Partout dans le pays dogon, particulièrement à Bankass, on fait désormais chaque jour des bilans macabres du fait d’attaques djihadistes. Rien que la semaine dernière, on compte près d’une vingtaine de villages mis à feu et à sang, avec son corolaire de déplacement forcé pour de pauvres habitants complètement déprimés sous le choc et dépouillés de tout, jusqu’au minimum vital !
Face à ce tableau macabre, on entend très peu l’Etat du Mali, comme si quelque part, on avait décidé d’abandonner aussi bien ces villages meurtris que les citoyens maliens qui y vivent à leur propre sort ! Nous l’avons souligné dans nos précédentes parutions, la situation sécuritaire s’est dangereusement dégradée dans le cercle de Bankass la semaine dernière, avec plus de 15 villages attaqués, pillés et incendiés ; des centaines de morts, d’importants dégâts matériels et des milliers de personnes déplacées… des ultimatums lancés à certains villageois de quitter leurs milieux naturels de vie !
En d’autres termes, il y a aujourd’hui dans le pays dogon des villages qui sont comme complètement rayés de la carte du Mali. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir alerté qu’on assiste impuissant à cet holocauste qui se passe au pays dogon ! En effet, les associations dogons, les dogon résident à Bamako, les villageois qui vivent dans ce chaos devenu quasi-permanent ont toujours lancé des messages d’alerte et de détresse ! Le maire de Bankass, dans cet appel à la rescousse, y est même devenu une figure de proue, tant il a crié et alerté qu’il a fini par perdre tout son latin et toute sa voix !
À ces messages de détresse, il est malheureux de constater une sorte d’autisme de la part des autorités maliennes. Comme si quelque part, elles n’étaient finalement sensibles et attentionnées que par des tueries de masse visant les civils, genre de ce qui s’est passé à Sobané-Da et par deux fois à Ogossagou ! Pourtant, on ne le dira pas assez, la responsabilité de l’État dans ces tueries quasi-permanentes de populations civiles dans le pays dogon est pleine et entière.
En effet, toutes ces attaques ont eu lieu parce que l’État est absent, parce que l’armée est absente dans ces localités en passe de devenir de sanctuaires djihadistes. Et les quelques dignes fils du pays dogon déterminés et engagés à en découdre avec les forces du mal, à travers Da Na Ambassagou, sont combattus autant que ce mouvement d’autodéfense auquel le Premier ministre est devenu brusquement allergique, au point de vouloir démanteler ses check-points !
N’est-ce pas que tout cela est troublant et intrigant ? À qui profite le crime ? L’État prendra-t-il sa responsabilité pour que cesse cette injustice sur fond de massacres humains à l’égard du pays dogon, partie intégrante du territoire malien ? C’est ce que les Maliens attendent de lui, c’est ce que le monde, qui nous observe, attend de lui !
Seydou DIALLO
Source: Journal le Pays- Mali