L’ONUDC, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, a publié ce jeudi 26 juin 2025 son rapport annuel sur le trafic de drogue pour la période 2023. De ce document, il ressort que les saisies mondiales de cocaïne ont atteint un niveau record de 2 275 tonnes, soit une augmentation de 68 % par rapport à la période 2019-2023. La consommation de cocaïne, quant à elle, est passée de 17 millions d’usagers en 2013 à 25 millions en 2023.
Au Mali, la présentation officielle dudit Rapport a eu lieu ce jeudi 26 juin 2025, à l’hôtel Salam de Bamako, au cours d’une cérémonie présidée par le secrétaire général du ministre de la Sécurité et de la protection civile, Oumar SOGOBA ; en présence du directeur du Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Amado Philip De ANDRES ; du Directeur de l’OCS, le Colonel-major Fousseyni KEITA.
En 2023, 316 millions de personnes ont consommé de la drogue (à l’exclusion de l’alcool et du tabac), soit 6 % de la population âgée de 15 à 64 ans, contre 5,2 % de la population en 2013.
Avec 244 millions d’utilisateurs, le cannabis reste la drogue la plus consommée, suivi des opiacés (61 millions), des amphétamines (30,7 millions), de la cocaïne (25 millions) et de l’ecstasy (21 millions).
Le rapport met en garde contre une nouvelle augmentation de ces chiffres due à l’arrivée de nouveaux groupes de personnes vulnérables fuyant la misère, l’instabilité et les conflits.
La production, les saisies et la consommation de cocaïne ont toutes atteint de nouveaux sommets en 2023, faisant de la cocaïne le marché des drogues illicites qui connaît la plus forte croissance au monde. La production illégale a grimpé en flèche pour atteindre 3 708 tonnes, soit près de 34 % de plus qu’en 2022. Les saisies mondiales de cocaïne ont atteint un niveau record de 2 275 tonnes, soit une augmentation de 68 % par rapport à la période 2019-2023. La consommation de cocaïne, quant à elle, est passée de 17 millions d’usagers en 2013 à 25 millions en 2023.
Les trafiquants de cocaïne pénètrent de nouveaux marchés en Asie et en Afrique, note le rapport. La violence et la concurrence féroces qui caractérisent le marché illicite de la cocaïne, autrefois confiné à l’Amérique latine, s’étendent désormais à l’Europe occidentale.
Le coût de l’inaction face aux troubles liés à l’usage de drogues est élevé : plus d’un demi-million de décès et 28 millions d’années de vie en bonne santé perdues en raison d’invalidités et de décès prématurés (AVCI) en 2021.
On estime que seule une personne sur douze souffrant de troubles liés à l’usage de drogues aura bénéficié d’une forme quelconque de traitement en 2023.
Des facteurs tels que les politiques et la disponibilité de services sociaux et de santé fondés sur des données probantes peuvent contribuer à atténuer l’impact de la consommation de drogues sur la santé des personnes et des communautés.
L’Afrique a représenté 44 % des saisies mondiales d’herbe et de résine, devant les Amériques, l’Asie et l’Europe. L’Afrique du Nord demeure une plaque tournante du trafic de résine vers l’Europe occidentale.
En Afrique, la prévalence a atteint environ 10 % en Afrique australe et en Afrique de l’Ouest et du Centre, soit plus du double de la moyenne mondiale. Le cannabis est aussi la principale substance problématique pour 32 % des personnes traitées pour troubles liés à la drogue sur le continent.
Sur le plan sanitaire, 1,33 million de personnes s’injectent des drogues en Afrique, dont 204 000 vivent avec le VIH (15,4 %). L’Afrique de l’Ouest et du Centre présente la prévalence d’injection la plus élevée du continent (0,21 %), tandis que l’Afrique australe enregistre la plus forte prévalence de VIH parmi les injecteurs (43,2 %).
L’ONUDC souligne aussi une forte disparité entre hommes et femmes : dans l’usage de cannabis en Afrique, on compte une femme pour neuf hommes. La majorité des personnes traitées ont moins de 35 ans, et les traitements concernent principalement le cannabis et les opioïdes.
Enfin, l’accès aux médicaments antidouleur et de soins palliatifs reste critique : en 2023, l’Afrique de l’Ouest et du Centre n’a enregistré que sept doses standard par million d’habitants par jour, le niveau le plus bas au monde.
Dans un contexte où le marché mondial des drogues se complexifie, l’Afrique apparaît de plus en plus comme un maillon central et vulnérable du système global de production, de transit et de consommation.
Dans son intervention, Oumar SOGOBA a reconnu que la consommation de drogues représente un problème de santé publique au Mali.
Pour étayer ses propos, M, SOGOBA a rappelé qu’en 2023 plus 46 tonnes de produits stupéfiants ont été saisies et 965 personnes interpellées et mises à la disposition de la justice.
En 2024, ces chiffres ont progressé à 63 tonnes saisies et 586 interpellations. Et rien que pour le premier semestre de 2025, nous avons déjà intercepté 76 tonnes 605 kg de drogues et procédé à 262 interpellations.
Pour lui, ces résultats témoignent d’une vigilance accrue de nos forces de sécurité, en particulier de l’Office Central des Stupéfiants.
« La lutte contre les drogues est une responsabilité partagée. Elle exige une mobilisation continue de tous État, familles, jeunes, collectivités, partenaires », a déclaré de son côté, le Colonel-major, Fousseyni KEITA, directeur général de l’Office Central des Stupéfiants (OCS) ajoutant que sa structure reste déterminée à jouer pleinement sa partition, avec professionnalisme, engagement et rigueur.
« Ensemble, redonnons à notre jeunesse l’espoir et à notre nation, la paix et la sécurité », a-t-il conclu.
Par Abdoulaye OUATTARA
