L’armée et les rebelles sud-soudanais se sont affrontés mercredi dans l’importante ville pétrolière de Bentiu (nord), ont affirmé l’armée et des travailleurs humanitaires.
« Bentiu est attaquée depuis le sud et le nord », a précisé le porte-parole de l’armée sud-soudanaise, Philip Aguer. Un humanitaire travaillant dans la base de l’ONU, à l’extérieur de la ville, a raconté avoir entendu des explosions toute la journée. Les alentours de Bentiu avaient déjà fait l’objet d’attaques des rebelles au début de cette semaine, a poursuivi M. Aguer. Mais ils ne se sont approchés de la ville elle-même que mercredi matin, a précisé M. Aguer. Ces combats mettent fin à plusieurs mois de calme relatif dans la stratégique capitale de l’Etat d’Unité. Ils interviennent alors que la saison des pluies se termine, rendant les routes plus praticables et les mouvements de troupes plus faciles. Bentiu a plusieurs fois changé de mains depuis que le conflit opposant les forces armées fidèles au président Salva Kiir à celles de son ex-vice président et rival Riek Machar a débuté en décembre 2013. En avril dernier, un raid des rebelles contre la ville avait donné lieu à deux jours de massacres ethniques, selon l’ONU. Les rebelles avaient traqué les civils dans tous les endroits où ils se réfugiaient – mosquées, églises, hôpitaux. La ville était ensuite passée sous le contrôle du gouvernement au mois de mai. Le conflit qui déchire le jeune Soudan du Sud depuis plus de dix mois a fait des milliers de morts – sans doute même des dizaines de milliers, mais aucun bilan précis n’existe. Plus de 1,8 million de personnes ont aussi été chassées de chez elles. Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, notamment de viols, tueries, attaques contre des hôpitaux et lieux de culte, ou encore de recrutement d’enfants soldats. Lors d’une rencontre en Tanzanie le 20 octobre, Riek Machar et Salva Kiir ont reconnu une responsabilité partagée dans la guerre. Il s’agissait de leur première rencontre depuis la signature d’un cessez-le-feu en août qui, comme les précédents, n’a jamais été respecté. Mercredi, l’International Crisis Group (ICG) a mis en garde les deux parties contre toute velléité de reprendre les combats avec la fin de la saison des pluies. « Une reprise du conflit risque de s’accompagner de déplacements massifs (de population), d’atrocités et de famine », a averti l’ICG, qui explique que le relatif calme enregistré ces derniers mois a en fait permis aux deux camps de s’armer plus lourdement et de mieux mobiliser leurs troupes.
Source: autre presse