Le chômage des jeunes est devenue une grande préoccupation à Ténenkou comme dans d’autres villes du pays. Le phénomène frappe jeunes diplômés et non diplômés. Ici comme ailleurs, les jeunes sans emploi restent à la charge de leurs parents. Ils passent la journée à tuer le temps autour d’interminables parties de thé. Le fléau touche filles et garçons.
Pour beaucoup, la seule alternative est partir. Partir vers les grands centres urbains ou émigrer carrément à l’étranger. Il va de soi que ces jeunes constituent des proies faciles pour les groupes armés, notamment les jihadistes et les narcotrafiquants.
Si le phénomène n’est pas propre à Ténenkou, ici la crise sécuritaire a particulièrement aggravé la situation. En effet, tout ce qui pouvait offrir un cadre d’épanouissement aux jeunes a disparu avec la crise de 2012-2013. Il n’y avait plus de structures locales d’accueil pour l’emploi. L’administration, la santé et l’éducation étaient en déliquescence. Par exemple, à cause de la crise sécuritaire, 149 enseignants avaient dû fuir Ténenkou, selon le directeur du CAP Amadou Niangaly. L’économie locale s’était effondrée.
Avec le retour à la normale, des initiatives voient le jour pour stopper la spirale infernale. C’est ainsi que le sous-préfet du cercle de Ténenkou, Siaka Souleymane Sanogo, a donné récemment le premier coup de pelle pour l’enlèvement d’un dépôt d’ordures installé au marché de la ville. Il lançait ainsi les activités du « Programme chantiers jeunes et volontariat » de Ténenkou. C’était en présence du directeur général du Centre national de promotion du volontariat au Mali, Ibrahim Ag Nock, en mission pour l’occasion, accompagné du directeur exécutif de l’ONG AAPC Benkan, Mama Salamata, lui-même ressortissant du cercle. Ce dernier est chargé de la conduite et du suivi du programme.
Le lancement du programme a été marqué par des sessions de formation des jeunes pour renforcer leurs capacités en montage et gestion de projets, sur la citoyenneté et la réciprocité, le civisme, la solidarité, la paix, la cohésion sociale, la décentralisation.
Pour l’exécution du programme, 25 volontaires (des jeunes diplômés sans emploi) sont déployés auprès des structures d’accueil dans le cercle.
Le projet a déjà mobilisé 200 autres jeunes volontaires pour des travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO). Avec ce déploiement massif de volontaires, les structures locales (services déconcentrés de l’Etat et des collectivités) seront renforcées. L’initiative contribuera également au renforcement de la résilience suite à la crise. L’économie locale en profitera grâce à une plus large redistribution des richesses.
C’est le ministère de la Jeunesse et de la Construction citoyenne à travers le Centre national de promotion du volontariat (CNPV) qui a la responsabilité de l’exécution des chantiers. Le projet coûtera 25 millions de Fcfa. Ce financement prend en charge le volet chantier des jeunes et celui du renforcement des capacités. Le projet concerne aussi Youwarou, le cercle voisin lui aussi frappé de plein fouet par les effets de la crise.
Le directeur général du Centre national de promotion du volontariat au Mali, Ibrahim Ag Nock, le directeur exécutif de l’ONG AAPC Benkan, Mama Salamata, et le président du conseil local de la jeunesse de Ténenkou, Ibrahima Sow, ont exhorté les jeunes de la localité à développer des valeurs citoyennes comme le civisme, le volontariat, le travail et l’engagement. Pour servir et contribuer au développement et à la stabilité du pays, ils doivent se mettre au service de l’Etat afin de partager le bonheur collectif et communautaire après la crise multidimensionnelle que le pays a connue.
A Ténenkou, beaucoup estiment qu’avec ce programme de volontariat, un pas important a été fait dans la promotion de l’emploi des jeunes. Les structures potentielles d’accueil des volontaires sont identifiées. A la fin de ce programme de volontariat, il reviendra aux autorités de trouver les passerelles nécessaires à l’insertion socio-professionnelle de ces jeunes.
M. DEMBELE
AMAP-Ténenkou
source : essor
