Quelques rares nostalgiques continuent de bichonner ces deux roues, au prix de gros efforts dans l’entretien
Les mobylettes de marques française (Camico, BB-CT, BB-RS, P50) et italienne (Vespa et Piaggio), se font rares aujourd’hui dans la circulation. Ces deux roues qui monopolisaient l’asphalte de la capitale et les pistes des campagnes, il y a plus de vingt ans, sont en passe de devenir des objets de collection.
Ces mobylettes ont été chassées de la circulation par les motos de marques japonaises. Mais ces Japonaises, Yamaha, Honda, Suzuki, Kawazaki, ont dû s’incliner devant la vague irrésistible des Djakarta qui tiennent aujourd’hui le haut du pavé. Les Yamaha 100, les Honda CG 125 et les Vespa, autrefois reines des routes et motos des jeunes branchés, sont beaucoup moins visibles de nos jours.
Seuls quelques nostalgiques du temps de leur splendeur continuent à bichonner les rares anciens modèles encore capables de rouler. Si les deux roues historiques ont presque disparu de la capitale, dans les régions il en existe encore. C’est à Sikasso que les anciennes mobylettes, surtout de marques BB-RS et BB-CT, sont visibles dans la circulation. Il est même fréquent de croiser ces motos dans les rues de la capitale de la 3è Région.
Certains usagers, nostalgiques de ces modèles anciens, continuent de les conserver au prix de gros efforts dans l’entretien. Dans la famille Dembélé à Wayerma, un quartier de Sikasso, deux motos BB-RS et CT sont bien entretenues. Selon le chef de famille, les pièces de rechange sont difficiles à trouver et par conséquent, très chères. D’après un réparateur installé à côté du groupe scolaire AB, le carburateur ou le cylindre d’une moto BB ou CT coûte 12 500 Fcfa. Les pièces d’origine françaises sont introuvables sur le marché. Il faut se contenter de contrefaçons chinoises qui sont de mauvaise qualité. Pour éviter les tracas avec les pièces de contrefaçon, certains réparateurs d’engins à deux roues se rabattent sur les pièces récupérées sur d’anciennes motos mises à la casse.
Aujourd’hui, une moto BBRS coûte entre 10 000 et 20 000 Fcfa contre 300 000 Fcfa il y a une vingtaine d’années, confirme le vieux Dembélé. Posséder ces anciennes motos comporte des avantages, selon certains propriétaires qui se disent à l’abri des voleurs.
Bourama Coulibaly, propriétaire d’une Vespa, soutient que son engin reste au milieu de sa cour toute la nuit. Même quand elle tombe en panne en ville, il la gare au bord de la route sans souci car elle n’intéresse pas les voleurs. Son seul problème est le manque de réparateur compétent pour son engin. Les jeunes mécaniciens ne maitrisant pas les anciennes marques de deux roues.
En ville comme à la campagne, on retrouve toujours quelques mobylettes des marques Peugeot, Yamaha ou Vespa. Seydou Sanogo, un propriétaire de verger, habitant à quelques encablures de Sikasso, attire notre attention sur le fait que les stations d’essence ne vendent plus l’essence mélangée à l’huile à deux temps destinée aux motos BBRS et CT. Ce qui décourage les nostalgiques qui sont obligés de confectionner eux-mêmes le mélange du carburant. Selon notre interlocuteur, dans quelques années, on ne parlera plus de ces motos dont l’entretien pose tant de problèmes.
C’est l’avis de Bintou Traoré, une mère de famille, qui note que les marques japonaises ont l’avantage d’être moins gourmandes en carburant. En plus, elles tombent rarement en panne. Du coup, leur entretien coûte beaucoup moins cher.
Un agent des services de sécurité que nous avons rencontré chez un réparateur de motos, souligne que les accidents et les braquages des motocyclistes ont largement augmenté avec la prolifération des Djakarta dans notre pays. Comme le développement a ses avantages et ses inconvénients, nous sommes obligés de gérer le revers de la médaille, constate le policier.
F. DIABATE
AMAP-Sikasso
source : essor