Il y’a eu Ogossagou I le 23 mars 2019 et Ogossagou II en l’espace de 3 mois. Ces deux évènements ont fait presque 200 morts dans le même village.
Le 6 mars dernier, un homme avec une voie affaiblie à cause de ce qu’il a vu avertissait un animateur de radio en ces termes : « Depuis dimanche 1er mars, jusqu’au 6 mars, plusieurs villages dogons ont été incendiés ou vidés. Les morts se comptent par dizaines. Des familles sont décimées, des cadavres jonchent les rues des villages, parce qu’il y’a personne pour les inhumer. Un vieux de 80 ans, a été jeté comme une merde dans un puits, une femme enceinte brûlée avec ses cinq enfants. Certaines femmes ont accouché en chemin.
Le journal le Combat n°3055 du lundi 9 mars 2020, sous la plume de Bathily Sadio, écrivait ceci pour alerter l’opinion nationale et internationale. Il en rajoute en nous faisant savoir que:
« Même les bébés ne sont pas épargnés. Les gens semblent devenus fous. Nous assistons à des scènes insoutenables. Dans les villages, hommes et femmes déferlent à toute vitesse dans des camions en direction de Bankass et Mopti pour échapper à la mort, fuyant ainsi l’horreur ». « Nous avons, a-t-il enchaîné, le sentiment d’être abandonnés par tous, et que nous nous trouvons seuls au monde. Retourner au village, c’est aller à la rencontre de la mort. Ces attaques deviennent de plus en plus une folie meurtrière. Nous sommes tous terrorisés, vous saviez ? C’est une vue d’horreur. Des cadavres brûlés ou gonflés en décomposition jonchent les rues. Des villages entiers en ruine, transformés en tas de pierres et de banco. C’est dégoutant ! » Et pour finir, il lança des propos désespérants et navrants : « qu’est-ce que nous avons fait au bon Dieu pour nous avoir donné des dirigeants pareils ? Ils nous ont laissés à l’abandon et au désespoir. C’est la situation la plus horrible que j’ai vécue depuis ma naissance, et nous ne savons pas quand cela va s’arrêter.
Les tueries continuent encore dans cette partie du Mali, sans réplique efficace de l’armée qui semble ne pas avoir tous les moyens nécessaires pour pacifier le pays dogon qui continue à brûler.
Yangassadiou et Binedama sous les feux des terroristes, après les fâcheux incidents qui ont eu lieu le 03 et le 05 juin 2020 dans les villages de Niangassadou (commune de Mondoro, cercle de Douentza) et de Binedama (commune de Madougou, cercle de Koro), le gouvernement de la République du Mali fait comprendre que les déclarations faites font état d’exécution extrajudiciaire. Les habitations de Binedama ont été incendiées et le bilan provisoire varie entre 14 et 29 morts, dont des femmes et des enfants, précise-t-on dans ledit communiqué. Les auteurs de cet acte n’ont pas été identifiés, mais des sources indiquent que ces malfrats étaient habillés en tenue de l’armée malienne.
Il ya lieu de rappeler que la loi d’orientation et de programmation militaire votée par l’Assemblée Nationale du Mali en 2015 n’aura pas servi à grand chose. Les moyens aériens pouvant intervenir immédiatement avant que l’ennemi ne fuit, font défaut. Presque tous les fonds de la fameuse loi de programmation militaire ont été sciemment utilisés à payer des épaves d’avion au marché à puces en Europe avec la complicité de la hiérarchie militaire et du président de la République.
L’aviation militaire est la clé de voûte désormais dans les conflits symétriques et asymétriques. C’est ce que nos dirigeants de l’ère démocratique n’ont pas compris. Ils ont laissé les appareils de l’armée de l’air pourrir sous le soleil, les intempéries, etc… Personne n’a dénoncé cette situation. Nos missiles sol-air soviétiques ont été détruits à Tientienbougou sous la pression de Barkhane, alors que ces missiles étaient en bon état.
Pourquoi alors demander à nos FAMA de se battre sans couverture aérienne, c’est les amener à la boucherie. C’est pourquoi Badou a refusé d’être militaire !
Tôt ou tard les prévenus dont les noms suivent se retrouveront un jour tôt ou tard à la barre pour raison d’achat d’hélicoptères français frelatés à savoir: Ibrahim Boubacar Keïta, SoumeylouBoubèyeMaïga, Tiéman Hubert Coulibaly, Abdoulaye Idrissa Maïga, Tienan Coulibaly, Karim Keïta, Souleymane Bamba, Bemba Moussa Keïta, Boubou Cissé.
Qui mieux que le journal le Combat n°3108 du mardi 9 juin 2020 a su brosser la situation dans un article intitulé : « Forces armées du Mali, une institution saignée par la délinquance financière.
Voici in extenso le dit texte : La grande muette est partout respectable. Celle du Mali ne fait pas exception à ce jugement favorable. Mais des pratiques prédatrices des délinquants à col blanc sapent régulièrement son moral et son utilité.Un militaire, qu’il soit homme de rang ou officier supérieur, de par sa formation est un homme physiquement apte à servir pour défendre sa patrie, il a pour cela les ressources morales qui lui permettent d’éviter tous les répréhensibles. Sans aucun doute, les FAMA sont constituées d’hommes et de femmes de cette étoffe.
Mais voilà, lorsque des politiques appelés à gérer l’institution militaire se permettent, avec indignité, d’en faire une vache laitière à leurs seuls profits sordides, il y a problème. L’armée nationale souffre des dérives qui ne peuvent plus être cachées. La presse, dans son rôle de veille, s’est plusieurs fois fait l’écho de nombre de manquements qui sapent non seulement le moral des troupes, mais en plus font perdre à l’institution militaire toute son efficacité. Y a-t-il d’ailleurs aujourd’hui au Mali un corps de la fonction publique plus saigné que l’armée ? Sans doute non.
La presse a récemment révélé un trou d’au moins 44 milliards fcfa de détournements au détriment de nos soldats. Des estimations qui, à vrai dire, pourraient être revues à la hausse pour établir le préjudice à quelque 166 milliards de F CFA d’ici décembre 2020. La fourchette, selon le journal à l’origine de la levée du lièvre, est large à cause de l’incertitude sur l’étendue de la fraude. Et des détails suivent : « En moyenne, nous chiffrons à 92 668 de francs CFA le montant mensuel de primes qui disparaissent pour chaque militaire, hormis les officiers. De 2017 à ce jour, et sur la base de 10 000 militaires déployés sur le terrain, nous arriverons au chiffre de 44 milliards ; et bien plus si on remonte aux années précédentes. Et si on va du principe que 30% de la masse salariale de 553 milliards de F CFA a alimenté cette fraude (cumulée de 2017 à 2020), on arrive au chiffre extraordinaire de 166 milliards ».
De quoi donner du vertige et révolter le plus mou des citoyens. Le crime dépasse l’entendement lorsque l’on sait que le budget annuel ordinaire de notre armée nationale ne dépasse pas les 300 milliards. Une armée nationale qui, de surcroît, s’est vue spoliée de 1230 milliards de la loi d’orientation et de programmation militaire (2015-2019), avec d’ailleurs un dépassement de 100 milliards pour un résultat digne des plus grands mafiosis : achats de blindés en carton, d’avions de combat Tucano sans viseurs sortis des quincailleries d’Amérique latine, etc. Même l’eau potable demeure une douloureuse problématique pour les militaires et leurs familles. Par exemple, à Kati, la plus grande garnison militaire du pays pour ne pas citer les autres, les braves épouses de militaires doivent se réveiller à 03 heures du matin pour sacrifier à la corvée d’eau. Faut-il rappeler le nombre de soldats tombés au front pour la défense de la patrie parce que tout simplement ils ont manqué d’armes efficaces ? Il y a urgence à soigner la pandémie financière qui est en train de causer la mort de notre armée. C’est pire que Covid-19.
Dans ces conditions que vaut une armée sous équipée ?
Siramakan Keita
Le Carréfour