Depuis trois jours, une délégation de la CEDEAO conduite par l’ancien président ghanéenGoodluck Jonathan dans nos murs pour une mission quasi impossible.
Une première rencontre, puis une deuxième pour finalement mettre sur la table une offre :
-Le maintien d’Ibrahim Boubacar Keïta au pouvoir, la recomposition de la Cour constitutionnelle, et renouvellement de l’Assemblée nationale reconstituée présidée par l’actuel président s’il est confirmé par la Cour constitutionnelle, ou d’un nouveau, le cas échéant. Et pour finir la formation d’un gouvernement d’union nationale ».
En réalité, dès le début des pourparlers, on sentait l’âcre odeur du mets. Ce qui a poussé Issa Kaou Djim, membre fondateur du M5-RFP à quitter la table de négociation plus tôt lors de la troisième rencontre le vendredi 17 dernier. À sa sortie, il déclare : « …je suis déçu de voir que le vrai problème n’a pas été posé ».
À la fin de la rencontre, Choguel Kokala Maïga, l’un des leaders du mouvement, à son tour, s’exprime : « Ces propositions ont réduit tout notre combat à des questions électorales ». Dans la foulée, un communiqué a été rédigé par le M5-RFP dans lequel il informe l’opinion publique sur leur décision de se démarquer des propositions de solutions proposées par la CEDEAO.
En réalité, l’on a vite compris qu’il n’y aura pas un miracle – aucune formule magique qu’elle soit ne pourra faire passer cette offre.
De toute évidence, la CDEAO a une mission bien déterminée, celle de sauver le régime IBK, mais ce dernier est-il encore sauvable après le carnage devant la mosquée de l’imam Mohamoud Dicko qui a fait plus d’une dizaine de morts parmi les manifestants?
Dans la volonté de maintenir IBK au pouvoir, le camp de l’adversaire estime que la CEDEAO n’a pas été capable de comprendre ni humanitairement ni juridiquement les problèmes des Maliens. IBK étant le problème, lui seul pourrait en être la solution pour résolution de la crise en démissionnant.
En fait, aujourd’hui IBK se trouve entre le marteau et l’enclume. La France, et ses proches veulent le maintenir par tous les moyens, mais en restant il sera face à une population déchaînée qui probablement lui fera lécher la carpette et de même, semer le chaos dans le pays. Quant au M5-RFP, leurs leaders se trouvent également entre deux feux, pour ainsi dire. La colère de manifestants qui réclame la tête d’IBK, et leurs adversaires qui eux, veulent leurs peaux. Il suffit d’une seule fausse manœuvre pour anéantir tous leurs efforts déployés depuis.
À l’heure actuelle, nous sommes à plus d’un mois sans gouvernement. Donc, pour une sortie rapide de crise, le compromis mutuel acceptable ne pourrait être que le mémorandum du M-5 RFP que IBK doit accepter, encore qu’il revienne sur cette proposition.
Sans une solution à cette crise, qui s’éternise, on se demande combien de temps encore « les Protecteurs » d’IBK vont continuer à soutenir un régime corrompu, inefficace et de surcroit tyrannique.
Neimatou Naillé Coulibaly
Source: Le Combat