La Cour d’Assises spéciale de Bamako sur les crimes économiques a rendu, ce mardi 8 juillet 2025, son verdict dans le très médiatisé procès dit de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, marquant ainsi la fin d’un chapitre judiciaire majeur, mais aussi la dernière audience des Cours d’Assises dans l’histoire judiciaire du Mali.
Bamada.net-Ce procès historique, qui a captivé l’attention de l’opinion publique durant plus d’un mois d’audiences intenses, s’est soldé par une série de verdicts sévères prononcés à l’encontre de plusieurs anciens hauts responsables civils et militaires impliqués dans l’affaire. Les condamnations vont de l’acquittement pur et simple à la prison à perpétuité, confirmant la volonté des autorités judiciaires de lutter fermement contre l’impunité et la corruption endémique.
Des peines lourdes contre les principaux accusés
Au terme de ce procès hors norme, la Cour a condamné à la prison à perpétuité les personnalités suivantes :
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Moustapha Ben Barka, ancien ministre et ex-secrétaire général de la présidence sous IBK ;
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Sidi Mohamed Kagnassy, conseiller spécial de l’ancien président ;
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Amadou Kouma, homme d’affaires ;
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Nouhoum Kouma ;
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Soumaila Diaby, opérateur économique.
Ces condamnations, qualifiées par certains de « symboliques » et « exemplaires », témoignent de la gravité des faits reprochés, notamment des délits de détournement de deniers publics, faux et usage de faux, favoritisme dans les marchés publics, et atteinte aux intérêts financiers de l’État malien.
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Les condamnés disposent désormais de trois jours pour se pourvoir en cassation, conformément aux dispositions légales en vigueur.
D’autres verdicts importants
La Cour a également prononcé d’autres peines significatives :
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Mme Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Économie et des Finances, est condamnée à dix (10) ans de prison ferme.
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Le Commissaire Colonel-Major Nouhoum Dabitaho, figure militaire de l’époque, écope de sept (7) ans de prison ferme.
En revanche, deux personnalités bien connues dans la sphère politico-administrative malienne ont été acquittées :
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Le Général de brigade Moustapha Drabo, ancien chef d’état-major général adjoint des Armées ;
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Mahamadou Camara, ex-ministre et ancien directeur de la cellule de communication de la présidence.
L’acquittement de ces derniers a été accueilli avec surprise par certains observateurs, mais jugé « conforme à la loi » selon les avocats de la défense.
Le cas Soumeylou Boubèye Maïga : les juges refusent la saisie post-mortem
Un point particulièrement attendu concernait la demande du Procureur général de saisir les biens de feu Soumeylou Boubèye Maïga, ancien Premier ministre sous Ibrahim Boubacar Keïta, dont le nom avait été longuement cité dans cette affaire.
Le représentant du parquet avait demandé que les héritiers de l’ancien chef du gouvernement soient condamnés à restituer les fonds présumés détournés, au motif que « la famille de Boubèye jouit des biens volés à l’État ».
Cependant, la Cour a rejeté cette demande, rappelant que l’action publique s’éteint au décès de l’accusé, et que l’action civile, étant liée à celle-ci, s’éteint également. Une décision conforme au droit, mais qui a suscité des débats sur la question de la responsabilité successorale dans les cas de détournement d’argent public.
Une audience historique pour le système judiciaire malien
Ce mardi 8 juillet 2025, désormais qualifié de « Tarata Woulen » ou « Mardi rouge », entre dans l’histoire non seulement par la lourdeur des peines infligées, mais aussi parce qu’il scelle la fin définitive des Cours d’Assises au Mali, remplacées par d’autres juridictions spéciales prévues par la nouvelle législation.
Ce procès a surtout été vu comme un tournant dans la lutte contre la corruption, une ligne rouge franchie à l’époque du régime IBK, et pour laquelle l’État malien semble aujourd’hui vouloir rendre des comptes.
Un signal fort de la transition
Pour les autorités de la Transition, ce procès constitue un message clair envoyé aux gestionnaires des deniers publics : le Mali nouveau ne tolérera plus les dérives du passé. Sous la présidence du Général de brigade Assimi Goïta, Chef de l’État, et la conduite du Premier ministre Dr. Abdoulaye Maïga, ce dossier emblématique a montré la volonté du pays de restaurer la probité et l’intégrité dans la gouvernance publique.
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La rédaction de Bamada.net, fidèle à son engagement d’informer avec rigueur, suivra de près les suites judiciaires éventuelles, notamment les pourvois en cassation attendus dans les prochains jours. Ce procès n’a pas seulement révélé l’étendue des détournements, mais aussi l’importance capitale d’un système judiciaire indépendant, réformé et renforcé pour faire face aux défis de notre époque.
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MLS
Source: Bamada.net