«Mais, ce sont des gosses ! Comment des enfants peuvent-ils commettre de telles atrocités et s’exposer à une mort certaine de cette manière ?» !
C’est le cri (que je dirai de détresse) de ma benjamine, Inah, en voyant les images des attaques simultanées qui ont visé 7 localités maliennes (Nioro, Molodo, Sandaré, Nioro du Sahel, Diboli, Gogui et Kayes) le mardi 1ᵉʳ juillet 2025.
Hélas, les Groupes armés terroristes (GAT) enrôlent de plus en plus d’adolescents pour accomplir leur sinistre dessein, commettre leurs crimes. Je ne dirais pas «cause», car ce mot dégage généralement un parfum de noblesse. Des enfants et des adolescents enrôlés et endoctrinés de gré ou de force. «Les terroristes ne nous laissent pas le choix. Dans notre zone, on demande à chaque famille de fournir tant de jeunes ou à défaut de payer une forte somme en compensation. Rares sont les familles qui ont les moyens de payer cette somme, surtout qu’elles ne parviennent plus à cultiver comme jadis et qu’on leur a arraché leur cheptel. Elles n’ont donc d’autre choix que de laisser partir les enfants. Il faut aussi reconnaître que cela nous met à l’abri de leurs exactions», nous confiait récemment un leader communautaire du centre du pays.
En dehors de cette exploitation des enfants pour un dessein dont ils ignorent réellement les vraies motivations, nous avons été ébahis devant les équipements récupérés à la suite des attaques du 1ᵉʳ juillet 2025. Du lourd, comme dirait l’autre ! Les GAT utilisent maintenant même des drones kamikazes ! Comment ces illuminés parviennent-ils à s’offrir des armes si modernes et si coûteuses ? Ce n’est pas sans doute avec les revenus tirés du vol de bétail ou de certains trafics. En fait, ces armes sont de nouvelles preuves que le terrorisme est financé et imposé à nos États. Et les bailleurs de fonds sont connus en partie.
L’Ukraine a ainsi officiellement reconnu son soutien à certains groupes en rupture avec le banc de la République et qui écument la zone frontalière avec l’Algérie, l’autre parrain de la rébellion puis du terrorisme dans l’Adrar des Ifoghas. Notre pays avait aussi réussi à réunir des preuves accablantes contre la France. Mais, les Nations unies ne nous ont pas laissé les montrer au monde.
«Après les drones kamikazes, voilà maintenant qu’un terroriste armé d’un fusil de précision Barrett M82 flambant neuf apparaît à la frontière algérienne», rapportait un observateur (Momo Traore) sur «X». Qui leur fournit ces armes ? «Pour dissimuler la complicité de certains pays, les apatrides prétendront que ces armes ont été prises dans nos camps militaires. C’est absolument faux ! Le Barrett M82 n’est pas une arme russe, alors que presque tout l’équipement des FAMA est d’origine russe», répond-t-il. Et de poursuivre «Cette arme n’a jamais fait partie de nos arsenaux. La vérité est évidente : ces armes sont introduites par des canaux extérieurs, via la Mauritanie et l’Algérie».
Pour notre observateur averti, «ce n’est pas une accusation sans fondement ; on ne trouve pas par hasard une arme aussi sophistiquée qu’un Barrett M82 dans le désert. Les traîtres et leurs alliés tenteront de brouiller les pistes, mais les faits sont là. Il y a des commanditaires, des logisticiens et des complices».
Nous devons comprendre que le terrorisme est loin d’être une guerre de religion. C’est un harcèlement néocolonial pour briser notre résistance, nous mettre à genoux afin de mieux profiter de nos ressources. Pour nous avoir à leur merci, ceux dont le rayonnement économique repose sur nos ressources ne font pas dans la dentelle. Le terrorisme leur offre ce double avantage de précipiter l’écroulement du fondement de nos Républiques. Primo, en décimant notre jeunesse partagée entre deux camps opposés. Aussi bien les soldats et que les terroristes tués sont des jeunes Maliens qui auraient été plus utiles à nos pays sur les chantiers du développement. Secundo, cette menace presque permanente contraint nos États à tourner le dos aux projets de développement pour payer des armes et se défendre.
Comme le disait récemment Mme Rokiatou Diakité dans un article publié dans «Le Matin» (LE TERRORISME AU SAHEL : Une stratégie d’extermination silencieuse de la jeunesse africaine/Le Matin N°641 du mercredi 25 juin 2025), les conflits au Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad et aujourd’hui le Bénin et le Togo) ont fait des dizaines de milliers de morts, avec «une immense majorité constituée de jeunes hommes en âge de travailler, de défendre, de construire pour s’épanouir et bâtir leur pays». Que ce soit dans les rangs des Forces armées nationales (FAMa et autres) ou chez les groupes armés, les morts se comptent chaque jour par dizaines, voire par centaines, laissant derrière eux des communautés brisées, des économies rurales asphyxiées et des nations privées de leur avenir.
«Aujourd’hui, le Sahara et la Méditerranée ne sont plus les seuls cimetières de nos bras valides. Le Sahel, ces dernières années, a été transformé en cimetière des jeunes Africains par des obscurantistes, des mercenaires habillés en djihadistes», a-t-elle dénoncé. Mais, nous savons tous que cette guerre n’est pas d’essence religieuse. Mais, qu’il s’agit plutôt d’un conflit «d’expropriation néocolonialiste par élimination». Derrière les apparences religieuses ou tribales, a dénoncé Rokiatou, se cache en réalité une logique impérialiste crue : «Si tu veux hériter de ce qui ne t’appartient pas, il te faut éliminer les héritiers légitimes» !
Cette formule résume l’enjeu du terrorisme au Sahel. Pour les prédateurs économiques et géopolitiques de l’Occident, affaiblir l’Afrique passe par la suppression de ses héritiers naturels : sa jeunesse, sa force, sa relève ! Nous mettre à genoux pour mieux piller nos ressources ! Voilà tout l’enjeu du terrorisme auquel nous faisons face depuis plus d’une décennie !
Moussa Bolly