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Centre du Mali : La défiance gagne du terrain

43 personnes sont mortes, selon des chiffres officiels, dans l’attaque des villages de Niangassadiou et de Binedama, les 3 et 5 juin dans le centre du Mali. L’association Tabital Pulaaku a accusé l’armée malienne d’être responsable de ces massacres. Le gouvernement, « très préoccupé par ces graves allégations », a ouvert une enquête le 7 juin, afin « d’établir immédiatement les faits. La justice est également saisie ».

 

L’État a ouvert plusieurs enquêtes à la suite d’autres situations dramatiques du genre. La deuxième attaque d’Ogossagou, le 14 février dernier, en est une illustration, alors que les conclusions de la première se font toujours attendre. Le gouvernement avait promis « d’arrêter et traduire les auteurs devant les juridictions compétentes » et, depuis, c’est le silence radio. La récurrence de tels faits constitue le terreau de la défiance des victimes envers la justice malienne. C’est dans cette optique que Tabital Pulaaku a demandé une enquête internationale indépendante des Nations Unies ou des organisations de défense des droits de l’Homme à la suite des attaques des villages de Niangassadiou et de Binedama. « Plusieurs tueries ont été perpétrées et aucune des enquêtes ouvertes par l’État pour situer les responsabilités n’a donné de résultats », remarque Mody Diakhaïté, Président de Tabital Pulaaku à Bankass. Même son de cloche chez Ginna Dogon. « Les enquêtes n’ont jamais produit de résultats, mais nous sommes républicains et nous soutenons la justice de notre pays. Cependant, nous n’avons jamais fait confiance à ce que l’État nous dit par rapport à la situation réelle au centre », renchérit Dramane Yalcoué, Président de la jeunesse Ginna Dogon.

Néanmoins, M. Diakhaïté relativise : le premier rapport trimestriel 2020 de la division des droits de l’Homme de la MINUSMA a accusé les forces de défense nationale et d’autres acteurs de tueries de civils au centre du Mali. Cependant, il n’a jamais été suivi d’arrestations.

Afin que la crédibilité en la justice malienne renaisse, il propose de mettre fin aux « arrestations et exécutions extrajudiciaires de la part des forces armées de l’État ». « Si c’est l’État le premier responsable d’une tuerie, osera-t-il enquêter sur lui-même ? », questionne-t-il.

Pour Dramane Yalcoué, faire appel à une enquête internationale indépendante n’est pas la solution à long terme. « La solution, c’est que les Dogons et les Peulhs s’acceptent, qu’ils règlent ce qui se pose comme problème au centre. Les morts ne vont pas revenir, mais faisons en sorte qu’il n’y en ait plus ».

Boubacar Diallo

 Journal du Mali

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