Lundi 30 avril 2018, l’Assemble nationale de Ndjamena a servi de cadre pour le vote de la nouvelle constitutionnelle. Une révision qui divise tant bien que mal les Tchadiens qui n’ont cessé de manifester à l’appel de l’opposition contre son adoption. Toutefois, l’application de la nouvelle constitution est une question de jour. L’Assemblée la vote à 132 voix pour et 2 contre.
Le Tchad va désormais faire son saut vers la 4e République. Les députés se sont réunis le lundi 30 avril dans l’objectif de valider ou d’invalider le projet de réforme qui passe à l’issue de cette séance par 132 voix pour et 2 contre. Pour le bon déroulement de cette séance, toutes les issues menant à l’hémicycle étaient bouclées par des forces de l’ordre afin d’empêcher toute perturbation de la part de l’opposition qui n’a jamais cessé d’organiser des manifestations pour dénoncer ce projet. Un projet qu’il qualifie de moyen de renforcement des pouvoirs du président au pouvoir.
Un opposant, Mahamat Ahmat Alhabo, a été interdit d’accès à l’hémicycle. Cela se justifie par le fait que l’opposition avait invité la population à manifester pour empêcher le vote de cette réforme. Tout compte fait d’autres membres de l’opposition étaient présents. Clément Djimet Bagaou et Ousman Chérif ont voté « non ». « La réforme est profonde, c’est l’ensemble de notre loi fondamentale qui est révisé. Mais nous optons pour l’adoption par la voie parlementaire, et ça ce n’est pas du tout sérieux. Je sais que cela va être voté, mais c’est pour ne pas être incapables, demain, de témoigner à mes enfants, à mes petits-fils. Nous avons souhaité que ce soit le peuple tchadien, dans son ensemble qui se prononce», explique Clément Djimet Bagaou.
Le problème de l’opposition avec cette nouvelle constitution est l’instauration d’un « régime présidentiel intégral » qu’il juge favorable à Idriss Deby, président en exercice du Tchad. Mahamat Saleh Maki du parti pour l’unité et la reconstruction (PUR) explique : « Il a les pleins pouvoirs, c’est voté, c’est terminé. Je ne vois que ce que quelqu’un d’autre puisse faire. Tout a été fait en un éclair. Nous ne savons même pas ce qui brûle pour une telle urgence. On aurait souhaité que cela puisse passer par référendum. On aurait aimé aussi qu’il y ait un large débat au niveau politique, que l’on aille vers la population. Mais hélas, nous n’avons pas été écoutés.»
Le député Ali Kolotou Tchaïmi du groupe parlementaire MPS félicite les Tchadiens d’avoir fait confiance à leurs dirigeants : « Tout en félicitant le peuple tchadien pour son aspiration au progrès, la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale lui exprime son admiration et l’invite à demeurer mobilisé derrière le président de la République afin de relever tous les défis à venir.»
Il convient de noter que cette nouvelle loi constitutionnelle prévoit l’instauration d’un régime présidentiel, la suppression du poste de Premier ministre, la prolongation du mandat du président.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays