Le procès tant attendu de l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, qui continue de faire couler beaucoup d’encre, a connu un nouveau rebondissement. Ce mercredi, après la reprise des audiences, la Cour des crimes économiques a décidé de renvoyer le dossier devant la Chambre civile d’instruction de la Cour suprême pour complément d’informations et l’audition de nouveaux témoins, conformément à la demande du ministère public.
Une enquête loin d’être bouclée
Bamada.net-Le parquet, dans son argumentation, a soulevé des zones d’ombre dans la procédure actuelle, estimant que des personnalités n’ont pas encore été entendues. Parmi elles, les anciens Premiers ministres Oumar Tatam Ly et Moussa Mara, ainsi que l’ancien ministre délégué au Budget, Madani Touré. Le parquet a également insisté sur la nécessité de produire des pièces supplémentaires, notamment les factures liées au protocole Guo-Star, au cœur du financement de ces achats controversés.
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La décision de renvoyer l’affaire devant la Chambre civile d’instruction a été motivée par la nécessité d’éclairer ces points. « Il est impératif d’auditionner ces personnalités pour la manifestation de la vérité », a souligné le procureur général Kokè Coulibaly, tout en déplorant que l’ancien président de la République, feu Ibrahima Boubacar Keïta (IBK), ne puisse être entendu, du fait de son décès.
Des avocats de la défense en désaccord
Face à cette nouvelle orientation du procès, les avocats des accusés ont exprimé leur mécontentement. Selon eux, la demande de complément d’informations révèle une faiblesse de l’accusation. « C’est un manque de courage de la part du ministère public », a affirmé l’un des avocats, arguant que l’accusation n’a pas réussi à prouver la culpabilité de leurs clients après deux semaines de débats. Ils estiment que le dossier est vide et qu’un acquittement devrait être prononcé.
Me Dianguina Tounkara, avocat de l’ancienne ministre des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, a, quant à lui, rappelé que sa cliente avait déjà demandé l’audition de ces personnalités sans succès. Il s’est étonné que cette requête soit désormais acceptée, mais seulement après l’intervention du parquet.
Une libération provisoire possible
Avant de lever l’audience, le président de la Cour, Bamassa Sissoko, s’est adressé aux quatre accusés présents en leur rappelant qu’ils pouvaient demander leur mise en liberté provisoire en attendant la suite de l’instruction. Parmi eux, seul Mahamadou Camara a été libéré sous caution, tandis que les autres accusés retourneront en détention. Leurs avocats comptent toutefois utiliser toutes les voies de droit pour obtenir leur libération avant la reprise du procès.
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En attendant l’audition des anciens Premiers ministres et du ministre délégué au Budget, cette affaire continue de tenir en haleine l’opinion publique malienne. Le renvoi pour complément d’informations marque une nouvelle étape dans ce dossier complexe, qui soulève de nombreuses interrogations quant à la gestion des deniers publics sous l’ancien régime.
L’issue de ce procès pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir de la lutte contre la corruption au Mali, un enjeu majeur pour la refondation de l’État.
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Ladji Djiga Sidibé
Source: Bamada.net