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Sharon: la force et la ruse au service d’Israël

Ariel Sharon, décédé samedi à 85 ans ans après huit ans de coma, restera dans l’Histoire comme un des chefs militaires et politiques les plus habiles et controversés d’Israël, partisan des méthodes expéditives, qui aura passé sa vie à surprendre amis et ennemis.

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Ariel Sharon, décédé samedi à 85 ans ans après huit ans de coma, restera dans l’Histoire comme un des chefs militaires et politiques les plus habiles et controversés d’Israël, partisan des méthodes expéditives, qui aura passé sa vie à surprendre amis et ennemis.

Longtemps paria de la politique israélienne pour sa “responsabilité indirecte” mais personnelle dans le massacre de Palestiniens par ses alliés phalangistes chrétiens libanais dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila, à Beyrouth en 1982, il devient Premier ministre en 2001.

Dernier représentant de la génération des fondateurs d’Israël, avec le président Shimon Peres, il laisse en héritage le retrait unilatéral de la bande de Gaza en 2005 et la construction de la barrière de séparation en Cisjordanie.

Né le 26 février 1928 en Palestine de parents biélorusses, Ariel Sharon s’engage dès l’âge de 17 ans dans la Haganah, la milice clandestine juive sous le mandat britannique qui formera le noyau de l’armée israélienne.

Tout au long de sa carrière militaire, il s’illustre par son audace, mais aussi par son indiscipline, des traits de caractère qui lui vaudront les surnoms de “bulldozer” et d'”homme qui brûle tous les feux rouges”.

A la tête de l’unité 101 des commandos, puis des unités parachutistes, Sharon lance des opérations punitives, dont la plus sanglante se soldera en 1953 par la mort d’une soixantaine de civils dans le village palestinien de Qibya, en Cisjordanie.

En 1969, il brise pour plusieurs années la résistance palestinienne à Gaza par des actions de commando.

En octobre 1973, le “bulldozer” renverse le cours de la guerre en franchissant le canal de Suez pour encercler l’armée égyptienne, contre les instructions de l’état-major.

Il participe à la fondation du Likoud, le parti de la droite nationaliste, dirigé par Menahem Begin, qui accède au pouvoir en 1977.

Ministre de l’Agriculture du premier gouvernement de droite, Ariel Sharon plante les graines de la colonisation en Cisjordanie.

Il est alors considéré dans son propre camp comme un boutefeu, mais incontournable en raison de son prestige militaire. “Il est capable d’envoyer ses chars m’assiéger à la présidence du Conseil”, plaisantait Begin.

Chantre de la colonisation

Ministre de la Défense, il planifie et exécute la désastreuse invasion du Liban en 1982, pour liquider l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et installer une hégémonie régionale d’Israël, plaçant le gouvernement devant le fait accompli, selon les historiens.

Malgré le départ des fedayine palestiniens de Beyrouth, il échoue à éliminer le chef de l’OLP Yasser Arafat, un regret qu’il confessera publiquement jusqu’aux derniers jours du dirigeant historique palestinien en 2004, nourrissant les soupçons d’un empoisonnement, qu’Israël a toujours nié.

Après une traversée du désert puis plusieurs postes ministériels dans les années 1990, d’où il promeut inlassablement la colonisation, Sharon devient en 1999 chef du Likoud.

La deuxième Intifada (2000-2005), qui éclate au lendemain de sa visite jugée provocatrice sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, le 28 septembre 2000, le porte enfin au pouvoir suprême.

Plébiscité par un électorat tétanisé par les violences, il réprime sans états d’âme le soulèvement, cultivant sa proximité avec le président américain George W. Bush, engagé dans sa “guerre contre le terrorisme”.

A partir de décembre 2001, Sharon assiège Arafat, qu’il traite de “Ben Laden” palestinien, dans son quartier général de Ramallah, dont celui-ci ne sortira que pour aller mourir en France.

Mais il se convertit sur le tard, par pragmatisme, à la réalité d’un Etat palestinien.

Contesté au Likoud, qui taxe de “trahison” son projet d’évacuation unilatérale des soldats et des 8.000 colons de Gaza, il l’abandonne en novembre 2005 pour fonder le parti centriste Kadima.

Obnubilé par la démographie, Ariel Sharon justifie le “désengagement de Gaza” par la nécessité de “délester” Israël de près d’1,5 million de Palestiniens.

Parallèlement, il affiche l’ambition de faire venir en Israël un million de juifs de la diaspora, guignant ostensiblement les importantes communautés française, argentine et sud-africaine.

L’homme fort de la droite se montre peu regardant sur le financement de ses campagnes électorales, qui vaut à l’un de ses deux fils, Omri, une peine de prison.

Plongé dans le coma après une attaque cérébrale le 4 janvier 2006 qui le cloue sur son lit d’hôpital, Sharon sombre dans l’oubli. Son nom n’apparaissait plus guère que pour évoquer comme repoussoir l’évacuation de Gaza, tombée en 2007 aux mains du Hamas, d’où des milliers de roquettes ont été tirées sur Israël.

© 2014 AFP

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