Me Mountaga Tall, président du Cnid Faso Yiriwaton, a présenté, le mercredi 30 janvier 2019, ses vœux de nouvel an à la presse malienne. Une occasion pour l’un des acteurs majeurs de l’avènement de la démocratie au Mali de se prononcer sur la situation du pays.
Vingt ans(20) durant, jours pour jours, Me Tall, un combattant de la démocratie et de la liberté de la presse, a été le premier homme politique à avoir consacré son temps pour présenter ses meilleurs vœux à l’ensemble de la presse Malienne. Il a été un des hommes politiques aussi à défendre les hommes de médias au niveau des juridictions comme avocat mais aussi ayant tous les temps participé aux évènements consacrés par la presse. Ce sont sur ces notes de reconnaissance que la représentante de la Maison de la presse, Dado Camara a remercié le président du CNID. En prenant la parole à son tour, Me Mountaga Tall a, au nom de son parti, salué la presse régionale et locale, qui comme à Bamako, joue de plus en plus un rôle de premier plan dans la sensibilisation contre le terrorisme, la préservation des valeurs socioculturelles, la transparence dans la gestion de la Cité et la consolidation des bases économiques et sociale de notre pays. Au-delà de la présentation des meilleurs vœux, le président du CNI, s’est prononcé sur les problèmes de la nation. Selon lui, l’année 2018 a été une année particulièrement difficile pour le Mali. D’abord, Me tall a relevé et a fustigé des atteintes graves à la liberté de la presse par des intimidations, des interpellations, disparitions, des procès et autres descentes extrajudiciaires dans des studios ou salles de rédaction. Selon lui, tous ces faits ont encore contribué à maintenir notre pays dans les profondeurs du classement annuel (115ème sur 180) de Reporters sans Frontières. Il a indiqué que, pour l’honneur de notre pays, les cas Birama Touré et Issaka Tamboura doivent être élucidés. En plus des deux journalistes de RFI, Gislain DUPONT et Claude Verlon enlevés et assassinés à Kidal le 02 novembre 2013. Il a également souligné de même la fragilité de la presse au Mali à cause des pressions officielles sur certaines questions. Me Mountaga a demandé aux autorités d’aller à la dépénalisation des délits de presse et ajoutera que les journalistes Maliens ont besoin d’accompagnement pour rendre leurs entreprises économiquement viables, d’une revalorisation de l’aide publique et de programmes solides de formation continue.
2018 : une année des défis non ou mal relevés
« Annus horribilis ». C’est en ces termes que Me Mountaga a qualifié l’année 2018 au Mali ou les défis ont été non ou mal relevés. Parmi ces défis, il a évoqué les élections communales où 50 circonscriptions ont été renvoyées sine die, le report des locales et régionales, le report des législatives avec son cortège d’avis contradictoires de la Cour Constitutionnelle et de violation de la Constitution. Notamment en raison de la voie choisie pour prorogation du mandat des députés. Pour le président du CNID, son parti ne voit pas comment engager un nouveau cycle électoral après des élections présidentielles contestées sans au préalable régler la question du système électoral lui-même. Par ailleurs, Me Tall a aussi dénoncé les atteintes graves et inadmissibles aux libertés politiques. Selon lui, au courant de cette année 2018, des responsables politiques ont été enlevés par le pouvoir et des rassemblements pacifiques ont été violemment réprimés. Par rapport à la régionalisation, le président d CNID a dénoncé l’insuffisante préparation en amont des concertations, l’insuffisante prise en compte des facteurs démographiques, sociologiques, géographiques, historiques, linguistiques et ethniques ; le caractère non équitable du projet entre communauté et entre territoires, et l’absence de dialogue politique inclusif.
Dans le cadre de la révision constitutionnelle, Me Mountaga Tall a indiqué que son parti a constaté des risques d’atteintes à la cohésion nationale. Pour sa part, le CNID a prôné l’approfondissement du dialogue politique et social autour du projet de révision constitutionnelle. Pour lui, le dialogue politique inclusif est encore le préalable sans lequel le consensus indispensable à leur adoption et à leur mise en œuvre ne saurait être atteint.
Un front social en détérioration
Le président du CNID FASO YIRIWATON a fait savoir que le pays n’a jamais aussi été atteint ce niveau de préavis et de grèves. Et, pour ce faire, aucun secteur n’a été épargné, a-t-il indiqué. Pour Me Mountaga Tall, le dénominateur commun de ces conflits sociaux est soit le non-respect des engagements souscrits par l’Etat. Par ailleurs, il a fait savoir que la conférence sociale annoncée comme une panacée n’a pas pu encore se tenir et le climat social reste particulièrement lourd sur fond, quelques fois de tentatives maladroites de créer des divisions syndicales qui provoquent toujours de violents retours de manivelle. C’est pourquoi, le président du CNID a rappelé le Programme d’Education Sexuelle Complète et ses suites qui ont déferlé la chronique dans notre pays. Pour Me Tall, son parti estime que le problème ne se limite pas à la suspension ou à l’abandon d’un projet éducatif caché mais finalement éventé et porté sur la place publique mais sur la problématique même de l’homosexualité au Mali. Par rapport à l’Accord de paix, il dira que celui-ci patauge et qu’il s’agit d’un pacte pour la paix peu soucieux de la souveraineté du Mali. Alors, il n’a pas manqué d’évoquer les violences intercommunautaires que notre pays ne connaissait pas qui a fait des centaines de morts et de milliers de déplacés. Il dira par conséquent que l’année nouvelle a commencé sous de mauvais auspices comme l’ont attesté les massacres voir les génocides perpétrés à Aguelhok, Ansongo, Douentza, Koro, Koulongo, Ménaka, Tominian, Saye.Le président du CNID a dénoncé les massacres, exterminations hécatombe même des génocides. Selon lui, la situation actuelle interdit tout silence et a salué l’appel lancé par la société civile malienne au gouvernement afin qu’il agisse immédiatement et avec fermeté pour mettre fin au cycle de violence. Et, c’est pour cette raison, son parti a participé au meeting organisé par TABITAL PULAAKU. Il a invité le pouvoir à défendre le territoire national, car les récents assassinats de l’Imam Yattabary, d’un opérateur économique au quartier zerni, des 10 soldats tchadiens de la MINUSMA, les crimes de Koulongo et ailleurs au centre du pays ont dramatiquement remis sur la place publique la question de l’insécurité a indiqué Me Tall. Il a saisi l’occasion pour saluer tous les partenaires du Mali dans sa lutte contre la terreur et l’insécurité. Il s’agit de la CEDAO, l’Union Africaine, la MINUSMA, Barkhane et G5 Sahel et s’est incliné sur la mémoire de tous ceux qui ont consentis le sacrifice ultime et de souhaité prompt rétablissement aux blessés. Sur le plan économique, il dira que nonobstant le taux de croissance annuel de 5%, le FMI, dans un récent rapport (rapport du FMI n° 18/360, décembre2018) estime que la pauvreté et les inégalités sont demeurées élevées. Et, que conditions de sécurité, les fluctuations des prix des produits de base et les conditions climatiques présentent des risques considérables à court et moyen termes. Selon lui, la BAD a indiqué que les perspectives économiques pourraient être compromises par plusieurs facteurs, spécialement les conditions de sécurité. « Nul ne peut aimer son pays et le laisser dans cet état dans lequel se trouve le Mali aujourd’hui », a dit Me Tall. C’est donc une responsabilité partagée de toutes les Maliennes et de tous les Maliens, a-t-il ajouté.
Fakara Faïnké