Le rapport du groupe d’experts des Nations unies sur la République démocratique du Congo a été officiellement publié malgré l’opposition du Rwanda qui a un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. Ce rapport avait déjà fuité, mais sans les annexes. Il met en lumière les pressions des autorités de Kigali sur les experts de l’ONU avec en toile de fond l’influence du Rwanda et son soutien à certains groupes rebelles dans l’est de la RDC.
Le gouvernement rwandais s’en prend nominativement à deux des experts. Deux experts auxquels il aurait refusé l’entrée sur son territoire. Ce serait le seul pays à s’être opposé à leur venue, selon l’ONU. Mais on apprend aussi, dans ces annexes, que Kigali s’était opposé à leur maintien au sein du groupe d’experts pour l’année 2013, les accusant de « tirer avantage de leur position pour avancer leurs agendas politiques et idéologiques ».
Mais au-delà d’un problème de personnes, c’est sur le fond que Kigali et les experts onusiens s’opposent. Le gouvernement rwandais reproche dans une lettre au groupe d’experts de ne pas tenir compte de ses commentaires, de relayer toujours les mêmes accusations, de ne pas les étayer par des preuves matérielles, de ne pas avoir de témoins crédibles, de ne pas s’appuyer non plus sur le mécanisme de vérification conjoint auquel participent et le Rwanda et le Congo, alors que son rôle est justement d’enquêter sur les éventuelles incursions ou tirs transfrontaliers.
Six pages de commentaires pour Kigali. Autant pour la réponse, annexée également. Des experts onusiens qui maintiennent toutes leurs accusations, citant notamment le nombre et la qualité des témoins interrogés pour chaque assertion. Rajoutant même quatre photos de chars et véhicules de l’armée rwandaise prises, selon le groupe d’experts, sur l’axe Kabuhanga-Kabuye, des chars qui pourraient avoir apporté un soutien opérationnel au M23. Le gouvernement du Rwanda lui, dément dans cette lettre que des chars aient été déployés dans cette zone en octobre 2013.