A l’occasion de l’ouverture du segment ministériel de la 52e session de la Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique qui se tient actuellement à Marrakech, au Maroc, la secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et sous-secrétaire générale de l’ONU, Vera Songwe (photo), a dressé un bref diagnostic de la situation économique du continent.
Selon Mme Songwe, l’Afrique a un déficit de financement énorme et croissant face à ses besoins de développement. En matière d’infrastructures, il constitue un obstacle majeur à l’amélioration des capacités de production. Il est estimé entre 130 et 170 milliards de dollars par an, dont le continent mobilise environ la moitié.
« A un niveau plus global, pour que l’Afrique puisse réaliser le Programme 2030, les besoins de financement supplémentaires se situent entre 614 et 638 milliards de dollars par an, tandis que les besoins de dépenses supplémentaires pour réaliser le Programme 2030 dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire inférieur s’élèvent à 1,2 milliard de dollars par an. Cela représente environ 11 % du PIB entre 2015 et 2030 », a indiqué Vera Songwe.
En dépit de cet énorme déficit de financement, a précisé l’oratrice, les pays africains pourraient accroître les recettes publiques de 12 à 20 % du PIB en adoptant une politique budgétaire appropriée.
Par exemple, en taxant les secteurs difficiles à atteindre comme l’agriculture, le secteur informel et l’économie numérique ; en améliorant la mobilisation des recettes non fiscales ; en exploitant les technologies de l’information et du numérique pour élargir l’assiette fiscale, réduire le coût du recouvrement des recettes, améliorer l’administration fiscale ; en renforçant les mesures de lutte contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert des bénéfices, la fraude fiscale et l’évasion fiscale.
Au terme de ce diagnostic, Songwe a préconisé la politique budgétaire comme thérapie à cette pathologie africaine. Elle a ainsi préconisé qu’elle soit dorénavant conçue et perçue comme un outil de développement. Afin que les pays africains puissent réellement en tirer parti pour parvenir à réaliser une croissance inclusive, les ODD et l’Agenda 2063.
Stéphane Billé
Le Nouveau Gabon