Pour Adama Dieng, conseiller spécial de Ban Ki-moon pour la prévention des génocides interrogé par RFI, « cette situation que nous connaissons aujourd’hui [au Soudan du Sud, ndlr] est une bataille de pouvoir, mais qui pourrait déboucher, hélas, sur un conflit ethnique ». Un constat qui se base sur une série de rapports que son bureau a reçus ces derniers jours faisant état de « discours de haine ». Des « incitations à commettre des actes de violence contre les populations Murle » dans la bouche et les discours de « figures proéminentes et de quelques leaders politiciens, des gouvernements officiels ».
Pour Adama Dieng, « tout cela ne peut que contribuer à déstabiliser le pays ». Et le conseiller spécial de Ban Ki-moon pour la prévention des génocides de mettre en garde les leaders sud-soudanais, qui « ont la responsabilité de mettre un terme à cette violence ». Pour lui, « le gouvernement du Sud-Soudan a la responsabilité de protéger toutes les populations, sans discrimination aucune, basée sur leur ethnie, leur race. »
Source : RFI